"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

18/03/2011

Des droits pour toutes et tous... et du tabac pour Marcos

La rencontre de militants et défenseurs des droits de tout le pays a commencé au Chiapas

Marcos dément les affirmations selon lesquelles il souffrirait d'une grave maladie; "envoyez du tabac"

Hermann Bellinghausen
Traduction: SR
San Cristóbal de las Casas, Chis., 16 de marzo.



Dans un message lu lors de l'inauguration de la rencontre "Avec la mémoire, nous, les peuples, bâtissons la justice et la vérité", organisée par le Centre des Droits de l'Homme Fray Bartolomé de las Casas (Frayba) dans cette ville, le sous-commandant Marcos a exprimé l'admiration et la reconnaissance des peuples zapatistes pour celles et ceux qui ont choisi "le chemin le plus difficile, le plus malaisé, le plus ingrat" en défendant et promouvant "les droits fondamentaux de l'être humain".

Participent à cette rencontre des défenseurs et militants des garanties individuelles qui ces dernières années et ces derniers mois ont eu à faire face à de graves atteintes à leurs droits, aussi bien dans les communautés indigènes du Chiapas que dans les villes du Chihuahua, la montagne du Guerrero, San Salvador Atenco et dans d'autres lieux où la défenses de ces droits est aujourd'hui particulièrement risqué.
L'un des avocats du Frayba dira un peu plus tard que "l'une des professions les plus dangereuses est la défense des Droits de l'Homme", ce à quoi peuvent souscrire également le Centre des Droits de la Femme de Chihuahua, ou Ignacio del Valle et les membres du Front des peuples en défense de la Terre, ou n'importe quel autre participant, qui dans l'après-midi continuaient d'arriver de différentes parties du pays à San Cristobal de las Casas.

Nataniel Hernandez Núñez, directeur du Centre des Droits de l'Homme Digna Ochoa sur la côte du Chiapas, lui, n'a pas pu arriver. Mardi dernier il a une nouvelle fois été emprisonné, cette fois-ci par les autorités fédérales, dans la ville de Tapachula. Il avait déjà été arrêté le 22 février dernier par la police de l'Etat et incarcéré plusieurs jours à la prison de L'Amate. Cette nuit, nous avons été informé qu'il avait été libéré sous caution.

Par contre ont pu arriver des représentants de Las Abejas de Acteal, Xi’Nich, San Sebastián Bachajón, Jotolá, Masojá Schucjá et d'autres expériences de répressions vécues, d'abus et leur contre-partie de résistance et défense des droits individuelles et communautaires au Chiapas, où vivent la lutte et la mémoire; où, à l'image des zapatistes, les peuples ont décidé de devenir maîtres de leur histoire.

Le sous-commandant Marcos, dans son salut à la 41e assemblée nationale du réseau Todos los derechos para todos (tous les droits pour tous), qui se tiendra ce vendredi, mais qui fut lu dès hier lors de cette rencontre qui la précède, en a profité pour démentir les "rumeurs" qui le disent souffrant d'une grave maladie. Le Postcriptum du message dit: "Je regrette, vraiment, de devoir, avec ma signature et la date sur laquelle elle est apposée, contredire les rumeurs, les faits, les tweets, les journalistes, les communiqués gouvernementaux sur mon état de santé.
Mais il faut bien le dire, tout ça "l'emphysème" et le "cancer du poumon" a eu comme conséquences qu'on ne m'envoie plus de tabac en ce moment, ce qui est clairement une manœuvre de contre-insurrection. Mais donc, et c'est officiel, je n'ai pas ce qu'il disent que j'ai, ou pas encore, n'ayez donc aucune peine et envoyez du tabac".

La partie centrale de la lettre concerne la reconnaissance de celles et ceux qui "auraient pu être en-haut et ont choisi d'être en-bas avec ceux d'en-bas". Il a cité l'évêque Samuel Ruiz García, décédé récemment, qui "aurait pu choisir d'être Onésimo Cepeda, et choisit d'être don Samuel". De même, a-t-il expliqué, les défenseurs réunis "pouvaient être autre chose" et, pourtant, ils dédient leur vie à la défense et la promotion des garanties individuelles. "Avec beaucoup de difficultés nous aurions pu trouver un autre calendrier où la négation et la violation de tous les droits de l'Homme comprendrait toute la géographie nationale", comme c'est le cas actuellement.

Il a remercié "ceux qui auraient pu être Diego Fernández de Cevallos (je vous demande d'excuser mon langage) et faire d'une utilisation perverse des lois une source de richesse et de pouvoir; ou qui auraient pu choisir de travailler aux ordres de ceux qui violent les Droits de l'Homme, c'est à dire, les gouvernements fédéraux et des états", d'atténuer l'arbitraire.

La rencontre qui propose "d'échanger des expériences, des stratégies et des défis communs quant à la défense et l'exercice des droits, pour la justice, la vérité et la mémoire", continuera ce jeudi dans les locaux de Cideci-Unitierra.


Vous pouvez lire ici la version originale de cet article dans l'édition de La Jornada datée du jeudi 17 mars. Vous pouvez également lire la brève que Proceso consacre aux démentis de Marcos concernant son état de santé.

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