"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

29/04/2010

Mexique: le meilleur des mondes?




"Les grands groupes mexicains se lancent dans la "responsabilité sociale", par Joël Ruet...


Sous ce titre et se prévalant de ceux de chercheur CNRS au Centre d'études français sur la Chine contemporaine (?) et de président de l'observatoire des émergents, Mr Ruet, dans lemonde.fr daté du 27 avril, nous offre un article qui prêterait à sourire si la situation qui vivent les Mexicains n’était pas si grave.

Pourtant c’est vrai, comme l’affirme les enquêtes citées par Monsieur Ruet, l’une de la Banque Mondiale (spécialiste s’il en est du bonheur) et l’autre d’un chercheur de l’Université du Michigan (Ronald Inglehart et son indice du bien-être), qui classe respectivement le Mexique au 10e et 2e rang des pays les plus heureux, les Mexicains sont des gens heureux... Ou plus exactement, je dirais qu’ils ont la joie de vivre... et peut-être d’autant plus que le pays où ils vivent continuent d’être comme le disait Breton, bien que d’une facon différente, « le pays le plus surréaliste du monde ». Vivant depuis quatre ans au Mexique, je le constate au quotidien, les Mexicains perdent rarement le sourire...

Revenons alors à l’article de Mr Ruet. Celui-ci renvoie, pour expliquer ces résultats qu’il qualifie d’étonnant « d'abord à la culture, à la limitation (relative) des inégalités, et un peu au fonctionnement démocratique d'un pays dont on parle surtout au sujet de la violence des cartels de la drogue et de l'immigration des plus pauvres vers le grand voisin nord-américain. »

Concernant donc la « culture du bonheur » dont fait état ici le chercheur du CNRS, rappelons tout de même que le Mexique a connu son lot de révoltes, révolutions, soulèvements populaires à travers l’histoire et que le dernier en date et peut-être le plus médiatique, le soulèvement zapatiste au Chiapas dure maintenant depuis 1994 ! Évoquons aussi l’état voisin du Guerrero, qui connait aussi un soulèvement armé, celui de l’EPR, l’Armée Populaire Révolutionnaire... Comme quoi le bonheur affiché par la Banque Mondiale ne semble pas forcément partagé par tous les Mexicains, loin de là.

Passons à "la limitation (relative) des inégalités », qui expliquerait donc le bonheur dans lequel vivent les Mexicains. Notons au passage, ce « relative » mis entre parenthèse et qui me semble toute fois un doux euphémisme qui a fait rire (jaune) les amis avec qui nous commentions cet article. Est-il besoin de rappeler que l’homme le plus riche du Monde, Mr Carlos Slim, est Mexicain... et que loin d’être la norme il serait plutôt l’exception, tant la pauvreté, pour ne pas dire la misère, saute aux yeux de tout à chacun, pour peu qu’on sorte un peu des circuits touristiques balisés. Il serait fastidueux ici de vouloir donner les milles images de ces hommes et femmes en haillons qui mendient de quoi survivre, de ces indigènes privés de soins, d’écoles... Alors, peut-être suffira-t-il de penser à tous ceux et toutes celles qui tentent de passer « del otro lado », de l’autre côté du mur pour gagner leur vie en dollards et faire vivre des villages entiers... Il suffirait de s’imaginer ces hameaux de tout le pays, déserté par les jeunes partis chercher une vie meilleure chez l’Oncle Sam. Ou de penser à la famille qui tenait le magasin de fruits et légumes en-bas de chez moi, qui a "disparu" du jour au lendemain... allant grossir les rangs des latinos aux USA! Pourtant, ceux qui ont connu la vie aux USA le reconnaissent... c’est pour le pognon parce que la vie est plus agréable de ce côté-ci du mur : moins de stress, plus de relations sociales.

Plus en avant, essayant de comprendre ce bonheur mexicain, le chercheur fait le parallèle avec une autre étude (du cabinet International Survey Research) qui décrit les salariés mexicains de l’économie formelle (60% des salariés) comme étant les plus satisfaits de monde. Et il pose la question, ces travailleurs heureux font-ils des citoyens heureux ? Il explique alors qu’à la base de ce bonheur salarié et de « l'économie mexicaine, la petite entreprise familiale a une tradition de philanthropie envers les communautés d'appartenance de leurs employés - c'est aussi le cas en Inde, mais seulement dans les grands groupes. » Il explique alors que ces entreprises doivent, de par la constitution fournir « santé, clinique et logement à leurs employés ». Concernant la couverture sociale, je peux dire d’expérience qu’elle est loin d’être automatique et que, de plus, elle se divise en plusieurs niveaux selon le barreau de l’échelle sociale auquel vous êtes accrochés. Et, malgré le temps clément du pays, la finesse de la couverture en question laisse mourir bien des hommes et des femmes de ce pays. Il faut aussi prendre en compte que lorsqu’on a le « seguro popular », la sécurité populaire, le premier barreau de l’échelle de la santé, on s’entasse souvent dans les « centros de salud », les centres de soins où il ne vaut mieux pas avoir quelque chose de sérieux. Les femmes par exemple, ne sont pas à l’abris d’une pause « surréaliste » du sterilet ! Les médecins qui suivent les nouveaux nés passent souvent plus de temps à parler de la pluie et du beau temps (ou de la Feria) qu’à examiner les enfants... mais toujours avec ce sourire sympathique.

Quant au logement, il est certainement fait ici référence aux cubes préfabriqués tels que ceux qui moins d'un an après leur inauguration à Aguascalientes étaient inondés. La périphérie de la ville a ainsi vu fleurir des quartiers résidentiels tracés au cordeau qui ressemblent plus à des casernes qu’au paradis du travailleur. J’ai eu l’occasion d’interviewer des habitants de ces préfabriqués, qui même avec le sourire reconnaissent que c'est loin d'être la panacée... surtout quand on n'a pas la nostalgie du capitalisme paternaliste qui semble faire rêver notre chercheur de bonheur. Des maison, dont on dit que lorsqu’un ami passe vous voir, un membre de la famille doit sortir. Dans un pays où les familles sont encore nombreuses, ces habitations se transforment rapidement en boîtes de sardines.

Quant aux conditions de travail des Mexicains, je me contenterais de dire que beaucoup de ceux que je côtoie sont obligés de cumuler les emplois pour finir les fins de mois... qu’avec la crise le chômage a empiré et que l’économie informelle fait ici vivre beaucoup de monde...

La suite de l’article de Mr Ruet donne ensuite une vision idyllique des entreprises mexicaines, qui non contentes d’être des pères pour leurs employés, serait aussi une bonne mère-nature puisqu’elles seraient en pointe sur les questions de protection de l’environnement. Hormi que ce long passage de l’article ne donne la parole qu’aux statistiques et enquêtes patronales, l’auteur de l’article ne fait aucune références aux luttes de nombreuses associations environnementales contre ces « entreprises responsables ».

Mais revenons sur l’idée d’un pays "démocratique" pour expliquer « un peu » le bonheur des Mexicains... Un pays qui ne ferait parler de lui que par ses migrants et la violence des cartels de la drogue. Je dois dire que c’est certainement l’argument le plus choquant dans un pays où les droits fondemmentaux sont baffoués quotidiennement... et pas uniquement par les cartels de la drogue mais aussi par les forces de police et l'armée qui patrouille dans les rues, comme dans ces reportages des années 70' et 80' sur l'Amérique Latine des dictatures. Demandez à Florence Cassez ce qu’elle pense du fonctionnement démocratique de la justice mexicaine... pour prendre un exemple connu des francais. Demandez aux mortes de Ciudad Juarez et à leurs familles ce qu’elles pensent de la démocratie mexicaine... Je laisse le lecteur seul juge en donnant ici quelques exemples récents du fonctionnement démocratique du Mexique :

- Mardi, à Ciudad Juarez, un commando armé a tué un groupe de 8 adolescents qui avait eu l’imprudence (impudence?), de sortir dans un bar, la nuit. C’est vrai qu’en démocratie, il faut savoir se coucher tôt pour aller le sourire aux lèvres travailler dans la joie et la bonne humeur et que ces gredins n’avaient certainement rien à faire dans un bar aussi tard !.. Certainement que les habitants de la malheureuse France, découvriront la joie et le bonheur eux aussi grâce au "travailler plus pour gagner plus" de leur bien-heureux président.

Mais peut-être, me rétorquerez-vous que Ciudad Juarez est une enclave narco dans un pays où règne la paix et l’harmonie... Alors rendons-nous à Oaxaca, cet état indigène du sud du pays au charme reconnu par les touristes du monde entier...

- Prenez note... certainement que ces deux personnes sont mortes de rire, tant le bonheur prend ici aux tripes... Les deux victimes, Alberta Carino, 35 ans, de l'association de développement local Cactus, et Tyri Antero Jaakkola, 25 ans, de l'ONG finlandaise Uusi Tuuli Ry ("Vent nouveau"), sont tombés sous les balles de paramilitaires qui contrôlent une zone de l’état de Oaxaca. Ces deux personnes faisaient partie d’une caravane humanitaire qui devait apporter vivres et médicaments à San Juan de Copala. Ce village indien s’est proclamé autonome il y a peu et a vu, en représailles, son accès (ainsi que l'eau et l'électricité) coupé par des militants de l’Ubisort (Union du bien-être social de la région de Triqui), proche du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) au pouvoir dans l’Oaxaca. D’autres militants et journalistes qui faisaient partie de la caravane ont également disparu, dont au moins un Allemand. Plusieurs rescapés parlent d’autres morts, dont les corps auraient été cachés par les paramilitaires. Précisons aussi que la police elle-même a les pires difficultés à enquêter puisque les paramilitaires leur refusent l’accès à la zone qu’ils contrôlent... Peut-être que je cherche la petite bête, puisqu’on peut noter que les paramilitaires, responsables de ces assassinats ne font que se battre pour le "bien-être social"... une cause qui ne laissera certainement pas indifférents les auteurs des rapports sur le bonheur des Mexicains !

- Parlons alors d’un évènement, plus proche de moi... J’avais ici-même relayé l’info... le cirque Alegria organisait dimanche dernier une parade anti-corrida en plein cœur de la Feria San Marcos d’Aguascalientes... Tout avait bien commencé, puisqu’un taureau avait décidé d'apporter son soutien aux manifestants en encornant le "plus grand torero" du monde, l’Espagnol José Tomas, la veille au soir. La manifestation a été des plus festives. Près de deux cents personnes ont participé au défilé, déguisés, avec sifflets, pancartes et slogans. Traversant le centre ville, les marcheurs ont pris le chemin de la zone de la Feria. Ils y ont alors présenté un petit spectacle anti-corrida avant d’essayer de se rendre au pied de la grande arène. La police de l'état les en a démocratiquement empêché et a même arrêté et détenu l’un d’eux pendant plusieurs heures pour avoir haussé le ton et demandé que soit respecté leur droit à manifester dans un lieu public.. alors qu’aucune provocation ni dégradation n’avaient été commises... Ou peut-être faudrait-il demander aux militants communistes tabassés le lendemain alors qu'ils diffaient des tracts dans la zone de la Feria? Ou encore à un ami, lui aussi passé à tabac pour avoir demandé aux policiers pourquoi certaines rues de la Feria étaient bloquées alors qu'il s'agit d'un epace public?

Il me semble qu'avant d'annoncer haut et fort que les Mexcains sont parmi les plus heureux du monde, en suivant en cela trois études réalisés par des institutions plus liées à l'économie qu'à la vie des gens, il serait bon de connaître un minimum la vie du pays en question, pour ne pas dire comprendre car on ne comprend jamais vraiment un pays ni ses habitants... Une vie certe éloignée des hautes sphères d'un Mr Slim mais qui est un quotidien certainement plus partagé par les compatriotes souriants de l'homme le plus riche de la planète!

Photos: Défilé anit-corrida dans les rues d'Aguascalientes et le dispositif policier qui l'entourait... par Hélène Michoux.

27/04/2010

Frankenstein...

... ou le Prométhée moderne, ce roman gothique de la jeune Mary Shelley est souvent présenté comme le précurseur de la science-fiction. Publié en 1818, l'histoire est celle d'un monstre et de son créateur, le docteur Victor Frankenstein... Mary Shelley y aborde différents thèmes comme la solitude, l'amour et l'amitié, l'éducation, l'injustice, l'innocence, la monstruosité, la science et la conscience, l'apparence et les préjugés, la condition de la femme, les progrès et la nature.
Il est disponible en PDF sur le site des Éditions suisse Diogène... alors ne boudez pas votre plaisir et lisez, relisez ce chef-d'oeuvre!

Photo: l'inoubliable Boris Karloff dans le rôle du monstre, dans l'adapatation cinématographique de James Whale (1931)

20/04/2010

No pasaran!

Comme chaque année depuis que Sébastien Deyzieu est tombé d'un toit lors d'une manifestation contre l'impérialisme américain organisé par le GUD et les JNR en 1994, l'extrême-droite radicale tentera de se rassembler pour honorer la mémoire de leur "camarade". Et comme chaque année les antifascistes seront présents pour gueuler une fois de plus que la rue n'appartiendra jamais aux fachos.
Cette année pourtant il y a du changement dans l'air. Les crânes rasés et autres nostalgiques de Vichy se rassembleront en matinée... avec un discours qu'ils voudraient "social"! Dans une vidéo appelant à la manifestation, les fachos ont utilisé des images de luttes sociales... Sud-Rail et la CGT Continental Clairoix, dont les luttes figurent sur la vidéo, ont écrit un communiqué commun pour balayer cette tentative de récupération. Les syndicats appellent donc à la manifestation antifasciste afin de rappeler aux fachos que nos luttes et leurs obsessions sont définitivement antagonistes !


Fédération des syndicats SUD-Rail
Sy
ndicat CGT Continental Clairoix


Nos grèves et manifestations ne sont pas récupérables par les fascistes !


Des groupes d’extrême-droite diffusent sur Internet une vidéo d’appel à une de leur initiative raciste et fasciste, utilisant de nombreuses images de manifestations sociales, notamment de cheminots et des Continental.

Cette manipulation montre que l’extrême-droite recherche un alibi « social » à ses manoeuvres démagogiques et dangereuses.

Dans le même temps, ces groupes multiplient les agressions racistes, les attaques envers des militants du mouvement social. La banalisation du racisme dans le discours d’une droite décomplexée, les dérapages verbaux d’élus ou de leaders politiques ont remis en selle et légitimé une mouvance politique que certains croyaient au bord du gouffre mais qui aujourd’hui s’exprime avec plus de virulence encore dans le discours comme dans les actes. Les dérapages racistes se succèdent, la traque des sans papiers s’intensifie et les pressions s’accentuent afin de criminaliser la solidarité. Il faut dénoncer la lepénisation des esprits et l’offensive patronale contre le mouvement social, qui font toutes deux le lit du fascisme.

La crise sociale offre un terreau propice aux tenants du « chacun pour soi », aux replis communautaires et identitaires. L’extrême droite a toujours prospéré sur la misère et le chômage de masse. Les plans de licenciements qui se succèdent, les délocalisations lui offrent un contexte fertile. Les classes populaires payent encore et toujours l’addition des crises financières et capitalistes.

Lutter contre les offensives patronales, contre la casse des acquis sociaux (retraites, sécurité sociale), c’est aussi lutter contre l’extrême droite. Tout comme lutter aux côtés des franges les plus précaires du prolétariat : les travailleur/ses sans papiers, les chômeurs/ses, les salarié-e-s menacé-e-s de licenciement…

Luttons tous ensemble pour que demain ne soit pas pire quaujourd’hui !

Nos grèves et manifestations n’ont rien de commun avec ceux qui distillent la haine, la division, le culte du chef, le rejet des droits de l’Homme, …

Ensemble, et avec d’autres forces syndicales, associatives, politiques, nous participerons à la manifestation antifasciste, le 9 mai à Paris.

13 avril 2010


En prime, deux vidéos du sclap:

la manif du 9 mai 2009 en hommage à la résistance:


et celle de 2006: enterrons le fascisme!

16/04/2010

Sous la cagoule de Marcos... Rimbaud?

Il y a des coïncidences troublantes et même amusantes.
Il y a quelques jours la presse se faisait l'écho d'une nouvelle d'une importance toute relative: une photo inédite du sous-commandant Marcos... sans sa fameuse cagoule, ni d'ailleurs sans sa fumeuse pipe.
Hier, je tombe sur l'article de Libé annonçant qu'une photo montrait pour la première fois le visage de Rimbaud adulte, alors qu'il séjournait à Aden. Aujourd'hui Le Monde, Le Figaro s'en font également l'écho.

Or, après avoir relayer l'info ici-même, sont apparus deux commentaires signés Raphaël Zacharie de IZARRA, prétendant être l'auteur de cette supercherie rimbaldienne, comme il l'avait déjà fait fin 2008 avec le texte "Rêve de Bismarck". Quelques recherches sur internet nous renvoie vers de nombreux blogs du sus-nommé RZI, qui semble jouer avec facétie de ses multiples facettes de faussaires. Par contre, en cherchant à identifier le journaliste "Jacques Quentin" qui semble trouver un plaisir certain à confirmer les dires du faussaires aux faux airs de Rimbaud dans le cas qui nous occupe, on ne trouve sur le net que les rares traces ayant traits aux frasques d'Izarra... Le journaliste n'apparaît nul part ailleurs! Serait-il lui aussi bidon? Né de la plume maniée par l'égo démesuré qui semble animer cet Izarra? Certainement.

Mais qu'importe finalement que la photo soit vraie ou fausse car elle a surtout démontré l'engouement que l'auteur maudit des Illuminations suscite encore de nos jours, validant la puissance littéraire qui s'écoulait à flots rouges de ses veines ouvertes d'adolescent révolté...
Le sous-commandant Marcos, lui aussi joue avec la révolte qui secoue sa plume, bien que ses mots puisent plus certainement leur force dans les veines ouvertes de l'Amérique Latine que dans celle d'une France saignée par les vainqueurs de la Commune de Paris. Tout comme le seul véritable visage de Marcos est celui de la révolte des indigènes du Chiapas ou des révoltés du monde entier, le visage de Rimbaud s'efface derrière ses mots. Son visage adulte ne revêt de l'importance que pour les adorateurs d'icônes... littéraires ou non, les crédules de toute mystification.
J'attends avec impatience une photo de Rimbaud affublé de la cagoule et de la pipe du révolutionnaire maudit du Chiapas...





Photo de Marcos prise par mes soins en janvier 2006 à San Cristobal de las Casas, lors du lancement de la Otra campaña.

Rimbaud en vers... et en photos

LES PAUVRES À L’ÉGLISE

Parqués entre des bancs de chêne, aux coins d’église
Qu’attiédit puamment leur souffle, tous leurs yeux
Vers le chœur ruisselant d’orrie et la maîtrise
Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux ;
Comme un parfum de pain humant l’odeur de cire,
Heureux, humiliés comme des chiens battus,
Les Pauvres au bon Dieu, le patron et le sire,
Tendent leurs oremus risibles et têtus.

Aux femmes, c’est bien bon de faire des bancs lisses,
Après les six jours noirs où Dieu les fait souffrir !
Elles bercent, tordus dans d’étranges pelisses,
Des espèces d’enfants qui pleurent à mourir :

Leurs seins crasseux dehors, ces mangeuses de soupe,
Une prière aux yeux et ne priant jamais,
Regardent parader mauvaisement un groupe
De gamines avec leurs chapeaux déformés.

Dehors, le froid, la faim, l’homme en ribote :
C’est bon. Encore une heure ; après, les maux sans noms !
− Cependant, alentour, geint, nasille, chuchote
Une collection de vieilles à fanons ;

Ces effarés y sont et ces épileptiques
Dont on se détournait hier aux carrefours ;
Et, fringalant du nez dans des missels antiques
Ces aveugles qu’un chien introduit dans les cours.
Et tous, bavant la foi mendiante et stupide,
Récitent la complainte infinie à Jésus
Qui rêve en haut, jauni par le vitrail livide,
Loin des maigres mauvais et des méchants pansus,
Loin des senteurs de viande et d’étoffes moisies,
Farce prostrée et sombre aux gestes repoussants ;
Et l’oraison fleurit d’expressions choisies,
Et les mysticités prennent des tons pressants,
Quand, des nefs où périt le soleil, plis de soie
Banals, sourires verts, les Dames des quartiers
Distingués, − ô Jésus ! − les malades du foie
Font baiser leurs longs doigts jaunes aux bénitiers.
Arthur Rimbaud, 1871





Photo de Rimbaud prise à Aden vers 1880 et récemment dénichée par des libraires dans le XVIIIe arrondissement à Paris.
Le poète maudit est à droite, à côté de la femme.

14/04/2010

Le cirque de la Feria

Comme chaque année en ce mois d'avril, les hydrocalides s'apprêtent à déserter leur ville, la laissant aux touristes et autres buveurs invertébrés. En effet, pendant trois semaines, dans la zone dédiée à la Feria San Marcos, l'une des plus importante du Mexique, la consommation d'alcool est autorisée dans les rues!!! Beaucoup de (riches) habitants de la ville préfèrent profiter des vacances pour aller se faire bronzer au soleil ou visiter d'autres latitudes, laissant toute latitude aux (pauvres) bougres qui eux doivent rester (ben oui, les 5 semaines de vacances à la française ici on connaît pas vraiment) et qui du coup boivent pour oublier... pendant trois semaines! C'est long.
Cette fin avril - début mai est donc la période idéale pour observer le mexicain bourré, espèce loin d'être en voie de disparition, bien qu'elle ait tendance, le reste de l'année, à vivre cachée pour vivre heureuse... comme le dit l'adage.
Enfin, la Feria c'est aussi du divertissement (de masse trop souvent) et de la culture (trop rarement)... Au programme donc, tout ce que compte le pays de stars de la fameuse cumbia, de musique de bandas ou ranchera (avec parfois des perles, on a ainsi pu apprécier l'an passé la voix sans pareil de Lila Down), du théâtre, une foire monstre (attention pas une foire aux monstres, quoi que?)... et de la tauromachie. Le tout étant l'occasion de rencontrer l'homme ou la femme idéale... pour la soirée au moins! Soit du sang, du sexe et du son... le tout bien arrosé!
Ah, j'allais oublier les combats de coqs (je ne parles pas des bagarres autour des poules du quartiers des putes), les casinos (loin d'être en ligne ici), les bars et discothèques (remises à neuf chaque année) et la corrida... ah oups je l'ai déjà dit?! Ben oui c'est juste pour dire que des fois on peut quand même voir des trucs chouettes pendant la Feria, par exemple le 25 avril à 17h à la Casa de la Cultura. Profitant de la la grande foire médiatique le cirque Alegria nous propose une soirée antitaurine alors que le sang des bêtes à cornes coulera à flots et que la Feria battra son plein... Un évènement qui nous mettra un peu de baume au cœur.

13/04/2010

Un commandant de police criblé de balles à Aguascalientes

Hier, lundi 12 avril vers 6h45 du matin, le commandant Antonio Flores Salas, chargé du groupe tactique y leader de la section canine de la police municipale a été victime d'une attaque extrêmement violente, le laissant gravement blessé. Il est toujours entre la vie et la mort.
Alors qu'il voyageait dans une voiture de patrouille, trois autres véhicule l'ont encerclé et ont ouvert le feu. Le corps du commandant compte plus de dix impacts de balles et les enquêteurs ont retrouvé pas moins de 40 douilles de gros calibres sur les lieux de la fusillade. Ce qui fait dire au maire, Adrián Ventura Dávila, que cette attaque est le fait du crime organisé, dérangé par le bon travail de la police: "Ce travail ne prendra pas fin car au final, notre responsabilité est d'assurer la sécurité des citoyens d'Aguascalientes et c'est certainement ce qui explique ça (cette attaque, ndla)".
L'édile n'a pas souhaité commenter les rumeurs qui mettent en cause deux policiers qui auraient livrer des informations sur leur commandant, permettant ainsi l'agression d'hier matin. "Il ne faut écarter aucune possibilité dans une enquête, principalement dans ce type de cas" a-t-il toute fois déclaré, n'écartant pas l'ouverture d'une enquête de la Dirección de Asuntos Internos (Direction des affaires internes) sur les liens entre les policiers municipaux et le guet-apens contre le commandant et son escorte. Par contre, ni la presse ni les officiels n'ont évoqué l'éventualité, pourtant loin d'être totalement impossible, d'une implication du commandant dans le trafique.
A quelques jours de l'ouverture de la Feria San Marcos, l'une des foires les plus importante du pays, les autorités locales tiennent à rassurer la population. "Il y a quelques jours nous étions avec le commandant de la zone militaire, avec le général Hidalgo et le gouverneur, justement pour sécuriser la Feria d'Aguascalientes, afin que tous les visiteurs puissent s'y promener en toute sécurité. Nous travaillons en ce sens." Réitérant l'importance du travail commun entre la police et l'armée, Adrián Ventura Dávila a ajouté "Souvenez-vous que (les policiers) sont équipés de gilets pare-balles, d'un armement de qualité, que vont arriver de nouvelles armes automatiques, qu'ils ont de bons véhicules... qu'ils doivent simplement conduire avec beaucoup de précaution."
Le gouverneur de l'état, Luis Armando Reynoso, a expliqué de son côté que les faits survenus hier ne pouvaient en aucun cas être mis en relation avec l'ouverture de la Feria. Tout en se joignant à la peine des familles, il a reconnu que "Si Aguascalientes a connu une amélioration de la sécurité publique, nous ne sommes pas à l'abri d'actes criminels."

photo: deux policiers en patrouille dans le centre d'Aguascalientes

10/04/2010

Solutions locales pour un désordre global

Un film, qui n'est évidemment pas sur les écrans mexicains, mais qui quelques temps après le passage de Serge Latouche au pays de l'EZLN, rencontrerait certainement un écho favorable auprès de certains précurseurs de l'altermondialisme... même si d'autres, même proches des zapatistes, restent accrochés à l'idée de croissance et de productivisme.
A voir, au moins pour se faire une idées des solutions mises en avant par la réalisatrice Coline Serreau... et pour aller au-delà des films catastrophes qui font comme si nous ne pouvions rien faire d'autre qu'attendre un miracle (version religieuse) ou un programme vert (version électoraliste)... Les solutions sont entre nos mains et dans l'élaboration d'autres manières de vivre en relation avec la Terre et de vivre ensemble.
Un autre monde est possible! Et comme disent les zapatistes, dans une phrase qui mêle global et local: "Un mundo donde quepan muchos mundos"*





*: un monde dans lequel tiennent beaucoup de mondes

09/04/2010

Anarchie au paradis

Le pape du punk et producteur des Sex Pistols, Malcom McLaren est mort... espérons qu'il foutra le bronx au jardin d'Eden.

06/04/2010

Festival El Picahielo

Deuxième festival culturel de la revue El Picahielo, du 6 au 15 avril.
Les évènements se tiendront au Rockocó Bar et à la librairie Rayuela, dans la rue Nieto au centre d'Aguascalientes.

info: tu.di@revistaelpicahielo.com

01/04/2010

Todos somos Marcos!

Suite à une photo du "sub" sans son passe-montagne publiée dans la presse, voici enfin dévoilé le visage de Marcos... par l'EZLN!
Le vrai visage du sous-commandant est celui de la rébellion!