"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

30/07/2011

Gauche-droite pour un Tango

Une carte politique de l'Europe, deux couleurs: rouge pour la gauche et bleu pour la droite. La carte présente une Europe divisé en deux par le "rideau de fer" le 31 décembre 1972 (veille de l'entrée du Royaume Uni dans l'Union). Lecture et les années défilent... jusqu'à aujourd'hui. Les pays clignotent, ne clignotent pas, rouge ou bleu. Il y a moyen de faire pause et de connaître la situation de l'année. C'est ludique et pas mal fait. Un peu simpliste mais des fois en prenant de la hauteur on perd les détails. Ne manque qu'une petite musique bien rythmée pour accompagner cette danse des couleurs! ça commencerait un peu lent puis ça s'emballerait en tango endiablé! Le pas de deux d'une guerre de conquête.
C'est sur le site du journal anglais The Guardian: cliquez ici.


2011: une Europe très bleue

18/07/2011

Quand on assassine un poète...

Un texto del escritor hondureno cardenas, homenaje al cantor Cabral... haz cli aqui para leer la version original del texto.



Un article sur l'assassinat du chanteur argentin Cabral, lu sur le site de Courrier International. En cliquant ici, vous accéderez à la version espagnol du texte de l'auteur hondurien Cardenas, publié sur le site de AI Paz. Un bel hommage, un texte émouvant qui vante non seulement le talent d'un homme mais la révolte d'un continent. Une voix s'est éteinte mais la langue persiste et irrigue les peuples d'Amérique Latine.
Bonne lecture.



"Tuer une voix, c'est tuer toute l'humanité"

Le 9 juillet, le chanteur argentin Facundo Cabral mourrait assassiné au Guatemala. Figure contestatrice et surtout poète de la chanson sudaméricaine, sa mort a secoué toute l'Amérique latine. Nous publions ici une sorte de "déclaration d'amour" et de chagrin écrite par Galel Cardenas, écrivain hondurien.

18.07.2011 | Galel Cárdenas

Il n'est pas nécessaire d'être cultivé pour comprendre que l'assassinat de Facundo Cabral [le 9 juillet dernier], auteur compositeur et interprête argentin adoré dans son pays, incarnation (aux côtés d'autres voix latinoaméricaines) de la poésie humaniste la plus extraordinaire du continent, est une barbarie absolue.

Facundo Cabral était un homme exceptionnel, sans égal par ses talents de compositeur de plaisirs musicaux et littéraires inestimables, porteur de valeurs de solidarité et d'amour illimités.

Né dans la lointaine ville argentine de La Plata le 22 mai 1937, lointaine pour nous, hommes, femmes et enfants d'Amérique centrale, berceau du calendrier astronomique le plus précis qui ait jamais existé [le calendrier Maya], Facundo Cabral a vu le jour au milieu de ce peuple pauvre et marginalisé que l'on trouve dans tous les recoins de l'Amérique de Rubén Darío, d'Octavio Paz, de Gabriel García Márquez, de Jorge Luis Borges, de Julio Cortázar, d'Alejo Carpentier, de Miguel Angel Asturias, de Roberto Sosa, de Roque Dalton.

Une vie émaillée de tragédies : Facundo aurait été muet jusqu'à l'âge de neuf ans et analphabète jusqu'à 14 ans, et il est devenu veuf à 40 ans et a perdu son père à 46 ans.

Enfant marginal, il se retrouve en prison tout jeune encore, et fait la connaissance derrière les barreaux d'un prêtre du nom de Simón qui lui apprend à lire et à écrire, et lui dévoile aussi les chemins infinis de la littérature : il suffit de trois ans au jeune Facundo pour rattraper son retard scolaire.

Facundo Cabral était l'auteur-compositeur-interprète de ceux pour qui le pain est une utopie de tous les jours, le toit un rêve inassouvi, la dignité humaine un cours d'eau asséché.

En 1954, le 24 février, précise Facundo Cabral, un vagabond lui récite le Sermon sur la montagne. C'est ainsi qu'apparaît l'artiste naissant, qui écrit alors une berceuse [mythique] intitulée "Vuele bajo", inaugurant une vie d'une grande richesse, faite d'incessants voyages en Amérique et dans le monde.

Facundo Cabral fera plus tard la connaissance d'Atahualpa Yupanqui et de José Larralde, des musiciens qui lui montrent la voie du folklore et de la musique vivante, celle de l'homme de chair et de sang qui, en Amérique latine, et doit arracher péniblement à la pauvreté quelques lambeaux de vie.

Vers 1970, Facundo Cabral écrit sa chanson-phare, "No soy de aquí ni soy de allá", et il rencontre cet autre géant de la musique qu'est Alberto Cortez, qui a fait frémir l'humanité avec une voix où l'humanisme coule tel un torrent cristallin.

Ses grands modèles, Jésus, Gandhi ou mère Teresa, sont présents dans toutes ses compositions.

Comme nombre d'artistes rebelles, la dictature argentine l'a poussé à l'exil de 1976 à 1983 [au Mexique].

Facundo Cabral a sillonné le monde, brandissant sa musique et ses mots pour nous interpeler sur le sort du genre humain, luttant contre l'injustice et l'ignominie, mais luttant surtout pour exprimer l'essence profonde de l'homme qui cherche par l'esprit à réaliser les grandes utopies sociales.

Et d'une scène à l'autre, il a offert sa musique comme il s'est offert lui-même dans tous les pays, devant toutes les foules, comme devant l'auditeur solitaire, donnant à entendre son vaste humanisme mélodique et esthétique à fleur de peau.

Et le 5 juillet dernier, en cette année mondialement marquée par le paradoxe, il est arrivé au Guatemala, la patrie de Miguel Angel Asturias, le prix Nobel de littérature 1967, celle aussi du poète surréaliste Luis Cardoza y Aragón, du fabuliste Augusto Monterroso, lauréat en 2000 du prix [espagnol] Príncipe de Asturias, et de l'extraordinaire dramaturge Carlos Solórzano, dans la patrie de l'éternel printemps qui, avec sa grande sensibilité artistique avant-gardiste, a offert au chanteur argentin son admiration et son immense amour. A la fin de son premier concert, dans la capitale guatémaltèque, il a déclaré : "Je vous ai déjà remerciés, je remercierai aussi les gens de Quezaltenango [date suivante de sa tournée dans le pays], et il adviendra ensuite ce que Dieu décidera, car Lui sait ce qu'il fait."

Le 9 juillet, alors qu'il fait route vers l'aéroport international La Aurora, il est abattu par des tueurs à gages. Le compositeur chéri de l'Amérique latine, l'inégalable Facundo Cabral meurt, dans la confusion et la violence, à l'âge de 74 ans, victime du crime organisé qui frappe n'importe où, n'importe quand.

L'Amérique insoumise pleure aujourd'hui son absence physique, mais qu'il soit le bienvenu au Parnasse des Américains illustres. Nous respectons, admirons et vénérons cette voix parmi les nombreuses voix extraordinaires que notre continent a produites, parfois dans le sang et la violence, mais surtout dans cet amour de la vie qui se renforce jour après jour.

Un combat sourd et sombre contre l'injustice nous est imposé par un système capitaliste qui exploite les hommes, mais nous nous en affranchissons peu à peu, grâce à des voix comme celle de Facundo Cabral, chantre des épiphanies contemporaines de notre Amérique, qui viennent chaque jour apaiser notre douleur.

13/07/2011

Identité fantôme


Un coin sombre, l’un des nombreux de Keppler Town, capitale martienne. Une ombre emmaillotée dans un manteau de tissu grossier remuait en grognant. « Oh, quelle gueule de bois ! » À quelques pas à peine de lui, une flaque de gerbe donnait aux premières lueurs du jour des relents d’hier. Odeur qu’il assimila au goût glissant sur ses papilles avec la texture d’une limace morte. L’alcool qui baignait ses méninges empêchait toute idée cohérente de flotter à la surface de son esprit. De sa main droite, il massa sa nuque qu’une piqûre démangeait, délassa ses articulations et tenta de remettre ses idées en ordre. Le soleil, bien que lointain entamait sa course quotidienne, teintant le gris de la ville de ses pâles rayons orangés. Machinalement il regarda l’heure dans le coin droit de son champ visuel : 8h25 ! Les chiffres clignotaient rouge ! « Merde ! » Il se leva avec peine, comme emporté par une tempête en pleine mer, titubant, s’accrochant aux rares aspérités des murs d’un monde policé. Tiré d’un sommeil qu’il aurait souhaité plus long, il lança tel un robot l’ouverture de ses comptes virtuels : e-mails, réseaux sociaux, Vidéocom’... autant de boîtes dont les mots de passe lui échappaient. Ses doigts semblaient pourtant jouer leurs partitions habituelles sur son clavier virtuel. Mais rien n’y fit. Il se concentra et tenta de sortir du brouillard éthylique les souvenirs des séquences de mots qu’il répétait chaque matin. Dans son cerveau imbibé, les schémas de la mémoire se mettaient à scintiller, dessinant les cartes d’accès à ses identités multiples. Mais les compteurs restaient bloqués : mot de passe incorrect !

« Putain de merde ! Qu’est-ce qui se passe ? Bon, je file au vaisseau et je règle ça ensuite. » L’homme se mit tout à coup à courir, comme s’il n’avait jamais été saoul, ou plutôt comme s’il pouvait courir dans la tempête qui se déchaînait sous son crâne. Il lui semblait que ses tempes étaient prises dans un étau alcoolisé, écrasant sa capacité de réflexion dans une camisole ouatée. Sa bouche pâteuse perdait haleine dans sa course effrénée vers les docks de la planète rouge. Mais il arriva trop tard, le Yorrike venait de décoller, ses voiles technologiques se gonflaient des vents solaires. L’homme cracha une bordée de jurons aussi noirs que ses poumons de fumeur invétéré. Il tournait en rond sur le quai, sous les regards de quelques badauds amusés. Il en fit taire un d’un direct du droit avant de repartir à toute vitesse. Il s’arrêta enfin, posa ses grandes mains sur ses cuisses, courbé par l’effort, recherchant son souffle dans l’air frais du matin, toussa. Il se redressa et rentra dans le premier rade qu’il avisa, commanda un JB on the rock. Dans un coin au-dessus du zinc, un moniteur débitait ses programmes matinaux, entre horoscopes, conseils beauté et météo martienne. Le flash info débitait en tranches digestes la complexité de l’univers. La planète bleue sombrait toujours un peu plus dans un chaos carnassier tandis que sa sœur rouge s’ennuyait ferme dans son consensus mou. Les deux planètes jumelles se vouaient une haine que seules la distance et leurs dépendances respectives empêchaient de devenir fratricide. L’homme sirotait son whisky, cherchant dans la tectonique des glaces les réponses à ses questions. Il décida que le plus urgent était de rendre visite à son employeur. Mais lorsqu’il présenta son poignet et la puce de paiement sécurisé qui y était implantée afin de régler son sky et le deuxième qu’il avala sec, il subit le même échec qu’avec ses connexions personnalisées. Il ne put que se réjouir que les troquets des ports acceptent tous les types de monnaies... et de ne pas avoir perdu son portefeuilles. Il demanda au serveur de lui prêter son lecteur optique et doucha sa Puce d’Identification Personnelle. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’apparut en lieu et place de son nom celui d’un certain Jack Black. « C’est quoi cette blague ? » Le présentateur engoncé dans son écran géant appelait les martiens et les martiennes à participer au grand débat que le gouvernement de la planète rouge lançait afin de définir l’identité martienne. L’homme y jeta un œil mauvais et décida finalement de se rendre à son ambassade afin de régler ce problème d’identité.

Le représentant terrien sur Mars était à l’image de son ambassade : sinistre et grandiloquent. L’homme provisoirement affublé du nom de Jack Black connaissait l’ambassadeur pour l’avoir croisé lors de quelques réceptions sur les navires où il avait officié. Il fut reçu par un officier administratif dans un espace carré et fonctionnel, séparé d’un vaste espace de travail par de fines cloisons surmontées d’une caméra de surveillance. En voyant le teint sombre de son interlocuteur, l’agent de la planète bleue se renfrogna quelque peu en lui demandant ce qu’il pouvait faire pour lui. L’homme face à lui se présenta comme Bruno Torsvan, spationaute sur le navire d’une obscure compagnie nord-américaine La Sierra Madre & Co. Lorsque, afin d’établir son identité, l’officier lui présenta un stylo optique, l’homme se couvrit la nuque de sa main. Il expliqua s’être réveillé le matin-même avec une gueule de bois affreuse et un nom qu’il ne connaissait pas incrusté dans la peau. Il expliqua également ne plus pouvoir accéder à aucun des espaces du réseau nécessitant ses identifiants. L’homme de l’ambassade insista pour scruter sa puce et enregistra donc le nom de Jack Black comme celui de son interlocuteur. S’en suivit une discussion où les accents surréalistes du marin se mêlaient à la rhétorique kafkaïenne administrative dans une danse absurde de mots impropres à tout dialogue. L’officier ne pouvant admettre ce que le marin ne pouvait prouver, la discussion finit par exaspérer le marin qui s’en alla, laissant pantois le pantin de l’ambassade.
Après avoir calmé ses nerfs sur quelques lampes à air, le marin prit la direction des docks, mais juste avant de descendre la grande avenue Gagarine, il emprunta une petite allée qui serpentait vers une ancienne ferme labo, abandonnée depuis que la planète mère avait coupé le cordon avec sa sœur stellaire. Il avisa un vieux hangar, en poussa les portes rouillées et entra. Une faible lumière provenant d’au-delà des escaliers faisait danser les ombres du squelette métallique de l’entrepôt. L’homme se roula un petit splif et grimpa les escaliers rongés par le temps. Il parcourut quelques coursives et déboucha dans une petite salle recouverte de tapisseries. Des palettes servaient d’étagères improbables à quelques centaines de livres papiers, des tourets vidés de leurs câbles, gravés, imprimés multicolores comme autant de tables encombrées de bouteilles vides et de verres encore à moitié pleins, et de vieux sièges éjectés de navires écrasés avaient jeté l’ancre dans ce musée suranné. Après quelques secondes à embrasser du regard ce dépotoir familier, le marin vit, affalé sur un matelas posé à même le sol, le vieil ami qu’il était venu voir. Il alluma son joint, posa sa fatigue dans un fauteuil et ses pieds sur une table, un cendrier sur l’accoudoir et soupira bruyamment. Le vieux sortit de son demi-sommeil en ronchonnant.
« Traven ? Qu’est-ce tu fous là, j’croyais que tu levais l’ancre ce matin ?
– Moi aussi ! Mais tu vois la vie nous réserve parfois des surprises ! »
Le vieux proposa à son ami de prendre une bière dans le frigo mais le marin déclina l’offre.
« T’aurais pas plutôt un de tes petit rhums ?
– Si, mais je sais plus où... Va voir dans les caisses près de mon lit. »
Traven en se levant lança un œil à son vieux pote. Les cheveux longs de l’ancien étaient plus délavés que son regard terne d’aveugle. Son visage était un parchemin et Traven avait appris à y lire les accidents d’une vie ballottée entre la Terre, Mars, le rêve et la misère. Et pourtant... pourtant Traven se sentait mieux ici que partout ailleurs dans l’univers. Il ne connaissait personne comme Otto pour disserter sur l’injustice de ce monde et de tous les autres. Le marin avala deux ti’punch et en laissa un troisième reposer sur la table.
« Putain, ‘m’arrive un truc de ouf. À en perdre la tête, si ce n’était pas déjà fait. Si je n’avais pas la tête aussi bien vissée sur les épaules, je crois qu’elle aurait roulé dans un caniveau ce matin. J’ai loupé mon bateau !
– T’es pas l’premier marin à voir sa coque de noix mettre les voiles.
– P’t’être bien. Mais c’est pas le plus bizarre... Après un réveil difficile, impossible de me connecter à mes comptes virtuels. Pourtant je t’assure que mes doigts connaissent bien mieux que ma tête l’enchaînement des lettres que je tape presque chaque matin. Mais surtout ma PIPE dit que je m’appelle Jack Black...
– Ta puce donne une autre identité ? Tu t’es fait changer ton identifiant une nouvelle fois ?
– Non ! Enfin j’m’en souviens pas.
– Pas grave. Faut s’méfier des souvenirs... c’est que du passé conjugué au présent ! T’as jamais remarqué, dans nos souvenirs, on se voit en action. Reconstruction ! »
Le vieux posa sa main sur la nuque de Traven. Ses doigts examinaient l’imperceptible cicatrice de l’implant. Il passa ensuite un lecteur optique de supermarché sur la plaie et enregistra les résultats sur sa console qui les lui susurra d’une voix pré-enregistrée. Il fit cracher Traven dans un tube de verre, puis lui demanda de verser dans le tube une pincée de sel, une goutte de liquide vaisselle, du jus de pamplemousse et un doigt de rhum. Quand il eut extrait les filaments, il les glissa dans le premier d’une série de tests en batteries. Au bout d’une nuit à boire et à refaire le monde et l’avenir – que le vieux disait toujours plus incertain – et alors que le soleil laissait s’échapper les deux lunes de Mars, le vieux trancha dans le vif.
« T’as hacké du gros ces derniers temps, gamin ?
– Pas plus que ça... Le seul que je vois c’est le fils Bloodwrite, tu sais le champion de Shoot them’up en réseau.
– Le fils de l’écrivain ?
– Ouais.
– Ben il a pas dû aimer... Ta cicatrice semble avoir été réouverte il y a peu. Ton ADN et celui gravé sur ta PIPE ne correspondent pas. Ils ont prélevé ta puce et t’en ont implanté une autre, celle de ce Jack. Mais ils ont fait du beau boulot, ils ont chiadé leur usurpation d’identité parce que sur une bonne dizaine de pages de résultats sur les principaux moteurs de recherche ta gueule apparaît en tapant Jack Black. Par contre avec ton vrai nom... enfin vrai, on s’entend... ben ta gueule d’ange n’apparaît qu’après une vingtaine de page. Gamin, on t’a volé ta mémoire externe ! Y’a plus que moi pour savoir qui tu es. »

Les rires de l’ancien se perdirent dans les méandres du hangar.

Un peu plus tard, alors que Traven regagnait le port dans l’espoir de trouver un navire sur lequel embarquer, il entendit une voix métallique l’interpeller : « Contrôle d’identité ! »



Une nouvelle que j'ai écrite pour le premier numéro du fanzine à bloc! A retrouver également sur le blog du zine!

Illustration de Garance L0b0t0mie

10/07/2011

Gzero



La ZAD, 9 juillet 2011,
On est une centaine, on vient d'occuper un terrain pour y commencer le village autogéré!
Maintenant on y est : le terrain est occupé, les gens motivés, les structures se montent, l'info se diffuse :
on est ici pour y rester, au moins jusqu'à fin juillet !
Ce lieu ouvert se veut un laboratoire d'idées, une zone rebelle, une île pirate, un En dehors du monde pourri !
On a commencé à le monter et il y a de quoi accueillir tout le monde.
Espaces médicaux, cuisines et sanitaires pour commencer, un accueil, un mode de fonctionnement horizontal à construire et reconstruire, de quoi manger à prix libre...
C'est pas une colonie de vacances et on crève d'envie de parler politique, de construire des réseaux pour faire vivre l'alternative, pour détruire leur monde, pour raser leurs aéroports.
Ca ne veut pas dire qu'on ne sera pas content de voir arriver conteurs et poètes, musiciens et artistes, qu'on n'a pas prévu quelques concerts !
Les infos, la programmation, la carte pour trouver le lieu sur http://www.gzero.info contact mail nog2011riseup.net
De Nantes rejoindre La Paquelais, prendre la route de Notre Dame des Landes, dépasser la Boissière et prendre le premier chemin de terre à gauche

Ya, una centena de personas empezo ocupar un tereno para construir un campamento...
O otro mundo!

QUE PIENSAS HACER DE VACACIONES?

Unámonos, dispersemos los !Después, un campamento “entre cumbres” (entre el G8 y el G20 en noviembre), de duración larga (3 semanas mínimo) sobre varias hectáreas de la ZAD (Zona A Defender) en Notre-Dame-Des-Landes, cerca de Nantes, para experimentar nuestros modos de vida ideales, en torno al intercambio de ideas y de saberes.
Este espacio de encuentro internacional sera libre de la represión directa de los encuentros de Deauville y Cannes y nos permitirá de ese modo preparar con serenidad nuestras acciones futuras.
Nos uniremos a las diferentes acciones y movilizaciones locales durante el tiempo del campamento, pero también a mas largo plazo, ocupando definitivamente la ZAD en contra del aeropuerto y de su mundo!
Para hablar claro, se esta preparando durante los últimos meses:
Debates sobre temáticas cruzadas para encontrar juntos los métodos para retroceder en nuestras diferentes luchas.
Talleres prácticos de formación (auto-construcción, autonomía alimentaria y energética, defensa propia, bloqueo, sabotaje…) con la idea de reforzar nuestras practicas y compartir nuestras experiencias.
Espacios de juego y descanso (conciertos, tarimas abiertas a todo tipo de arte libre, proyecciones..)
Porque al viento que siembra tempestades se cosechan días de fiestas,
Una cocina aprovisionada por campesinos locales
Un espacio para los niños que mañana echaran al viejo mundo al suelo,
Un equipo de primeros auxilios porque conocemos los riesgos,
Un equipo de ayuda jurídica porque somos todos culpables,
Un equipo de medios de comunicación libres porque no nos quedaremos silenciosos.
En fin, darse los métodos de ser autónomos.
Pasemos de la contestación a la construcción !

06/07/2011

Au Pérou, un café bio pas très équitable

Un article vraiment intéressant lu sur le blog Alma Latina hébergé par Rue89. Un article qui montre la complexité de la certification bio et la difficulté de s'inscrire dans une démarche équitable. Bref une explication de texte loin de la leçon de morale ou de la récitation de bonne conscience. Bonne lecture:


Ça commence comme un titre d'un roman de Vargas Llosa : « La “gringa” aux yeux bleus et le café bio ». Une jeune femme, Christelle Bittner, journaliste et blogueuse française, se plaît au Pérou. Elle pose ses valises dans un coin reculé de la selva Central, à Pichanaki. Une région que les Péruviens des montagnes, en mal de terres, sont venus coloniser et apprivoiser au milieu du siècle dernier.

Bravant la jungle, ils sont arrivés là avec leurs mules chargées de sucre et de sel. A coups de machette, ils ont déblayé la terre et ont fini par la rendre productive : ils ont réussi à faire pousser du maïs, du cacao, des agrumes, des bananes et du yucca pour se nourrir, et du café pour le vendre.

Lucía, productrice de café dans les années 60

Parmi les premiers colons, une femme, Lucía Cárdenas, crée le village Union Pucusani et une plantation de café de 100 hectares dans les années 1960.

Christelle est accueillie par cette famille. La jeune femme raconte :

« Ce sont des gens qui offrent tout alors qu'ils n'ont rien. Un paysage magnifique, sauvage, qu'eux appelaient leur “enfer vert”. Mais un enfer que les cultivateurs de café ont fini par aimer, au fil du temps. »

Pourtant, malgré cet attachement à la terre et au café, de nombreux cultivateurs commencent à quitter la selva (la forêt) pour « descendre » en ville : la culture du café bio (en Amérique latine on dit « organique ») est fragile : asperger la plante de produits chimiques est un geste plus facile puisqu'il permet d'augmenter la production (même si le chimique a un coût) ; ne pas l'asperger signifie faire la sélection à la main, produire moins et plus lentement.

Pour des questions économiques, la culture du café bio, à Union Pucusani, est donc essentiellement artisanale.

Le café bio, plus cher à produire et vendu au même prix

Le problème ? « Un café bio ou équitable, plus cher à produire, est vendu – c'est aberrant – au même prix que le café qu'on appelle “ conventionnel ”, cultivé avec des pesticides et des produits chimiques à tout va », explique Juan Carlos, petit-fils de Lucía qui s'est lancé dans la production du café bio.

Ce qui veut dire que le prix du café bio ne tient pas compte des efforts et de la qualité qu'assurent ses producteurs, contrairement au discours marketing que nous servent les grandes marques qui nous vendent de l'équitable en France, selon lequel « acheter un produit bio labellisé permet de consommer juste ».

Le discours marketing autour du bio, pas la réalité

En fait, assure Christelle Bittner, « cela ne change pas grand-chose, voire rien, pour le petit producteur en photo sur le paquet… » Quand la différence de revenu par kilo vendu est si insignifiante, les producteurs de café bio risquent fort de pencher vers une production plus facile, et donc plus chimique, qui ne se soucie ni des revenus du personnel, ni de la pollution des eaux et encore moins de la déforestation.

En d'autres termes, les producteurs bio finissent par quitter les coopératives équitables parce qu'ils ont besoin de gagner de l'argent rapidement, de l'argent liquide, pour payer l'école ou finir de construire leur maison. Ils ont tort sur le long terme, car si le prix du café chute (comme il l'a fait dans le passé), les coopératives offrent un prix plancher, assurant aux petits producteurs une certaine stabilité. Mais ont-ils vraiment le choix ?

L'idéal, d'après Christelle, serait de créer une coopérative propre qui puisse vendre directement aux acheteurs de café bio, sans passer par le club d'acheteurs de café conventionnel, qui fonctionnent comme une Bourse en imposant leurs prix au niveau le plus bas, forçant ainsi les agriculteurs à vendre au plus vite pour payer la main d'œuvre et rembourser les prêts bancaires.

Education et tourisme solidaire

Ce n'est pas forcément une question de volonté, c'est aussi un problème d'information et d'éducation. Juan-Carlos espère qu'un jour, les autres cultivateurs le regarderont comme un exemple, et changeront leur manière de traiter la terre en cessant de l'asperger de venin pour préserver la terre-mère. En attendant, il cultive bio parce qu'il adhère à cette philosophie. Mais qui va le suivre si la culture du café bio coûte plus cher et rapporte moins ?

Convaincue qu'elle peut aider à revaloriser cette culture traditionnelle du café à travers les aides au développement de cultures durables et équitables et les microcrédits, Christelle revient à Union Pucusani en mai 2010 avec un projet très réfléchi et complet : monter une ONG (organisation non-gouvernementale) qui devrait aider à l'éducation pour un développement durable dans la région à travers des programmes scolaires et lancer une formule de tourisme solidaire permettant de générer un revenu supplémentaire, de construire un système d'accès à l'eau et d'œuvrer à la reforestation.

Le projet est présenté sur un site qui recrute des volontaires dans des fermes organiques, et c'est un succès :

« Nous avons reçu 25 volontaires en 2010 qui ont participé à la construction d'une fosse à compost, à repeindre, à sensibiliser au tri des déchets, à planter des arbres… Mais nous attendons surtout des étudiants qui connaissent les questions hydrauliques, la construction de routes ou des ingénieurs agronomes, qui souhaitent véritablement travailler avec la communauté. »

Mais – parce qu'il y a un mais – écrire un projet et l'envoyer aux fondations et aux donateurs éventuels ne suffit plus pour les sensibiliser. Les réponses n'arrivent pas. Et produire du café bio dans un contexte de commerce équitable implique une série de contraintes financières que la petite ONG, seule, ne peut assumer, même avec la meilleure volonté du monde.

Pour faire du bio, il faut obtenir un certificat, un logo qui prouve la qualité du produit, ce qui veut dire que l'on fait appel à un ingénieur agronomique, à une banque pour obtenir un crédit… qu'il faut être patient et attendre trois années avant d'obtenir les logos pour lesquels il faut payer des « certificateurs ».

Or, le taux les plus bas proposé par Agrobanco (organisme public) pour entreprendre toutes ces démarches est de 19% ! ! Et les microcrédits coûtent 38% par an. De quoi vous planter tout de suite en somme… On est loin du micro-crédit qui sauve !

Acheter équitable ne suffit pas

Pour faire du bio, il faut changer les mentalités, enseigner une nouvelle approche de la nature, gérer les déchets, avoir accès à l'eau, replanter des arbres et non plus les couper, créer une serre… Produire équitable, prendre en compte le durable mais aussi l'humain, impliquerait l'ouverture d'un lieu d'accueil pour les enfants de moins de 6 ans, pour que leurs parents, souvent des saisonniers, puissent travailler tranquillement, au moment des récoltes (de février à juillet).

Produire bio finit par coûter cher. Il faut avoir les moyens d'investir. Et la communauté d'Union Pucusani ne les a pas.

Alors ? Christelle et Juan Carlos ne baissent pas les bras. Ils sont de ceux qui ont transformé leurs convictions en actions. Mais Christelle dit se sentir bien seule, aujourd'hui. Et elle se dit que « aller dans un magasin bio, s'auto-féliciter en achetant équitable, et penser que ce geste suffit pour tendre la main aux petits producteurs dont la photo figure au dos du paquet, ne suffit pas ! ».



Photos : Christelle Bittner.

04/07/2011

Les tambours de la Muerte!




La semaine dernière, le festival Urbaka avait envahi les rues et les places de Limoges. Fanfares déambulatoires, troupes qui font le cirque, pique-nique mis en musique, Limoges avait un air de fête. Pour le final, c'est une ambiance mexicaine de squelettes géants dansant au son de tambours bigarrés qui s'est emparée de la ville. De la place de la Cité au parvis de la cathédrale, la compagnie Trans Express nous a conduit peu à peu dans son univers "barock" hanté par la Mort elle -même et ces cadavres exquis. Acrobaties, rythmes, mort et vie, le cocktail sentait la tequila et le chile...
N'hésitez pas à jeter un oeil dans l'eau-delà des Tambours de la Muerte!








01/07/2011

Effets spéciaux




En voyant ça, on ne peut que penser au film de Spielberg Minority Report, adaptation d'une histoire de Philip K. Dick... Il ne reste plus qu'à inventer un nouveau langage, une gestuelle des mains. Et peut-être qu'un jour les images sortiront des murs ou des écrans qui les enferment encore pour augmenter notre réalité. De la science-fiction?