"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

29/06/2011

Secuestros en La Bestia


Siguen levantando migrantes en la Bestia. Un articulo de La Jornada:

Narran los detalles del rapto de al menos 80 personas denunciado por el cura Solalinde y negado por las autoridades

Los maquinistas son cómplices, aseguran


Periódico La Jornada
Miércoles 29 de junio de 2011, p. 2

El tren salió de Ixtepec, Oaxaca, a las 9 de la mañana con 250 centroamericanos y chiapanecos a bordo. La mayoría estuvieron en el albergue Hermanos en el Camino que dirige el sacerdote Alejandro Solalinde. Alrededor de las 14 horas llegaron a Medias Aguas, Veracruz, donde ya eran esperados por varios sujetos que a mentadas de madre los obligaron a descender.

Así lo declararon dos personas que también realizaban el viaje, pero alcanzaron a esconderse de los individuos que portaban armas R-15 y con amenazas subieron a decenas de sus compañeros a varias camionetas.

Los testigos alcanzaron a ver tres vehículos que se encontraban del lado que ellos bajaron del tren pero no saben nada de lo que ocurrió del otro lado.

Los testimonios de los migrantes que se salvaron, actualmente en resguardo para garantizar su seguridad, resultaron fundamentales para evidenciar las violaciones a derechos humanos que de manera cotidiana se cometen en contra de ciudadanos de otros países que buscan llegar a Estados Unidos, señaló Solalinde.

En entrevista puntualizó que de los 250 migrantes que abordaron el tren el pasado viernes 24, sólo 131 aceptaron proporcionar sus datos personales en el albergue. Por eso se conocen sus identidades, edad, lugares de origen y otros datos que Solalinde ya entregó a los consulados de los países en cuestión: 46 a El Salvador, 40 a Honduras, 39 a Guatemala y seis a Nicaragua.

A partir de las declaraciones de los migrantes, el sacerdote también comprobó que los maquinistas Marcelino Rasgado Altamirano y Aurelio Vázquez Salgado son copartícipes del plagio múltiple, pues no hicieron la parada donde acostumbran, sino que se siguieron de largo hasta la intersección con la línea que procede de Tenosique, Tabasco, y Coatzacoalcos, Veracruz. Se detuvieron justo donde se encontraban los delincuentes.

De acuerdo con la versión de los testigos, no hubo detonaciones de armas de fuego. Los sicarios se comunicaban con claves y en repetidas ocasiones mencionaron el número 28, aparentemente cuando se referían a niños y mujeres que también iban en el tren.

Para el director de Hermanos en el Camino la evidencia es contundente respecto de la participación de los maquinistas y, de hecho, ante las dudas expresadas por policías de Veracruz que el lunes estuvieron en el albergue en busca de información, les presentó el testimonio de un migrante que les relató cómo en otra ocasión anterior, los conductores del tren pusieron a un grupo de migrantes donde estaban los secuestradores.

No es la primera vez, afirmó Solalinde e incluso dijo que se les conoce (a los trabajadores del tren) por su participación en el trasiego de drogas y tráfico de migrantes a los que también extorsionan.

Todavía más, los dos migrantes que el pasado viernes lograron ocultarse de los secuestradores se volvieron a encontrar con los maquinistas, quienes los invitaron a quedarse en Veracruz, pues ahí podrían trabajar. Por suerte, indicó el sacerdote, decidieron regresar a Ixtepec y presentar la denuncia ante la Procuraduría General de la República (PGR).

Respecto a la posición de las autoridades de Veracruz que el lunes mismo negaron que hubiera ocurrido el secuestro, el activista dijo que es lonormal. Mientras Gerardo Buganza sea el secretario general de gobierno la entidad va a estar muy mal, pero ahí están las evidencias. La Comisión Nacional de los Derechos Humanos documentó 9 mil 758 secuestros de migrantes en 2009, de los cuales una tercera parte ocurrieron en Veracruz.

Para 2010 la cifra se elevó a más de 11 mil plagios y nuevamente una tercera parte ocurrieron en la entidad que encabeza el priísta Javier Duarte. Eso no es una coincidencia, apuntó.



Photo (Notimex): Los migrantes secuestrados el viernes pasado se trasladaban sobre el tren denominado La bestia. Salieron de Ixtepec, Oaxaca, y fueron interceptados en Medias Aguas, Veracruz.

28/06/2011

V pour...

A l'heure des révolutions propagées par les réseaux sociaux, des Anonymous, des LulzSec, ce clip de Keny Arkana est plutôt bien senti....

26/06/2011

Mayas: de l'autodestruction à la destruction d'une civilisation


Suite à l'article sur l'autodestruction de la civilisation Maya, et sans doute pour compléter l'information, Le Monde a publié quelques jours plus tard un article intitulé "Commerce de l'or noir et fouilles archéologiques au pays des Mayas". Je le reproduits ici et y ajoute le rapport du collectif Guatemala, dont il est fait mention dans l'article. Vous pouvez également lire sure Le Monde l'entretien avec Sophie Baillon de l'ONG Survival sur les droits des peuples indigènes.



Commerce de l'or noir et fouilles archéologiques au pays des Mayas


LEMONDE.FR | 21.06.11 |

Sous la photo de la mosaïque illustrant la belle affiche qui annonce l'ouverture, mardi 21 juin, au Musée du Quai Branly à Paris, de l'exposition "Maya, de l'aube au crépuscule", on peut lire, en lettres fines : "avec le mécénat de Pérenco". Principal producteur de pétrole au Guatemala, Pérenco est implanté au cœur du parc naturel de la Laguna del Tigre, une zone protégée dans le département du Péten. Depuis quelques années, le groupe franco-britannique revendique une action qui "s'étend au domaine culturel" et évoque ainsi un soutien "actif" aux fouilles archéologiques en terre guatémaltèque.

"Notre savoir-faire est synonyme, pour les Etats, de revenus importants tirés de leurs ressources naturelles. Nous veillons à ce que les populations vivant à proximité des sites où nous travaillons bénéficient de notre présence. Nos projets sociaux et environnementaux sont mis en œuvre en impliquant directement les communautés locales tout en préservant leur culture et leurs valeurs", fait valoir le groupe dans le dossier de presse de l'exposition.

C'est un portrait moins flatteur qu'ont brossé plusieurs associations françaises lors d'une conférence de presse organisée, lundi, à la veille de l'ouverture de l'exposition. Elles y ont présenté le rapport réalisé par le collectif Guatemala, une association française de soutien à la société civile guatémaltèque, sur les conséquences sociales et environnementales des activités de l'entreprise qui a cependant reçu le soutien des conseillers scientifiques de l'exposition. Ainsi, pour l'archéologue américain Richard Hansen, spécialiste des sites mayas, Pérenco s'est toujours montré respectueux et l'impact de ses forages sur l'environnement toucherait seulement 0,02 % de la surface du parc, d'après des chiffres de l'entreprise.

Mais, réplique Nathalie Péré-Marzano, déléguée générale du Centre de recherche et d'information pour le développement (CRID) et coordinatrice du réseau Une seule planète,"plusieurs mois d'enquête sur le terrain, des dizaines d'entretien avec des communautés locales et des représentants associatifs révèlent une distorsion entre le soutien de Pérenco à cette exposition sur la civilisation maya et les activités que l'entreprise mène au Guatemala".

POPULATIONS EFFRAYÉES ET VULNÉRABLES

"Beaucoup dénoncent une forte augmentation de la présence militaire dans la Laguna del Tigre, des nouveaux puits de pétrole percés sur des terres cultivées par des paysans sans que ces derniers soient consultés, des menaces d'expulsions et beaucoup d'intimidations", témoigne Cynthia Benoist, coordinatrice du collectif au Guatemala, qui a mené l'enquête de terrain.

"Six détachements militaires, soit 250 soldats, sont arrivés dans la région pour former ce qu'on appelle maintenant des 'bataillons écologiques', censés sécuriser une zone dangereuse", explique Cynthia Benoist. Auteur d'un documentaire sur la présence de Pérenco au Guatemala*, Grégory Lassalle confie lui n'avoir jamais vu de populations aussi effrayées et vulnérables.

Proche de la frontière mexicaine, le département du Péten est en effet un haut-lieu du trafic de drogue en Amérique centrale. "Mais dans un pays qui a connu 36 ans de guerre civile pendant lesquelles la majorité des massacres ont été commis par des militaires, voir l'armée tenir un rôle de sécurité publique a quelque chose d'effrayant pour ces populations qui sont souvent venues là pour fuir des violences,développe encore Mme Benoist. Pour elles, ces bataillons sont surtout une façon pour l'entreprise de faire primer ses intérêts sur les leurs."

Pérenco reconnaît financer, à raison de 0,30 dollar par baril de pétrole, ces "bataillons verts", qui ne sont rien d'autres que des militaires en armes. "Ces hommes ne sont là que pour préserver la zone et en particulier faire la chasse aux activités illégales, plaide Benoît de La Fouchardière, directeur général de Pérenco Guatemala. Le narcotrafic est très implanté dans cette région, et cela crée beaucoup de tensions : vingt-sept personnes ont été tuées récemment."

"De toute façon, officiellement, le parc de la Laguna del Tigre n'a pas d'habitants,précise Benoît de La Fouchardière. Ces populations sont là de façon illégale, sur des terrains qui ne leur appartiennent pas." Pourtant, si tous les habitants n'ont pas d'acte de propriété – un problème de fond au Guatemala, qui compte de nombreux paysans sans terre – les lieux sont bel et bien habités : 37 communautés de la Laguna del Tigre ont officiellement dénoncé le déploiement militaire dans un communiqué.

SOUPÇONS DE CORRUPTION

En 1989, la région était classée zone protégée. Les communautés implantées avant cette date ont été autorisées à y rester. Et selon le collectif Guatemala, d'autres ont négocié un accord qui leur permet de rester et de cultiver leurs aliments de base, le maïs et le haricot. Mais les sans-terre se disent régulièrement menacés d'expulsion, alors que la loi interdit par ailleurs de construire dans cette zone protégée.

"N'est-ce pas incohérent d'interdire à ces gens un confort minimum au nom de la protection de la nature, alors qu'à quelques mètres, l'entreprise Pérenco a obtenu en 2010 le droit d'exploiter pour quinze nouvelles années ?", s'interroge Cynthia Benoist. Pérenco s'est implanté au Guatemala en 2001, en rachetant une concession octroyée en 1985, pour vingt-cinq ans, à une autre compagnie pétrolière, Basic Ressources. La Laguna del Tigre n'est devenue zone protégée que quatre ans après, ce qui explique l'incongruité de voir une exploitation pétrolière dans ce qui est censé être une réserve de la biodiversité.

"Mais la concession n'était donnée que jusqu'en 2010. On aurait donc pu remettre en cause à cette date l'exploitation, mais ça n'a pas été fait", déplore le député guatémaltèque Anibal Garcia et candidat à la vice-présidence aux côtés de la Prix Nobel de la paix Rigoberta Menchu, pour l'élection présidentielle de la fin de l'année. Le code du pétrole a été rédigé pour préserver au maximum les intérêts des multinationales. Et cela continue aujourd'hui, avec une exploitation pétrolière qui viole une série de lois et de conventions internationales, mais avec l'aval des autorités guatémaltèques."

Plus grande zone humide d'Amérique centrale, seconde d'Amérique latine, la Laguna del Tigre est reconnue comme une zone humide d'importance internationale par la convention de Ramsar qui, en 1997, y a dépêché un groupe d'experts. Dans les conclusions de leur mission, ceux-ci appelaient très clairement à limiter l'octroi de nouvelles concessions après la fin du contrat de 1985.

Pourtant, dans une grande opacité, en 2008, le Congrès guatémaltèque a autorisé la prolongation du contrat. "Nous avons de forts soupçons de trafic d'influence et de corruption des députés", indique Anibal Garcia. En 2010, le ministre de l'énergie et des mines a donc annoncé la prolongation de quinze ans ans du contrat de Pérenco, malgré la désapprobation de trois ministres du gouvernement. Une décision justifiée par le président du Guatemala par les importantes retombées financières envisageables avec l'extension de la production de l'entreprise.

"LES JUGES, LES COURS, SE PLIENT À LA VOLONTÉ DE PÉRENCO"

Pérenco se présente en effet comme "le premier contribuable du Guatemala. Sa contribution en 2010 se monte à 110 millions de dollars [76 millions d'euros], qui représentent près de 3 % du budget de l'Etat". Cependant, relève Anibal Garcia, "ils annoncent ce qu'ils payent au fisc, mais impossible de savoir vraiment combien l'exploitation rapporte à l'entreprise. Tout ceci manque de transparence." "Nous ne communiquons pas ces chiffres. Nous sommes une entreprise privée, rien ne nous y oblige. Nous n'avons de compte à rendre qu'à nos actionnaires", rappelle Nicolas de Blanpré, responsable de la communication de l'entreprise à Paris. Il confie cependant que les bénéfices de l'exploitation se répartiraient à 60 % pour l'Etat guatémaltèque contre 40 % à l'entreprise.

Anibal Garcia, lui, estime que la concession pétrolière n'est pas avantageuse pour l'Etat : "Le contrat prévoit des 'coûts récupérables' : en 2008, ces remboursements ont dépassé les 'royalties' versées à l'Etat de 255 %." Il a fait de nombreux recours pour contester le renouvellement de la concession, sans succès. "Le Guatemala est un pays où règne une horrible impunité. C'est très difficile de lutter sur place. Les juges, les cours se plient à la volonté de Pérenco", fustige-t-il.

Aline Leclerc

Pour en savoir plus

* Le documentaire de Grégory Lassalle Perenco, exploiter coûte que coûte, sera projeté jeudi 23 juin à 19 h 30 au siège d'Amnesty International, 72, boulevard de La Villette, à Paris, en présence du député guatémaltèque Anibal Garcia.

24/06/2011

Cuisinons les spéculateurs!




*La Rôtisserie, un projet unique*

La Rôtisserie, petit restaurant associatif et autogéré du bas Belleville, est un lieu exceptionnel où s'affirment les valeurs de solidarité, d'entraide et de générosité. Depuis 16 ans, cette cantine de quartier permet tous les soirs à des associations culturelles adhérentes, caritatives ou sociales de financer leurs projets (plus de 150 associations par an viennent y faire à manger).
Il s'agit d'un lieu symbolique qui fait la fierté du quartier Sainte Marthe, quartier populaire niché entre Belleville et l'hôpital Saint-Louis.

*La Rôtisserie face à la spéculation immobilière*

Il y a sept ans, les propriétaires du local où s'est implantée la Rôtisserie le mettent en vente. Alors que l'association propose d'acheter au prix demandé, l'agent immobilier mandaté pour la vente achète le restaurant pour lui-même, à un montant bien inférieur au prix du marché et à celui proposé par l'association. Depuis, ce nouveau « propriétaire » tente d'évincer « la Rôtisserie » par tous les moyens. D'abord en triplant le loyer, puis en tentant d'obtenir par les tribunaux l'éviction de l'association.

*La Rôtisserie dans la tourmente juridique*

Depuis le changement de propriétaire, « La Rôtisserie » résiste donc aux tentatives d'évictions et aux manigances du spéculateur immobilier. Mais le 6 janvier 2011, au terme d'une longue procédure qui aura duré quatre ans, le Tribunal de Grande Instance de Paris rend une décision ordonnant l'expulsion de « la Rôtisserie », sans indemnités d'éviction mais surtout sans condamner le comportement du spéculateur immobilier.
Cette décision a-t-elle pris en compte les méthodes frauduleuses du propriétaire pour acquérir le local ? Les sept salariés en danger ? L'utilité sociale du lieu ?

Tout cela est tout simplement ignoré par les attendus du jugement. Le spéculateur peu scrupuleux est conforté dans son statut de propriétaire et « la Rôtisserie » est congédiée sans délai et sans indemnités.

La Rôtisserie est donc, plus que jamais, menacée.
Bien entendu, elle va faire appel. Mais l'appel n'est pas suspensif.

*La Rôtisserie se mobilise*

Face au danger, la Rôtisserie poursuivra la lutte pour la reconnaissance de ses droits et pour le maintien de son activité. Bénéficiant du soutien de très nombreux habitants, associations et élus du 10è arrondissement, « La Rôtisserie » a créé un comité de lutte pour sa défense, pétitionne et participe aux évènements locaux
pour faire connaître sa bataille. Elle organise maintenant une manifestation de soutien, le samedi 25
juin à 11h devant le restaurant, 5 rue Sainte Marthe, M°Belleville.

*Parce que la Rôtisserie veut continuer à vivre,*
*Parce qu'elle ne veut pas se soumettre à la logique financière de quelques investisseurs en mal de plus-values,*
*Parce que le droit est du côté de la Rôtisserie,*
*Parce que les habitants du quartier Sainte Marthe veulent que ce lieu exceptionnel qui fait partie de leur histoire et de l'identité
du quartier ne disparaisse pas,*
*Venez nous soutenir le samedi 25 juin !*

21/06/2011

Un autre monde est possible...

Pour la planète, pour nos enfants, pour nous... plus que possible, un autre monde est nécessaire!
Visitez le site de NoG 2011

19/06/2011

Cae el presunto coordinador de la matanza de migrantes en San Fernando

- Édgar Huerta Montiel, desertor del Ejército, admite haber cometido 10 asesinatos
- El Wache, integrante de Los Zetas, menciona que pudieron efectuarse otros 600 crímenes más

Gustavo Castillo García
Periódico La Jornada
Sábado 18 de junio de 2011, p. 8

El desertor del Ejército Mexicano, Édgar Huerta Montiel, El Wache, fue detenido por la Policía Federal en Fresnillo, Zacatecas, e identificado por el jefe de la División Antidrogas como el coordinador de la matanza de 72 migrantes en agosto de 2010, en el municipio de San Fernando, Tamaulipas.

En tanto, funcionarios de la Secretaría de Seguridad Pública (SSP) federal revelaron que durante los interrogatorios, el presunto integrante del cártel de Los Zetas y jefe de plaza en San Fernando reconoció haber asesinado de manera directa a 10 de los migrantes y tener conocimiento de decenas de homicidios en los que los cuerpos de las víctimas fueron colocados en fosas clandestinas en Tamaulipas, distintas a las que se localizaron en mayo de este año y en las cuales se encontraron 193 cadáveres.

El Wache –según los funcionarios entrevistados y que solicitaron el anonimato–, mencionó que es posible que se hayan cometido al menos otros 600 crímenes, en los cuales las víctimas fueron sepultadas de manera clandestina, ya que ante la disputa que sostienen los cárteles del Golfo y Los Zetas, decenas de camiones de pasajeros fueron detenidos y sus pasajeros interrogados para tratar de identificar a miembros del Golfo que pretendían llegar a puntos controlados por sus rivales.

De manera oficial, en conferencia de prensa, el jefe de la División Antidrogas de la Policía Federal, Eduardo Ramón Pequeño García, informó que Huerta Montiel se desempeñaba como “brazo derecho de Salvador Alfonso Martínez Escobedo,La Ardilla, jefe regional de Los Zetasen Tamaulipas y por quien el gobierno federal ofrece una recompensa de 15 millones de pesos a cambio de datos que lleve a su captura”.

Según la versión gubernamental, El Wache declaró a la Policía Federal que “en agosto de 2010 encabezó personalmente el secuestro de dos camiones de carga, en cuyo interior viajaban escondidos más de 70 indocumentados centroamericanos, quienes fueron privados de la vida.

“Refirió que él cometió el homicidio de 10 centroamericanos, además de haber ordenado el plagio de unos seis autobuses de pasajeros que arribaron a San Fernando para trasladarlos a las casas de seguridad, donde eran torturados para obtener información y verificar si pertenecían alcártel del Golfo”.

El detenido declaró que los cuerpos sin vida de sus víctimas eran enterrados en diferentes fosas clandestinas de San Fernando, Tamaulipas, y varias de ellas fueron encontradas en abril pasado por autoridades federales.

Édgar Huerta Montiel tiene 22 años de edad, en 2008 ingresó al Ejército Mexicano, donde permaneció durante ocho meses y posteriormente desertó para unirse a la organización de Los Zetas, en donde comenzó su carrera criminal como informante en la ciudad de Morelia, Michoacán.

En 2010 El Wache fue asignado al grupo encabezado por Salvador Alfonso Martínez Escobedo, La Ardilla, para quien realizaba funciones de escolta personal y supuestamente éste le encomendó la revisión de autobuses de pasajeros.

El detenido cuenta con una orden de presentación y localización, la cual fue emitida por la Subprocuraduría de Investigación Especializada en Delincuencia Organizada (SIEDO), dentro de la averiguación previa PGR/SIEDO/UEIDICS/197/2011.

Huerta Montiel fue detenido con su pareja sentimental, Brenda Infante Acevedo, de 28 años, originaria del estado de Veracruz, quien también fue puesta a disposición de la procuraduría general.

Con esta aprehensión ya suman 86 personas las que han sido detenidas y a las cuales se les relaciona con las fosas clandestinas localizadas en el último año, de acuerdo con información de la dependencia.

Marisela Morales, titular de la PGR, felicitó a través de su cuenta de Twitter, 14 horas después de la conferencia de prensa, a la Policía Federal por la detención de El Wache.

17/06/2011

"Le Monde Magazine" : Mayas, autodestruction d'une civilisation

Un article passionnant sur l'effondrement de l'empire Maya classique, lu sur le site du Monde. J'espère que vous y trouverez autant de plaisir que moi. Bonne lecture.




Des pyramides gigantesques perdues dans la forêt pluviale ; des temples oubliés envahis par la végétation ; d'imposants blocs de calcaire renversés par les racines d'arbres centenaires. Les images d'Epinal de cités majestueuses reprises par la jungle et la nature sauvage en ont fait l'une des plus captivantes énigmes archéologiques. Pourquoi, vers 850 de notre ère, la civilisation maya classique a-t-elle sombré ? A quelle catastrophe ou quel enchaînement d'événements peut bien tenir ce qui nous semble la fin d'un monde ? En quelques décennies, les dynasties s'éteignent, des centaines de cités-Etats se vident de leur population, des régions habitées pendant un millénaire voient leurs habitants partir pour ne plus revenir. Le pourquoi et le comment de cet effondrement seront au cœur d'un colloque international organisé au Musée du quai Branly les 1er et 2 juillet, dans la foulée de l'exposition "Mayas, de l'aube au crépuscule".

Il faudra cependant plus d'un colloque pour trancher ces questions. Elles hantent les chercheurs depuis presque un siècle, sans qu'aucun consensus ne se dégage. Bien sûr, certaines théories n'ont plus guère de partisans : épidémies fulgurantes, "invasions barbares", tremblements de terre en série… Toutes les causes simples et exogènes sont désormais écartées de manière quasi certaine. Reste une combinaison de facteurs régulièrement invoqués : sécheresses en cascade, remise en cause du statut des rois, récurrence de conflits meurtriers entre les principales cités-Etats qui se partagent, via de complexes systèmes d'allégeance, la grande région centrée sur l'actuel Guatemala.

Chaque cité semble avoir vécu une agonie particulière. Ici, la guerre a été prépondérante. Là, une forte baisse des rendements agricoles a peut-être primé. Ailleurs encore, le détournement de voies commerciales a pu avoir son importance… "Mais le problème, à se dire qu'un grand nombre de facteurs régionaux ont ainsi été impliqués, c'est que nous avons quand même bien affaire à un effondrement généralisé, rappelle Dominique Michelet (CNRS, université Paris-I), qui a dirigé pendant une décennie les fouilles de Rio Bec, au Mexique. Toutes les cités-Etats des basses terres s'effondrent dans un laps de temps assez court. Il faut tenir compte du caractère global de ce phénomène." Manquerait donc au moins une pièce au puzzle.

Pour Richard Hansen (université de l'Idaho), "un effondrement est toujours causé par plusieurs facteurs". "Mais la particularité d'un tel effondrement est que la population, une fois qu'elle a quitté les centres urbains, n'y revient pas, ajoute l'archéologue américain. Cette absence de toute réinstallation ne peut être le fait que d'une dégradation de l'environnement : les gens ne reviennent pas simplement parce qu'ils ne le peuvent pas. Aujourd'hui, si personne ne retourne vivre à Tchernobyl, c'est parce que l'environnement ne le permet pas."

DES INDICES SAISISSANTS


Une jarre miniature remplie de perles et de coquillages a été découverte au pied d'un édifice de Naachtun. C'est une offrande d'abandon des lieux faite par les habitants.


Comment une ville se vide-t-elle ? Les fouilles franco-guatémaltèques menées depuis deux ans sur le site de Naachtun, dans l'extrême nord du Guatemala, commencent à donner quelques indices saisissants. Et assez contre-intuitifs. Dans la phase la plus tardive de l'occupation de la ville, entre 800 et 950 de notre ère, certaines populations, sans doute des familles nobles, se regroupent dans le centre de la cité, dans des habitations construites autour de plusieurs patios.

Un édifice de prestige – une pyramide quasi verticale d'une quinzaine de mètres de hauteur – surplombe ce complexe. Or, en la dégageant, les archéologues réalisent qu'elle n'est pas fonctionnelle : il y manque l'escalier qui doit permettre de monter au sommet, sur la plate-forme. Manque, également, le temple sommital. "Le bloc maçonné sur lequel devait s'appuyer l'escalier est bien là, mais la pose des marches n'a pas eu lieu", dit Dominique Michelet, qui a fouillé le secteur. Mieux : en dégageant la base de l'édifice, les chercheurs découvrent au pied de l'escalier inachevé, raconte Philippe Nondédéo (CNRS, université Paris-I), le directeur de la mission, "une jarre miniature en céramique, remplie de perles de coquillages spondyles". Cette manière de placer un objet de valeur au pied d'un édifice sur le point d'être abandonné relève d'un rituel bien connu des spécialistes : c'est une "offrande d'abandon", déposée dans le cadre d'un rituel, sorte d'ultime offrande au monument qui entre en déshérence. Non seulement le chantier de la pyramide n'a pas été mené à son terme, mais ses commanditaires en ont pris acte en l'abandonnant rituellement, selon la coutume.

"Cela signifie deux choses, explique Philippe Nondédéo. D'une part, les habitants n'ont pas quitté la cité dans la précipitation ou la panique : dans l'un des palais de la ville, nous avons aussi découvert de grands encensoirs, brisés dans le cadre d'un autre de ces rites d'abandon. D'autre part, au moment où ils semblent quitter les lieux, ils ont encore accès à des biens de grande valeur." Les presque cinq cents perles "offertes" à la pyramide inachevée proviennent en effet de la côte Pacifique, à quelque 500 kilomètres de là.

Ce n'est pas le seul élément indiquant la prospérité de la cité jusque tard dans son histoire. "On a également trouvé de l'obsidienne de Zaragoza et d'Otumba, gisements situés à plus de 1 200 kilomètres de Naachtun à vol d'oiseau !", ajoute Dominique Michelet. Des aiguillons de raie – utilisés dans les rituels d'autosacrifice, au cours desquels des nobles faisaient couler leur sang en se perçant la langue ou le pénis –, des céramiques importées, du jade, des meules en granit du Belize… Même à son crépuscule, Naachtun continuait de disposer de toutes sortes de biens précieux.

FUITES EN MASSE

A l'image de Naachtun, certaines villes semblent avoir été abandonnées en bon ordre. On part en ne laissant que peu de choses derrière soi. Ce n'est pas le cas partout ailleurs. Plus au sud, des régions semblent en proie au chaos qui suit de près les conflits armés. Dès le milieu du VIIIe siècle de notre ère, avant que ne s'effondre le reste de la région, les cités d'Aguateca, Dos Pilas et Cancuén sont ravagées par la guerre. Leurs populations fuient en masse.

"A Dos Pilas, la population démantela elle-même une grande partie de ses propres temples et palais dans une tentative désespérée d'ériger des barricades de pierre, mais en vain, car la cité fut détruite, écrit Arthur Demarest (université Vanderbilt), dans sa contribution au colloque. Non loin, le centre d'Aguateca se dressait sur un escarpement quasi imprenable, bordé, d'un côté, de falaises et d'un abîme, et, de l'autre, de kilomètres de murailles. Cette cité résista plus longtemps, mais finit par être prise et brûlée vers l'an 800." "Plus au sud, sur les rives du fleuve de la Pasión, le riche port de commerce de Cancuén, florissant entre 750 et 800, fut à son tour détruit, ajoute l'anthropologue américain. Son roi, la reine et plus de trente nobles furent assassinés dans un grand rituel à l'issue duquel leurs corps, revêtus de leurs plus beaux atours, furent déposés dans une citerne sacrée."

Entre Naachtun et Dos Pilas, Aguateca ou Cancuén, il semble n'y avoir rien de commun. D'un côté, une population riche qui certes se rétracte dans le centre de la ville, mais qui continue à jouir d'un certain luxe et semble quitter les lieux sans précipitation. De l'autre, la guerre, la mort, le chaos. A Naachtun, les hommes abandonnent la ville relativement progressivement ; ailleurs, les populations paraissent parfois s'être évanouies avec une incroyable rapidité. "Des études de densité de l'habitat ont suggéré qu'à partir de 830 environ, Tikal [l'une des plus grandes cités des basses terres] perd 90 % de sa population en moins de deux générations", illustre Charlotte Arnauld (CNRS, université Paris-I). Comment imaginer une cause sous-jacente, commune à des situations si radicalement différentes ?


Le sommet du temple du Jaguar, à El Mirador, la plus grande cité maya préclassique, tombée vers 150. Le bas de la pyramide se trouve 17 mètres sous la terre.Charles David Bieber/Fares 2005


Peut-être, pour comprendre la chute des Mayas classiques, faut-il remonter le temps de quelques siècles. Et analyser une autre crise, bien plus ancienne, celle de 150 après J.-C.. Car l'effondrement de la civilisation maya classique, vers l'an 850, n'est pour certains spécialistes rien de plus que la répétition d'un autre effondrement : celui de la période maya dite préclassique, commencée en 1000 avant J.-C.. Ainsi, lorsque Naachtun est désertée vers 950, d'autres cités alentour sont déjà abandonnées depuis huit siècles. Déjà ruinées et déjà partiellement recouvertes par la forêt. La crise des années 150 demeure toutefois localisée : elle est limitée à la région d'El Mirador, du nom du plus grand centre urbain de cette zone de l'extrême nord guatémaltèque, toute proche de Naachtun.

Qu'apprend-on de cet effondrement antérieur, celui des Mayas préclassiques ? D'abord que l'histoire des sociétés humaines n'est pas celle d'une croissance constante, d'une amélioration continue des réalisations techniques. Dans le monde maya, rien n'égalera en taille les monuments d'El Mirador, rien ne surpassera le gigantisme de son architecture. La pyramide dite La Danta, la plus grande du site, culmine à plus de 70 mètres. Elle excède en volume la grande pyramide égyptienne de Gizeh et compte au nombre des plus vastes édifices jamais érigés. Dans la région d'El Mirador, au cours de la période préclassique, tout semble avoir été construit à l'aune de cette démesure. Déjà, les grandes villes de la région – El Mirador, mais aussi El Tintal, Nakbe, Wakna – étaient connectées par "un réseau de chaussées pavées larges d'une vingtaine de mètres, surélevées de 4 à 5 mètres et qui pouvaient raccorder des centres distants d'une vingtaine de kilomètres", dit Philippe Nondédéo. A son apogée, El Mirador a pu compter des dizaines de milliers d'habitants.

STUC DESTRUCTEUR

Au milieu du IIe siècle, ceux-ci quittent les lieux en masse. Et n'y reviendront que très partiellement, après de longs siècles. Pourquoi ? "Je ne crois pas que la guerre puisse pousser les populations à partir et à ne jamais revenir : la guerre peut susciter un abandon momentané, pas un effondrement, estime Richard Hansen, qui fouille El Mirador depuis les années 1980. Pendant la seconde guerre mondiale, Dresde, Tokyo ont été bombardées, Hiroshima et Nagasaki ont chacune reçu une bombe atomique… Or toutes ces villes sont aujourd'hui assez bien peuplées !" Pour l'archéologue américain, il faut chercher ailleurs les causes de l'effondrement des Mayas préclassiques. "Il faut bien comprendre que ce qui a permis l'extraordinaire succès des Mayas, c'est leur système agricole, ajoute M. Hansen. Dans la région d'El Mirador, ils utilisaient la boue des marécages sur de grandes cultures en terrasse : ils pouvaient ainsi cultiver la même terre pendant des centaines d'années sans l'épuiser."

Selon l'archéologue américain, quelque chose est donc venu perturber cet astucieux système. Les fouilles montrent que les boues de matières organiques utilisées comme fertilisants sont aujourd'hui parfois ensevelies sous un à deux mètres d'argiles. De tels enfouissements des sols n'ont pu être provoqués que par l'érosion due à une déforestation massive. "Je pense que ce qui a suscité cette déforestation n'est pas l'agriculture, mais plutôt la production de stuc." Tout au long de la période préclassique, à mesure que les siècles passent, les parements de stuc qui recouvrent les murs des monuments, des maisons, voire le pavement des chaussées, s'épaississent. Les signes ostentatoires de richesse et de pouvoir de la classe dirigeante se paient en stuc. Donc en arbres. Car cet enduit, qui permet de recouvrir les maçonneries grossières, s'obtient au prix d'un long chauffage du calcaire, très coûteux en bois.


Une tête en stuc de l'époque classique. La production massive de ce matériau serait à l'origine de l'effondrement de la civilisation préclassique.Ricky Lopez Bruni/www.rickylopezbruni.com
Ce défrichage de grande ampleur aurait donc endommagé quasi irréversiblement l'environnement de la région, ruinant ainsi le système agricole qui assurait aux populations leur prospérité. Bien que localisé, cet effondrement des Mayas préclassiques préfigure-t-il celui intervenu sept siècles plus tard sur l'ensemble des basses terres ? De troublantes analogies existent. Comme sur le site de Copan, sur le territoire actuel du Honduras, où l'archéologue David Webster a montré que, dès le viiie siècle, les glissements de terrain dus à la déforestation ont peu à peu oblitéré les capacités de production des paysans aux abords de la cité. "C'est une situation que l'on ne retrouve pas forcément ailleurs et il ne faut donc pas généraliser", tempère Charlotte Arnauld. Mais, malicieusement, cette dernière fait remarquer que les derniers grands monuments de la période classique, érigés peu avant l'effondrement, sont constitués de petits blocs de calcaire, plus petits et bien mieux taillés que ceux utilisés dans les siècles précédents et bien plus soigneusement ajustés les uns aux autres.

"Peut-être précisément pour économiser le stuc", avance-t-elle. Et donc pour économiser le bois, signe qu'il commençait sérieusement à se faire rare… La déforestation massive pratiquée au cours de la période classique a sans doute eu d'autres répercussions. Sur les pluies : les climatologues savent aujourd'hui que l'absence de végétation peut entraver les précipitations. Des analyses de carottes sédimentaires ont montré qu'entre 760 et 910, quatre vagues de sécheresse de trois à neuf ans chacune ont frappé de vastes zones de l'aire maya. Or dans un système politico-religieux où le roi est le garant de la clémence des éléments, ces calamités à répétition ont peut-être déstabilisé les élites et engendré des troubles politiques.

FIN D'UN SYSTÈME

Des troubles dont l'une des plus saisissantes illustrations est une découverte faite par l'équipe dirigée par Charlotte Arnauld au début des années 2000, sur le site de La Joyanca, dans le nord-ouest du Guatemala. L'un des bâtiments, tout en longueur – plus de 50 mètres –, est juché au sommet d'un escalier qui conduit à une grande pièce. Sans doute s'agit-il d'une salle d'audience pourvue d'une banquette, située au milieu – de toute évidence celle du roi. Bâtiment politique par excellence, ce long édifice a connu des cloisonnements internes pendant son occupation (entre 750 et 850), jusqu'à comporter six pièces au milieu desquelles le souverain perd sa singularité. Donc sans doute une partie de son pouvoir. Lorsqu'ils dégagent l'édifice, les archéologues trouvent, dans la pièce centrale du roi, le squelette d'un homme, ou d'une femme, jeté là sans ménagement ni sépulture, vraisemblablement à dessein, avant que la banquette royale ne soit enlevée et le toit du bâtiment volontairement abattu…

S'agit-il du souverain ? Pourquoi aurait-il été tué ? "On ne le saura jamais, admet Charlotte Arnauld. Mais cela n'ôte rien à la violence des actes qui se sont déroulés là, dans une enceinte dévolue au roi." La fin de la période classique est aussi la fin d'un système de royauté sacrée. Au nord des basses terres centrales désertées, dans la péninsule du Yucatan où les Mayas feront revivre de grandes cités dès le XIe siècle, une nouvelle forme de gouvernance apparaît. Un système pour lequel un mot maya existe, multepal : "gouverner ensemble".




A voir "Maya de l'aube au crépuscule". Musée du quai Branly, 37, quai Branly, Paris-7e. Tél. : 01-56-61-70-00. Du 21 juin au 2 octobre 2011. Colloque "Sociétés mayas millénaires : crises du passé et résilience", au Musée du quai Branly. Les 1er et 2 juillet. Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Stéphane Foucart

La lucha sigue... la fiesta tambien!

Ce dimanche doit se tenir au Centre International de Cultures Populaires (CICP) à Paris une soirée de soutien avec les vidéastes zapatistes, à partir de 17h.
Depuis 1998, les zapatistes ont mis en place un système autonome de communication audiovisuelle. Pour gérer la production du tournage au montage final, ils sont aidés par l'association Promedios qui fournit du matériel et fait des ateliers dans les communautés zapatistes. Pourcontinuer sereinement ses activités, elle a besoin d'aide. En France, la distribution de films est en place :
PSYCHO SQUAT
(anarcho-punk 80's fondateurs de Maloka - Dijon)
CHICKEN'S CALL
(anarcho-punk hardcore - grenoble)
TULAMORT
(street punk hardcore - paname)
CICP 21 TER RUE VOLTAIRE 75011 PARIS
METROS : NATION / ALEXANDRE DUMAS



!!!ATTENTION!!!

Malheureusement, plusieurs collectifs et associations religieux et intégristes (Ligue de Défense Juive, Europe Israël) ont appelé à un rassemblement au coin de la rue volatire et du boulevard Philippe Auguste à 17h pour protester contre le départ d'une flotille pour Gaza depuis Marseille ce dimanche. Ils appellent leur rassemblement juste au dessus du cicp car il y a des associations palestiniennes au sein du CICP (mais il y a aussi l'Union de Juifs Français pour la Paix qui travaille avec Génération Palestine).
Il ne faut pas se leurrer, le bas de la rue Voltaire (boulevard voltaire) ainsi que le passage Dumas seront surement aussi occupés.


Ce rassemblement a été autorisé, et la police installera des barrages filtrants en haut et en bas de la rue Voltaire. Les contrôles et les fouilles seront donc certainement nombreux.
La CCC (Commission Contre-Culture), organisatrice de la soirée demande à tous les gens comptant venir au concert de soutien pour les zapatistes de:
- faire tourner cette info au maximum sur vos listes, forums, sites, blogs, concerts auxquels vous allez ou participez (prise de parole par exemple) pour informer un maximum de monde. Dès 17h le CICP risque d 'être quelque peu en état de siège même si rien n'est encore joué.
- de venir groupé et éventuellement plus tôt que 17h, donc plutôt vers 16h.
- d'éviter les
looks qui pourraient vous valoir quelques surprises (n'oublions pas que le chemin entre Nation, Alexandre Dumas, rue des boulets et le CICP risque de ne pas être sans embûches. On sait ce que signifient les mots "chasses au facies", "ratonnades", etc, puisque cela est déjà arrivé ces dernières années autour du CICP.
- tout le monde comprendra qu'une fois au CICP il faudra suivre les consignes du collectif et des militants présents quant au déroumlement de la soirée.


MAIS NOUS MAINTENONS CETTE SOIREE DE SOUTIEN AUX ZAPATISTES! LA LUCHA SIGUE!

14/06/2011

L'informatique libre

Un article lu avec plaisir dans Le Monde, où la parole est à un discours alternatif sur l'informatique libre. Un discours combatif qui fait du bien, et qui élargit le propos à d'autres domaines que les logiciels. Bref, bonne lecture.


"L'utilisateur doit contrôler le programme, pas l'inverse"

Richard Stallman est l'un des "pères" du logiciel libre, ces programmes dont le code source est public et modifiable. Militant pour une réforme radicale et globale du droit d'auteur, il revient sur l'évolution du monde du droit, de la technolog
ie et de l'informatique.

Dans certains secteurs, le logiciel libre que vous défendez semble avoir remporté la bataille : dans le domaine des serveurs, par exemple, la part y est écrasante.

Ces victoires ne sont pas permanentes. Le secteur le plus important pour la liberté des gens, c'est l'ordinateur personnel et le téléphone portable. Je n'ai pas de téléphone mobile : ces objets font de la surveillance. C'est inévitable, mais je ne veux pas que Big Brother sache où je suis. Le logiciel de ces mini-ordinateurs doit être libre, mais aucun modèle n'évite le logiciel privateur [ou propriétaire, c'est-à-dire non libre]. Même les téléphones sous Android utilisent un système privateur pour les signaux radio. Dans beaucoup de modèles, ce programme a aussi le contrôle du microphone et peut donc être transformé en système d'écoute. Le programme peut aussi se mettre à jour seul. Alors que dans mon ordinateur portable, même le BIOS [le niveau logiciel le plus fondamental d'un ordinateur] est libre.

Pourtant, le grand public est aujourd'hui assez sensible aux questions de respect de la vie privée. RIM, le constructeur des BlackBerry, en a fait un élément de marketing, et a même lancé une nouvelle campagne sous le slogan "et vos données personnelles restent personnelles"...

Mais c'est faux ! Plusieurs pays ont exigé de pouvoir accéder aux données privées des utilisateurs, en Inde par exemple. Et pour pouvoir continuer à vendre ses terminaux, RIM cède, comme ce fut le cas d'abord aux Emirats arabes unis. Comment les utilisateurs peuvent-ils dès lors être certains de ne pas être écoutés ? La seule solution, c'est d'avoir le contrôle total de son téléphone, et donc de se débarasser des logiciels privateurs.

Vous avez été très critique envers les pratiques des grands éditeurs de logiciels comme Microsoft ; pourtant, votre discours actuel est beaucoup plus centré sur les éditeurs de services, comme Google ou Facebook.

C'est un autre problème. Un service n'est pas un programme : beaucoup de personnes essayent d'appliquer les concepts de logiciel libre ou privateur aux services, mais c'est une erreur. Pour savoir si un service est dangereux pour ma vie privée ou mes données, il faut se poser deux questions : ce service peut-il abuser de données, nominatives ou non ? Et prend-il le contrôle de mon informatique ?

Les utilisateurs se posent souvent la première, mais pas la seconde. Il faut rejeter ce concept à la mode du "logiciel comme service" : la question n'est pas de savoir si les programmes utilisés par le serveur sont libres ou non. On peut vous donner accès au code-source de tous les programmes utilisés par un service, mais cela ne veut pas dire que son utilisation soit bonne pour vous. Si, dans tous les cas, l'utilisateur perd le contrôle de son informatique, en étant privé du droit de faire des copies par exemple, c'est une mauvaise chose pour lui.

Vous êtes d'ailleurs très critique envers les mesures techniques de protection (DRM), ces outils informatiques utilisés pour empêcher la copie ou l'utilisation non autorisée de fichiers. Ces dernières années, les DRM ont commencé à disparaître des MP3 vendus en ligne : est-ce que ce combat est gagné ?

Pas du tout, car les DRM reviennent sous une autre forme, avec Spotify et les autres systèmes de diffusion de musique en continu [streaming]. Ces systèmes utilisent des programmes clients privateurs, auxquels il manque une fonctionnalité pourtant triviale : la possibilité de faire une copie de sauvegarde des fichiers. Les éditeurs de ces services veulent que l'on pense que ce n'est pas une fonctionnalité naturelle, mais c'est leur choix de restreindre la liberté de l'utilisateur. Il disent qu'"il n'y a pas besoin de pouvoir copier la musique quand celle-ci est disponible partout et à tout moment", mais elle ne l'est pas : Spotify peut changer les conditions d'utilisation quand il le veut, et l'a bien montré en réduisant la durée d'écoute gratuite.

Comment est-ce que Spotify impose ces menottes numériques ? A travers un programme privateur, dont les utilisateurs n'ont pas le contrôle. C'est la seule manière d'imposer cette restriction : dans le logiciel libre, les utilisateurs ont le contrôle du programme, ils peuvent le changer. Dans un programme privateur, c'est le logiciel qui a le contrôle des utilisateurs. Un programme privateur est un joug.

Mais Spotify et Deezer ont aussi popularisé l'idée que l'on pouvait payer un forfait pour accéder à l'ensemble de la musique, un concept décrié comme irréaliste lorsqu'il avait été proposé par les défenseurs du mécénat global ou de la licence globale, comme vous.

Personnellement, je ne veux pas rémunérer les éditeurs de musique ; je pense que ces entreprises, qui ont acheté des lois draconiennes et injustes, et fait des procès pour des centaines de millions de dollars contre des jeunes, doivent être détruites. Les musiciens, en revanche, doivent être soutenus, mais je ne pense pas que la notion de rémunération soit juste. La rémunération suppose que nous aurions une dette pour avoir écouté un morceau, ce qui est faux.

Mais si nous désirons que les artistes créent, il est utile de les subventionner ; je veux soutenir ce que font les artistes, pas les entreprises. Je refuse de céder mon droit à partager de la musique. Cette liberté doit être respectée. Le soutien aux artistes peut prendre différentes formes : une subvention, par exemple, financée ou non par un impôt spécial, mais cela ne représenterait pas un budget important.

Dans ce système, comment distribuer les sommes de manière équitable ?

Je propose que la distribution se fasse en fonction du succès des œuvres, mais de manière non linéaire, pour ne pas donner trop aux grandes stars : dans ce système, la plus grande partie de l'argent servirait à soutenir les artistes qui connaissent un succès moyen ; les très grandes stars gagneraient plus, mais dans des proportions raisonnables.

L'autre système serait celui du paiement volontaire : si chaque reproducteur avait un bouton pour envoyer une petite somme aux artistes, beaucoup l'enverraient. Si c'est facile et bon marché, pourquoi ne pas le faire ? Les plus pauvres ne le feront pas, mais ce n'est pas grave. Il y a assez de personnes qui gagnent correctement leur vie pour que cela fonctionne.

Dans ses conclusions, le G8 de Deauville appelle pourtant les gouvernements à protéger davantage les ayants droit.

Les ayants droit sont des entreprises, et leur pouvoir est insupportable : il faut y mettre fin. C'est une excuse pour maintenir un système injuste et obsolète. Plutôt que les protéger, il faudrait les punir pour les attaques contre nos libertés dont ils sont responsables ! Le système du droit d'auteur a été établi pour la technologie de l'impression, dans le but de promouvoir les arts. Ce but reste valide, mais les moyens utilisés pour le faire ne le sont plus. Les ayants droit ont aujourd'hui des droits qui rappellent ceux de l'Ancien Régime, où l'on achetait des offices et des privilèges.

Le Royaume-Uni a amorcé un processus de réforme de son droit d'auteur. Une commission a proposé diverses recommandations, allant vers l'augmentation des droits des citoyens.

Je ne sais pas si le gouvernement suivra ces recommandations. Les six propositions qui ont été faites – cinq pour le droit d'auteur, une pour les brevets – vont dans le bon sens, mais cette commission partait d'un point de vue erroné : elle utilisait le concept de propriété intellectuelle, qui doit être rejeté car il mélange des choses qui n'ont rien à voir, le droit d'auteur et les brevets par exemple. La commission a évité ce piège et a considéré chaque loi indépendamment, et elle est arrivée à des recommandations intelligentes, même si elles ne vont pas assez loin. Le problème, c'est que la philosophie du gouvernement britannique est de soutenir d'abord les entreprises, avant ses citoyens.

L'une des suggestions est de ne pas étendre les brevets au domaine de l'informatique ; mais l'Union européenne est en train de le faire avec le brevet unitaire européen. Or, le tribunal d'appel pour les décisions de l'Office des brevets européens sera... l'Office européen des brevets, qui aura dès lors un pouvoir sans limites. C'est la porte ouverte aux brevets informatiques que la Commission européenne souhaite imposer.

Propos recueillis par Damien Leloup



03/06/2011

Sobriété heureuse

Paru ce jour sur le dite du Monde, ce chat avec l'agroécologiste et philosophe Pierre Rabhi. A lire et relire pour y découvrir la profondeur de la pensée de cet adepte de la sobriété heureuse, de la décroissance.

Pierre Rabhi :"Vivre sobrement, c'est une forme de libération"


DANS UN CHAT SUR LEMONDE.FR, PIERRE RABHI, PHILOSOPHE, AGRICULTEUR, CHANTRE DE LA "SOBRIÉTÉ HEUREUSE" ET DE LA DÉCROISSANCE, EXPLIQUE QUE "NOUS SOMMES DANS LE TOUJOURS PLUS, MAIS JAMAIS DANS UN RETOUR RÉALISTE À LA MODÉRATION".

Béa : J'ai déjà entendu parler de vous mais n'ai lu aucun de vos ouvrages. Qu'appelez-vous "la sobriété heureuse", que défendez-vous ?

Pierre Rabhi : Cela fait quand même une cinquantaine d'années que je suis en protestation, en quelque sorte, contre un monde et une modernité en particulier qui a cessé de donner de l'importance à la nature et à l'être humain pour donner de l'importance à l'argent, au lucre. La vision qui s'est instaurée, surtout à partir des préceptes de la modernité, a donné à l'être humain démiurge une sorte de pouvoir qui a fait qu'il a instauré un principe qui l'a de plus en plus séparé de la nature, avec une sorte de "hors-sol" appliqué à l'humain et une subordination du vivant.

Nous sommes dans la civilisation de la combustion énergétique, de l'accélération du temps par la thermodynamique, et d'une espèce de rupture grave par rapport à la réalité vivante. Et avec un souci qui n'est pas à la hauteur où il devrait être du destin collectif.

Ainsi, on a une planète avec une société inégalitaire, on a instauré une sorte de féodalité planétaire dans laquelle une minorité humaine accapare le maximum du bien commun au détriment d'une très grande majorité.

Celle-ci est de ce fait dans l'indigence. Les explosions actuelles sociales et toutes les protestations qui se multiplient sont révélatrices de ce malaise global. Il y a donc nécessité de mettre l'humain et la nature au cœur de nos préoccupations. Et tous nos moyens à leur service.

On m'avait poussé à me présenter à l'élection présidentielle de 2002, et notre manifeste mettait bien en avant la subordination du féminin, une éducation qui ne prépare pas l'enfant à avoir son équilibre propre mais à devenir un soldat de l'économie. On a concentré des êtres humains en ville au détriment de l'espace naturel, etc.

Nathnet : La nécessité d'une décroissance est pour moi une évidence ; je ne parviens néanmoins pas à imaginer quel chemin le monde tel qu'il est pourrait emprunter pour entamer cette décroissance. Quel pourrait être ce chemin ?

Le chemin commence déjà par soi-même. Il faut spécifier que pour ce qui me concerne, je ne suis pas seulement dans des théories générales, puisque quand nous avons décidé un retour à la terre en 1961, la question de la modération comme fondement social était l'un des paramètres complètement intégrés dans le projet. La question était : comment vivre sobrement de façon que l'être ne soit pas aliéné par l'avoir ? C'est une forme de libération.

L'autre élément à prendre en compte, c'est que, objectivement, nous n'avons pour vivre qu'une seule planète, cette planète recèle des ressources, ces ressources ne sont pas illimitées, il est donc indispensable que l'humanité s'ajuste à cette réalité.

Et là aussi, au lieu de voir notre planète comme une opportunité extraordinaire, belle et généreuse, nous la voyons comme un gisement de ressources qu'il faut épuiser jusqu'au dernier poisson, jusqu'au dernier arbre. C'est en quelque sorte la sacrifier à la cupidité et au lucre. C'est moralement totalement intolérable.

Stéphane : Ne croyez-vous pas que ce que vous proposez ne peut être accepté et vécu que par une toute petite minorité ? Et que la plupart des gens ne seront pas prêts à faire de grosses concessions par rapport à leurs modes de vie ?

Disons qu'il faut d'abord réajuster les choses. Les disparités mondiales sont considérables. Il y a à peu près un quart de la population mondiale qui est dans une forme de prospérité considérable, et les trois quarts qui sont dans l'indigence, la pauvreté ou la misère absolue.

Donc il y a nécessité d'un réajustement qui soit se fera par l'intelligence et une détermination, une nouvelle civilisation de la modération, soit par la violence.

Nous assistons aujourd'hui à des événements qui sont très significatifs de ce qui peut se généraliser. Et compte tenu du lien qui existe entre les nations, de l'interdépendance compétitive, on peut imaginer un drame planétaire.

Guest : Pensez-vous, si la décroissance devait se produire, qu'elle arriverait plutôt dans un mouvement lent et continu ou au contraire soudain, dû à une catastrophe ou épidémie quelconque amenant l'homme à une prise de conscience du réel ?

Il est temps de mettre en perspective la nécessité absolue de construire un nouveau paradigme sur la réalité que nous observons aujourd'hui. Je n'ai jamais critiqué les politiques pour ce qu'ils sont, ils sont comme tout le monde, empêtrés dans une logique d'une complexité telle qu'elle handicape même les initiatives positives.

Mais si j'ai un reproche à leur faire, c'est de ne pas mettre en perspective, justement, la logique de la modération.

Nous sommes dans le toujours plus, toujours plus, et nous ne sommes jamais dans un retour réaliste à la modération.

Ladigue : Attendez-vous quelque chose de l'Etat et des élections ? Prendrez-vous position pour la primaire écologique entre Eva Joly et Nicolas Hulot ?

FHamy : La candidature de Nicolas Hulot vous convainc-elle ?

Je suis très gêné de donner une réponse à ces questions, car je suis totalement convaincu que la politique, globalement, n'est pas du tout en phase avec les réalités du monde d'aujourd'hui et toutes les mutations gigantesques qui sont en train de se faire, ou ces séismes, pas seulement telluriques mais sociaux. Je ne crois vraiment pas que l'on puisse donner une réponse crédible et durable à l'Histoire sans mettre en question le paradigme de la croissance et de la puissance de l'argent.

Je pense que le monde politique comporte des êtres humains de conscience, mais la complexité du modèle risque d'handicaper leurs aspirations.

Je connais Nicolas Hulot, puisque nous avons écrit un ouvrage ensemble, j'ai beaucoup d'estime pour cet homme. Entre le Nicolas Hulot médiatique et le Nicolas Hulot dans l'intime, j'ai trouvé qu'il y avait une différence, et je suis touché par ce qu'il est en tant qu'être humain.

Donc je n'aurai pas de consigne à donner, je pense que chacun jugera. Par ailleurs, nous avons nous-mêmes, pour 2012, un projet qui mettrait en évidence tout l'effort que fait la société civile pour imaginer et inventer le futur.

Cela prendra la forme d'une sorte d'animation nationale où, avec notre organisation Colibri, nous essaierons d'inciter le maximum de groupes humains ou d'individus à mettre en évidence tout ce qu'ils font pour un changement de société.

Sur quatre critères : il faut changer de paradigme, mettre définitivement et résolument l'humain et la nature au cœur de nos préoccupations ; pour qu'il y ait changement de société, il faut qu'il y ait changement humain, d'où une autre éducation qui ne soit pas seulement dans la compétitivité, mais dans la complémentarité ; la reconnaissance du féminin comme étant une composante très importante de l'histoire et qui ne doit plus être subordonnée ; une belle civilisation de la modération, exalter la beauté de la modération ; quatrième critère, un peu plus délicat mais qu'on ne pourra plus continuer à évacuer : reconnaître le caractère sacré de la vie. Et sur ces critères, nous essayons de faire que ce manifeste ait bien toute cette créativité.

Nous n'entrerons pas, comme je l'ai fait en 2002, dans le rituel politique, les 500 signatures, etc., notre objectif n'étant pas de prendre une place politique, mais de donner la parole à tous ceux qui sont engagés dans la construction d'un monde différent.

Fabrice J : Est-ce que vous prônez également une décroissance démographique, on a du mal à voir comment l'on pourrait allier une décroissance économique et l'extraordinaire boom démographique actuel. Que préconisez-vous en la matière ?

C'est un sujet très désobligeant pour les peuples qui n'ont même pas à manger. Dire que, par exemple, la faim dans le monde est due au surnombre de la population, c'est une ineptie compte tenu qu'il y a 1 milliard d'êtres humains qui connaissent la famine, il y en a 3 milliards qui sont à peine nourris, alors que les ressources existent, alors que la nature a une capacité extraordinaire à la générosité. Je suis moi-même agroécologiste, et j'affirme que nous pouvons nourrir l'ensemble des êtres humains, à la condition que nous en ayons le souci.

On dit parfois que l'Afrique est pauvre ; or l'Afrique représente presque dix fois la superficie de l'Inde, c'est un continent où la population est relativement jeune, qui recèle toutes les richesses possibles, y compris des richesses inutiles que sont les diamants et tout le reste, et je crois qu'elle n'atteint pas le milliard d'individus. Comparée à l'Inde ou à l'Asie, elle serait sous-peuplée.

Donc je ne pourrai jamais admettre cette imposture, si l'on prend en compte les dépenses exorbitantes que nous faisons avec les armements, les destructions de toutes sortes, alors que nous négligeons notre devoir premier, qui est de prendre soin de la vie.

Arnaud : N'êtes-vous pas certaines fois découragé et lassé par la tournure des choses ? Pouvez-vous comprendre certains militants comme Paul Watson (ou José Bové dans une autre mesure) qui ont décidé d'être en protestation mais sous la forme d'actions directes contre ce qu'ils critiquent ?

Bien sûr, je ne suis qu'un être humain, avec mes humeurs, variables. Je pense que toute violence est de la violence. Je comprends aussi – évidemment je ne juge pas – qu'il puisse y avoir des états d'exaspération dans lesquels on ne voit pas d'autres expressions que celle de la réaction dite violente.

Donc je ne juge pas. Je sais aussi que je suis un insurgé depuis déjà cinquante ans, et la meilleure façon de m'insurger a été de tenter de construire d'autres choses, avec une autre logique. Ma réaction repose sur l'engagement pour la Terre – comment nourrir les êtres humains ? – et j'utilise donc l'agroécologie comme moyen d'agir.

Et je le fais avec toute la ferveur et l'énergie que je peux, au Nord, au Sud, et je suis dans une forme de satisfaction humble d'avoir, par exemple, permis à des milliers de paysans du Sud de se nourrir sans dépendre des engrais chimiques, des pesticides de synthèse, et donc de se libérer de l'aliénation qu'impose le système dominant aujourd'hui.

Je ne prétends pas être Dieu, mais je crois beaucoup plus à : comment faire autrement ? et non à la protestation toute simple. Mais je répète, je ne juge pas, je pense que les actions comme celles de José Bové vont contribuer à éveiller, mais chacun là où il est fait ce qu'il peut.

Cath26 : Je souhaite soumettre une idée : faire une proposition à tous les maires des petites communes rurales (et sous d'autres formes aux communes plus importantes) qu'ils mettent à la disposition d'un maraîcher sachant travailler en bio des terrains suffisants pour permettre de fournir les légumes à la cantine et fournir des paniers ou vendre la production sur le marché du village. Qu'en pensez-vous ?

Je ne peux que souscrire à cette idée. Sauf que la problématique aujourd'hui, de l'alimentation mondiale comme de l'alimentation nationale, devrait être traitée comme un des grands paramètres qui influeront sur l'avenir.

Il est absolument anormal qu'un pays vive de transferts et de transits de nourriture à coups d'énergie et sur des milliers de kilomètres, alors qu'un pays comme la France rentre dans la friche. Produire et consommer localement a toujours été pour moi une priorité.

Je m'y suis mis moi-même, d'ailleurs, je ne fais pas que le proclamer. Et la problématique alimentaire mondiale est en train d'entrer dans une phase où une pénurie mondiale n'est absolument pas à exclure.

Donc les initiatives locales sont les bienvenues, mais il faut un plan national qui puisse permettre de repenser de fond en comble cette problématique cruciale.

Le chat : Vous avez dit dans un article publié dans Rue89 qu'"avoir un morceau de terre pour se nourrir est un acte politique et de résistance."Pensez-vous que passer sa vie à cultiver sa terre pour se nourrir est un progrès pour l'homme ?

Non, il ne s'agit pas seulement de passer sa vie à cultiver la terre. J'ai cultivé la terre, même au plan familial, cela ne nous a pas empêchés d'être des musiciens pratiquants, d'écrire des ouvrages, et bien d'autres activités de culture générale. Par ailleurs, il faut surtout se garder de mépriser, comme on l'a trop souvent fait, le travail de la terre. C'est le métier le plus indispensable à la collectivité humaine.

Et c'est un métier qui ouvre à des connaissances absolument extraordinaires, à condition de le faire selon les critères de la vie et pas selon les critères de la chimie et du productivisme.

Mais je suis aujourd'hui en situation d'assumer ma vie avec d'autres activités, et je peux me passer de beaucoup d'activités, sauf celle de travailler la terre tant que je le pourrai, car c'est une source de joie absolument extraordinaire.

Mme Lily Maie Lang : Quel regard portez-vous sur le mouvement des Indignés qui se développe en Espagne et ailleurs ?

Je suis d'accord pour l'indignation, mais l'indignation ne peut pas rester que de l'indignation. Elle peut être source de violences. L'indignation doit être constructive, pas seulement dans la protestation. Je ne me sens pas innocent de l'organisation du monde actuel, donc je ne vois pas, d'un côté, les victimes, et de l'autre, les bourreaux. Ce n'est pas si simple.

Parce qu'il y a nécessité, comme je le disais, d'un changement profond des êtres humains pour que cette protestation puisse véritablement contribuer au changement de la société. Je ne peux pas me contenter de m'indigner et par exemple d'opprimer ma femme, mes enfants ou ma belle-mère...

Donc je n'ai pas de jugement particulier sur l'intention, mais il faut faire très attention à ce que cela peut induire, où finalement on instaure un ordre dans lequel il y a des victimes et des bourreaux. Je participe tous les jours à nourrir les multinationales, puisque je suis dans la consommation. Je pars plutôt du principe de responsabilité partagée que du clivage entre bourreaux et victimes.

Fabien : Pensez-vous qu'une agriculture toute biologique soit la réponse ? N'existe-t-il pas une agriculture "intermédiaire" entre l'agriculture biologique et l'agriculture intensive, qui pourrait prendre le relais de façon plus réaliste ?

John Foy : Comment faire pour changer la façon dont on pratique l'agriculture en France ?

Moi, je pense – et je l'ai prouvé partout – qu'on n'a vraiment pas besoin d'une agriculture qui nécessite des intrants chimiques de synthèse ni une mécanisation trop violente.

Tout cela procède d'une logique dans laquelle la pétrochimie internationale trouve des créneaux intéressants et lucratifs. Je pense vraiment que nous pouvons nous nourrir, nourrir l'ensemble de l'humanité, avec des méthodes écologiques.

J'ai écrit un ouvrage sur des expériences menées dans les zones sahéliennes, qui sont agronomiquement difficiles, et avec des résultats extraordinaires grâce aux méthodes écologiques. Cela a permis de libérer les paysans les plus démunis des intrants chimiques coûteux : il faut à peu près 2 à 2,5 tonnes de pétrole pour produire 1 tonne d'engrais, le pétrole étant indexé sur le dollar, tout paysan qui a recours à ces intrants se trouve intégré à la mondialisation. J'ai donc vu des communautés paysannes pauvres produire des denrées exportables, aboutir à la ruine parce que l'investissement reste relativement invariable et ensuite les produits – arachides, cacao – subissent la loi de l'offre et de la demande du marché, et c'est ce qui a contribué aussi à ruiner un nombre considérable de paysans.

Entre-temps, ils n'ont pas pu produire pour leur alimentation directe et ont été souvent contraints de migrer vers les villes. L'une des raisons de l'augmentation des populations urbaines est liée au fait qu'on ne les a pas aidés à se stabiliser sur leur sol. C'est pourquoi je suis absolument déterminé à poursuivre l'action que je mène depuis déjà une trentaine d'années. Nous avons pour répondre à cela créé une fondation, la fondation Pierre-Rabhi, pour la sécurité, la salubrité et l'autonomie alimentaire des populations.

Il n'y a que de cette façon que l'on peut, avec des techniques que nous maîtrisons, redonner à tous ces êtres souffrants et indigents la dignité, la capacité de répondre à leurs besoins et à ceux de leurs familles, sans aliénation.

Donc j'affirme encore une fois que l'agroécologie est la seule en mesure de répondre à la problématique de l'alimentation, avec des savoirs et des savoir-faire qui mettent en activité l'énergie de la vie elle-même telle qu'elle s'est organisée depuis les origines.

Léo : J'ai le sentiment en vous lisant que vous pronez un changement individuel (comportement, sens des priorités, alimentation, rapport au travail, etc) avant le changement collectif. Vous critiquez aussi le régime des empires commerciaux (corporatocraties). Mais ces empires ont-ils une chance de relâcher leur étreinte sans mobilisation collective ? Je comprends la nécessité des deux (mobilisation individuelle et mobilisation collective), mais comment articulez-vous les deux ?

Baptiste : Vous dites participer à nourrir les multinationales tous les jours, comme nous tous, par la consommation. Dans l'objectif du changement de paradigme que vous prônez, d'où doit venir le déclic ? Des multinationales (peu probables), des consommateurs (la consommation peut-elle être une action avec de véritables conséquences ?) ou bien du politique (vous n'y croyez apparemment pas) ?

Je dirais qu'aujourd'hui il y a deux choses : bien entendu, l'initiative individuelle, et les directives et les options politiques. Il faut les deux, sinon l'évolution ne peut se faire au rythme où elle devrait se faire compte tenu de l'urgence.

En fait, pour moi, tout se résume dans l'option que l'humanité a faite et qui n'est pas, comme je le disais, conforme à la réalité de la vie elle-même et des êtres humains, selon leur nature fondamentale.

Nous ne sommes pas sur cette planète pour produire et consommer indéfiniment pour le PIB et pour le PNB, nous sommes sur cette planète pour la comprendre, en prendre soin en prenant soin de nous-mêmes, et surtout, pour enchanter, pour admirer, pour que la vie ne soit pas un cauchemar, mais un rêve magnifique, poétique et qui nous accomplisse.

Chat modéré par Emmanuelle Chevallereau