"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

27/10/2010

Ne pas confondre communication et information

Salariés en grève à la raffinerie de Reichstett dans le Bas-Rhin. Vincent Kessler / Reuters


Depuis le début de la semaine, le gouvernement annonce dans les médias l'essoufflement du mouvement sur les retraites, la fin du conflit, etc. Il nous annonce notamment la levée des blocages de certaines raffineries. Étant donné l'importance, tant symbolique qu'effective, de ces piquet de grèves, qui ont servit de point de ralliement pour de nombreux manifestants, l'annonce de la reprise du travail dans ces raffineries sonnait comme un coup de massue pour beaucoup d'opposants à la réforme.

Tout paraît simple, clair et beau comme un ciel azur... Mais voilà, depuis qu'on nous sature d'information, le ciel n'est jamais azur que derrière un voile de matière bien trop grise.

Voici un texte trouvé sur Indymedia Nantes qui prend le contre-pied de la communication gouvernementale:

Les raffineries ne redémarreront pas !!!

Quelle surprise d'entendre sur France Inter : «Trois raffineries ont suspendu le mouvement et vont reprendre de l'activité». Alors que la veille, lors d'une visite aux grévistes de la raffinerie de Donges, la détermination était là, et aussi pour toutes les autres. Renseignement pris auprès d'un délégué CGT de la raffinerie de Donges, il s'avère que ça n'est pas prêt de repartir.

Petite explication… Il y en effet trois raffineries qui ont suspendu le mouvement. La raffinerie de Reichstett (Bas-Rhin), de la compagnie helvétique Petroplus, qui venait d’annoncer sa volonté de fermer définitivement le site pour le transformer en simple terminal pétrolier, supprimant au passage 253 emplois sur 255. Le mouvement a été suspendu suite à la garantie de la part de la direction de ne plus fermer le site ! La raffinerie est alimentée en pétrole brut par un pipeline qui vient du port pétrolier de Fos-sur-Mer, qui lui est en grève et ne lâche rien. La raffinerie ne peut donc pas redémarrer !

Deux raffineries du groupe Exon, une à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et une à Port-Jérôme (Seine-Maritime). Elles ont toutes les deux suspendu le mouvement après que la direction ait mis le paquet sur la table et leur ait proposé le paiement intégral des jours de grève !! Tout en sachant qu'elles ne pourraient pas redémarrer aussi. En effet celle de Fos est alimentée par le même terminal pétrolier de Fos-sur-Mer. Celle de Normandie est alimentée par l'entreprise SIM qui est également en grève et ne lâche rien!!

Les neuf autres raffineries (six du groupe Total, une Petroplus, deux Basell) sont toujours dans le mouvement contre la mise en place de la réforme des retraites !! La pénurie de pétrole ne s'éloigne pas. L'approvisionnement par bateau ne suffira pas à couvrir les besoins quotidiens. Ce n'est pas le moment de se faire duper par une presse mal renseignée et démobilisatrice !! Continuons à généraliser la grève, à durcir le ton et à soutenir les grévistes. Des caisses de solidarité circulent un peu partout, pour celle de Donges on en est à 30.000 €.

Méfiant de nature, surtout en ces temps où l'information (propagande/communication) est essentielle, j'ai rapidement fait un tour de la toile pour savoir où en était la reprise du travail à la raffinerie de Reichstett (racines alsaciennes obligent!). Le résultat est que selon le site de L'Usine nouvelle, si le mouvement a bien été suspendu, la raffinerie ne pourra pas redémarrer avant la fin de la semaine ou le début de la semaine prochaine. De plus, les salariés précisent qu'ils reprendront le mouvement, et de manière plus dure encore, si la direction revenait sur sa décision de ne pas fermer le site. Sur le site de L'Expansion, là aussi la date de reprise de l'activité évoquée est la semaine prochaine. L'article insiste également sur la spécificité du mouvement qui a touché Reichstett, puisque les salariés n'étaient pas en grève par rapport au projet de loi sur les retraites mais à cause de l'annonce de Petroplus de fermer le site.

Si le site a repris la distribution de produit depuis lundi, les activités de raffinage sont bel et bien encore arrêtées. On apprend toute fois dans Le Parisien et Le Figaro qu'aujourd'hui (27 octobre) des militants CGT de la raffinerie de Reichstett ont brièvement bloqué le site vers 8h30 dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites. Durant près de trois heures, ils ont empêché le va et vient des camions de livraison de produit raffiné. Maintenant qu'ils sont (un peu) rassurés sur l'avenir du site, les salariés de la raffinerie alsacienne entrent dans le mouvement contre la réforme des retraites. La reprise du raffinage ne semble pas encore pour demain.

En temps de crise l'information est un produit aussi explosif que l'essence...

Trop d'info peut aveugler... mais recouper, sélectionner peut éclairer!

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