"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

05/10/2010

Les dix stratégies de manipulation de masses

Le linguiste nord-américain Noam Chomsky a élaboré une liste des « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les média. Nous la reproduisons ici. Elle détaille l'éventail, depuis la stratégie de la distraction, en passant par la stratégie de la dégradation jusqu'à maintenir le public dans l'ignorance et la médiocrité.



1/ La stratégie de la distractionÉlément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversionconsiste à détourner l’attention du public des problèmes importants etdes mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce àun déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. Lastratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher lepublic de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domainesde la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, etde la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin desvéritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importanceréelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pourpenser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de «Armes silencieuses pour guerres tranquilles »


2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutionsCette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On créed’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaineréaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur desmesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser sedévelopper la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants,afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment dela liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire acceptercomme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlementdes services publics.


3/ La stratégie de la dégradationPour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquerprogressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cettefaçon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles(néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômagemassif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurantplus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué unerévolution s’ils avaient été appliqués brutalement.


4/ La stratégie du différéUne autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de laprésenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord dupublic dans le présent pour une application dans le futur. Il esttoujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrificeimmédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite.Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que« tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité.Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée duchangement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.


5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âgeLa plupart des publicités destinées au grand-public utilisent undiscours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrementinfantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateurétait un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera àtromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ?« Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans,alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaineprobabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critiqueque celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieusespour guerres tranquilles »


6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexionFaire appel à l’émotionnel est une technique classique pourcourt-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique desindividus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrirla porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs,des peurs, des pulsions, ou des comportements…


7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtiseFaire en sorte que le public soit incapable de comprendre lestechnologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et sonesclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieuresdoit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance quiisole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeureincompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armessilencieuses pour guerres tranquilles »


8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocritéEncourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire,et inculte…


9/ Remplacer la révolte par la culpabilitéFaire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, àcause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de sesefforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique,l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un étatdépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sansaction, pas de révolution!…


10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmesAu cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la scienceont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public etcelles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à labiologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système »est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la foisphysiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieuxconnaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Celasignifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grandcontrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individuseux-mêmes.


Article de l'Agence de Presse PRESSENZA.

Aucun commentaire: