"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

25/10/2010

Juarez... toujours et en coprs


AP/Raymundo Ruiz
Des policiers mexicains sur les lieux du massacré perpétré dans la nuit de vendredi à samedi, à Ciudad Juarez, au Mexique.


Nouveau massacre à Ciudad Juarez, une énième tuerie...

Vendredi soir, des jeunes organisaient une fête dans une maison, un lieu privé, parce que depuis longtemps maintenant il n'est plus possible de sortir en boîte, ou ailleurs en ville, dans les lieux publics. Mais comme souvent depuis le début de l'année, un commando armé est arrivé et a commencé à tirer. Entre douze et vingt morts selon les sources.

Une fois encore les autorités se sont empressées de mettre la tuerie sur le compte des cartes de la drogue. Comme toujours, les médias d'ici et d'ailleurs s'empressent de reprendre le décompte morbide des règlements de compte entre cartels, ou entre l'armée, la police et les trafiquants. Plus de 28000 morts depuis l'arrivée au pouvoir de Calderon en 2006. Plus de 6000 morts pour la seule ville de Juarez. Mais presque jamais ils ne remettent en cause la version officielle.

L'article du Monde est d'une légèreté terrifiante quand on sait que ce genre de massacre est de plus en plus courant à Juarez. Libe après avoir publié le même article repris de l'AFP propose plusieurs article ce lundi sur le sujets (articles que je n'ai pas pu consulter car réservés aux abonnés), mais dont les titres et les accroches ne laissent rien augurer de bon puisqu'ils semblent une fois encore reprendre la version de la guerre contre la drogue. Le Figaro, dans un article un peu plus détaillé en remet une couche sur la guerre entre cartels. Seul un reportage de RFI a donné à entendre un autre son de cloches, parlant d'une guerre visant à vider Ciudad Juarez de ses habitants afin de laisser le champ libre aux cartels. Quand on sait que plus de 10000 commerces ont fermés, que plus de 100000 habitations ont été abandonnées c'est une théorie qui a un certain intérêt.

Mais de plus en plus de gens, de militants politiques, d'associations de Ciudad Juarez parlent ouvertement d'escadrons de la mort. Quand les attaques se concentrent sur les lieux de vie nocturnes, sur les jeunes, sur les lieux d'attention aux drogués, beaucoup y voient bien plus que des dommages collatéraux de la guerre de Calderon et y voient un nettoyage social...

La guerre à la drogue a bon dos, mais on ne peut décemment pas porter crédits aux allégations d'un gouvernement juge et partie dans cette affaire. L'impunité, la corruption et la (double-)morale qui régent ici au Mexique, contribuent à rendre crédible un nettoyage social sous couvert des affrontements entre les forces de l'ordre et les cartels.



ps: aujourd'hui (mardi 26 octobre) les articles de Libé étaient accessibles à tous. L'article d'analyse fait moins de 300 mots! Je ne dois pas avoir la même conception de l'analyse que Libé...

Aucun commentaire: