"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

03/09/2011

Semaine noire au Mexique


Voici la traduction du texte de José Gil Olmos publié par Proceso le 31 août dernier. L'auteur y analyse l'impact sur l'Etat d'esprit de la société mexicaine des deux attentats survenus la semaine dernière au Mexique. Il décrit également la tentation autoritaire du gouvernement Calderon en réponse à l'escalade de la violence criminelle. Il défend aussi l'idée que seule une mobilisation citoyenne peut influer positivement sur la situation mexicaine.
Bonne lecture


Semaine noire
La 34e semaine de l'année en cours restera comme l'une des plus tragiques pour le pays, non seulement pour les plus de 80 morts comptabilisé, mais pour les deux événements ayant profondément marqué la société : la terreur au stade de foot de Torreon et l'attentat au casino Royale de Monterrey.
Les experts de l'attention aux victimes et en sécurité publique ont remarqué que ces deux événements, ajoutés à la tragédie des milliers de morts et de disparus de ces cinq dernières années, ont laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective car il s'agit d'attentats dans des lieux publics de divertissement.
A quelques jours d'intervalles, la violence du crime organisé s'est manifestée au stade et au casino, provoquant une expression de terreur et de peur de masse, comme jamais encore ces dernières années dans tout le pays. Avec ces deux événements, la violence a atteint un niveau de danger pour la société, démontrant une nouvelle fois l'échec de la guerre contre le crime organisé déclarée par Felipe Calderon et le pouvoir croissant des groupes criminels, qui ont surpassé les forces armées et de police.
Mais le danger pour la société n'est pas de confirmer les hauts indices d'insécurité, mais la fragilité et la vulnérabilité dans laquelle elle se trouve et les effets à court et long termes qu'elles auront sur l'humeur collective.
La peur, l'insécurité, la terreur et la sensation d'abandon qui grandissent chez les gens ont d'autres effets plus dangereux, comme l'immobilisme et la désespérance sociale.
Cette paralysie et cette passivité pourraient être utilisées par ces mêmes bandes criminels pour renforcer leur empire de terreur, déjà prégnant dans certaines régions du pays, mais aussi par les groupes du pouvoir politique désireux d'instaurer un régime autoritaire, de type militaire ou policier, afin d'imposer l'ordre sur le territoire national.
Preuve en est faite par Calderon, qui immédiatement après l'attentat au Casino Royale de Monterrey a demandé au Congrès de la République d'approuver la Loi de Sécurité Nationale, qui prétend faciliter l'intervention des forces armées dans des tâches de sécurité publique.
La tentation de l'autoritarisme, de la main dure, de la force, avant l'intelligence, voilà ce qui se trouve derrière cette proposition de loi, qui donnerait plus de latitudes au président de la République pour envoyer des troupes militaires lorsqu'il juge qu'il s'agit d'une situation d'urgence nationale, non plus en matière de catastrophes naturelles, mais pour des raisons éminemment sociales ou de sécurité publique.
Ce qui favorise ces groupes du pouvoir politique ou criminel c'est une société impavide, engourdie, effrayée ou terrorisée.
Une société dans cet état d'esprit est une proie facile pour n'importe quel groupe violent ou autoritaire qui n'argumente pas, mais qui exerce la violence pour obtenir ce qu'il veut : plus de contrôle social et territorial.
Ce sont peut-être les effets les plus dangereux des deux attentats perpétrés la semaine passée, c'est pourquoi il est important de mettre en lumière les mobilisations qui ont eu lieux à Monterrey, où la société n'est pas encline aux protestations publiques.
Les mobilisations et la présence des organisations sociales sont importantes dans ces moments où la peur et le désespoir gagnent du terrain. Ce sont les seules moyens d'expression de la société pour essayer d'influer sur la baisse de la violence, qui à la manière de l'humidité s'est infiltrée dans les foyers.
S'il n'y a pas d'expression et de mobilisation sociale, si le conformisme et l'apathie gagne l'esprit social, nous verrons ces prochains mois augmenter la terreur et la violence, et les élections présidentielles de 2012 ne serviront à rien, peu importe qui arrive au pouvoir, car dans les faits ce sont les groupes du crime organisé qui gouverneront.

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