Voici la traduction du texte de José Gil Olmos publié par Proceso le 31 août dernier. L'auteur y analyse l'impact sur l'Etat d'esprit de la société mexicaine des deux attentats survenus la semaine dernière au Mexique. Il décrit également la tentation autoritaire du gouvernement Calderon en réponse à l'escalade de la violence criminelle. Il défend aussi l'idée que seule une mobilisation citoyenne peut influer positivement sur la situation mexicaine.
Bonne lecture
Semaine noire
La
34e semaine de l'année en cours restera comme l'une des plus
tragiques pour le pays, non seulement pour les plus de 80 morts
comptabilisé, mais pour les deux événements ayant profondément
marqué la société : la terreur au stade de foot de Torreon et
l'attentat au casino Royale de Monterrey.
Les
experts de l'attention aux victimes et en sécurité publique ont
remarqué que ces deux événements, ajoutés à la tragédie des
milliers de morts et de disparus de ces cinq dernières années, ont
laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective car il
s'agit d'attentats dans des lieux publics de divertissement.
A
quelques jours d'intervalles, la violence du crime organisé s'est
manifestée au stade et au casino, provoquant une expression de
terreur et de peur de masse, comme jamais encore ces dernières
années dans tout le pays. Avec ces deux événements, la violence a
atteint un niveau de danger pour la société, démontrant une
nouvelle fois l'échec de la guerre contre le crime organisé
déclarée par Felipe Calderon et le pouvoir croissant des groupes
criminels, qui ont surpassé les forces armées et de police.
Mais
le danger pour la société n'est pas de confirmer les hauts indices
d'insécurité, mais la fragilité et la vulnérabilité dans
laquelle elle se trouve et les effets à court et long termes
qu'elles auront sur l'humeur collective.
La
peur, l'insécurité, la terreur et la sensation d'abandon qui
grandissent chez les gens ont d'autres effets plus dangereux, comme
l'immobilisme et la désespérance sociale.
Cette
paralysie et cette passivité pourraient être utilisées par ces
mêmes bandes criminels pour renforcer leur empire de terreur, déjà
prégnant dans certaines régions du pays, mais aussi par les
groupes du pouvoir politique désireux d'instaurer un régime
autoritaire, de type militaire ou policier, afin d'imposer l'ordre
sur le territoire national.
Preuve
en est faite par Calderon, qui immédiatement après l'attentat
au Casino Royale de Monterrey a demandé au Congrès de la République
d'approuver la Loi de Sécurité Nationale, qui prétend faciliter
l'intervention des forces armées dans des tâches de sécurité
publique.
La
tentation de l'autoritarisme, de la main dure, de la force, avant
l'intelligence, voilà ce qui se trouve derrière cette proposition
de loi, qui donnerait plus de latitudes au président de la
République pour envoyer des troupes militaires lorsqu'il juge qu'il
s'agit d'une situation d'urgence nationale, non plus en matière de
catastrophes naturelles, mais pour des raisons éminemment sociales
ou de sécurité publique.
Ce
qui favorise ces groupes du pouvoir politique ou criminel c'est une
société impavide, engourdie, effrayée ou terrorisée.
Une
société dans cet état d'esprit est une proie facile pour n'importe
quel groupe violent ou autoritaire qui n'argumente pas, mais qui
exerce la violence pour obtenir ce qu'il veut : plus de contrôle
social et territorial.
Ce
sont peut-être les effets les plus dangereux des deux attentats
perpétrés la semaine passée, c'est pourquoi il est important de
mettre en lumière les mobilisations qui ont eu lieux à Monterrey,
où la société n'est pas encline aux protestations publiques.
Les
mobilisations et la présence des organisations sociales sont
importantes dans ces moments où la peur et le désespoir gagnent du
terrain. Ce sont les seules moyens d'expression de la société pour
essayer d'influer sur la baisse de la violence, qui à la manière de
l'humidité s'est infiltrée dans les foyers.
S'il
n'y a pas d'expression et de mobilisation sociale, si le conformisme
et l'apathie gagne l'esprit social, nous verrons ces prochains mois
augmenter la terreur et la violence, et les élections
présidentielles de 2012 ne serviront à rien, peu importe qui arrive
au pouvoir, car dans les faits ce sont les groupes du crime organisé
qui gouverneront.
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