"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

27/10/2011

Identité in(dé)finie


Voici 4 nouvelles écrites avant "Identité fantôme". Au départ, ce devait être une série d'histoires croisées autour de la notion d'identité et de ses limites. Finalement seule Identité fantôme a abouti et a été publiée dans le premier numéro du fanzine à bloc!
Bonne lecture.

Terre-Mère
Une lumière bleue diffuse douchait le laboratoire. Sur la longue table carrelée trônaient méthodiquement éprouvettes, pipettes, bec bunsen, microscope et leurs pendants virtuels. Sur les moniteurs, des confettis colorés et des courbes ondulantes disaient le génome humain. D'une voix douce, Geneviève commanda l'extinction des feux et se dirigea vers son bureau. Il était tard et elle ne rêvait que de rentrer chez elle. Elle s'affala dans son fauteuil et bascula vers l'arrière. Son ventre la tirait. La lumière était ici bien plus chaude que dans le labo. Elle commença a caresser son abdomen. Elle se sentait las. « Là, petit bourgeon. Je suis là. Ça y est, on est en week-end, on va pouvoir se détendre. Qu'est-ce que tu en penses ? » Sa main décrivait de vastes cercles sur son ventre proéminent et dans un mouvement similaire, son esprit tentait d'englober ce qu'elle était. « Je suis là, avec toi. Tu es avec moi, en moi, même. Tu n'es pour l'instant qu'un petit amas cellulaire qui grandit, une extension de mon corps. Mais ensuite tu auras ta propre existence. Et moi... qui suis-je ? J'ai parfois l'impression que mon corps ne m'appartient plus. Plus encore que lorsqu'il commande à ma volonté. Je me perds, mais heureusement tu es le sens vers lequel tendent mes pensés. »
Soudain affleura à sa conscience l'image d'Arno, elle ouvrit les yeux et une fenêtre sur le virtuel s'incrusta sur la réalité. Elle bascula l'appel sur le mur en face de son bureau. Arno apparut. « Salut ! Oui, ça y est... Si tu veux... ce soir ? Ok, mais laisse-moi deux petites heures, je suis épuisée et j'ai besoin de me détendre un peu. Hum, d'ac, 10h chez moi. A tout' .»
« Ça me fait toujours bizarre, Madame, de vous voir parler avec Monsieur, de le voir mais de ne pas l'entendre, lui. »
La femme de ménage était entrée sans que Geneviève ne la voit. « Bonjour Gaïa. Comment vas-tu ?
  • Bien, merci Madame. Et vous, comment allez-vous ? Comment va le petit ? Il grandit bien ?
  • Oui, nous allons très bien, je te remercie.
  • J'en suis heureuse. Et Monsieur ?
  • Gaïa, combien de fois je t'ai dit de ne pas l'appeler comme ça. Nous ne sommes pas marié.
  • Mais il est le père de votre enfant.
  • Non Gaïa, j'ai été inséminée artificiellement. Ici, on ne fait plus les enfants comme sur Terre.
  • Mais vous allez l'élevé avec lui.
  • Non, sur Mars les femmes ne vendent pas leur corps à leurs maris. C'est nous qui choisissons les hommes avec lesquels on veut coucher ou vivre. Nous vivons séparément et nous nous côtoyons par affinités électives. En aucun cas cet homme n'influera sur l'éducation de mon enfant.
  • C'est très différent chez moi, Madame. Sur Terre, on aime...
  • Et on se déteste ! On se déchire.
  • Bien sûr. Mais on forme une famille, une chaîne. C'est un lien qui existe malgré nous. On choisit ses amis, on fait avec sa famille, on compose et on apprend à cohabiter avec la différence. Comme pour les gènes que vous étudiez de si près Madame, chaque partie du couple apporte son héritage, son influence. Comme un brassage culturel, en quelque sorte. C'est bon pour l'ouverture sur le monde.
  • Non, ça ne fait que perturber l'enfant. Il se retrouve à gérer des contradictions alors que nous tous, aspirons au consensus. Je crois que c'est une avancée considérable pour les enfants de n'être élevés que par la mère. Après tout, au niveau cellulaire, l'ovule apporte bien plus que le spermatozoïde. Toute la mécanique de la cellule provient de la mère. Le père n'apporte qu'un complément génétique.
  • Il apporte aussi, si on caricature, le mouvement, Madame, il serait le nomade quand nous sommes, nous femmes, le sédentaire.
  • Tu me surprends Gaïa.
  • Pourquoi ? Je suis sans-papiers, pas sans instructions.
  • Bien sûr, mais...
  • Vous pensiez que je faisais des ménages par vocation ?
  • Non, bien sûre.
  • J'étais titulaire d'un doctorat en littérature espagnole sur Terre. Madame ! La guerre m'a poussé à l'exil et l'exil a fait de moi une « technicienne de surfaces », comme on dit ici. Les lettres ne sont sur votre planète que mortes, balayées par les vents, comme le sable rouge.
Gaïa était native de la Terre, une terrienne comme on disait avec dédain quand on avait eu le privilège de naître sur Mars. Geneviève regarda cette femme dont la peau avait la couleur de la Terre. Son visage était une fenêtre ouverte aux autres. Ses yeux pétillaient de malice. Pourtant Gaïa était une ombre dans la vie du labo... La plus part des collègues de Geneviève ne la voyait même pas. Elle arrivait le soir, quand les chercheurs, les savantes regagnaient leur foyer. Gaïa côtoyait une réalité que la plus part des martiens avait délaissé, lui préférant les rives d'un monde virtuel. Elle s'était redressée, les mains jointes sur le manche de la serpillière.
  • Excusez-moi Madame. Je vais vous laisser.
  • C'est moi qui te demande pardon, je ne voulais pas te... je ne voulais pas vous blesser.
  • Vous pouvez continuer à me tutoyer.
  • Si tu en fais autant.
  • Très bien, madame. Au Mexique, quand on se salue, on se donne du Licenciado, Maestro... J'avais toujours trouvé cette manie un peu pédante. Vous venez, tu viens de me démontrer que dans certaines circonstances elle peut se révéler utile... Madame. - Son sourire se fit franc – La situation pourrait parfois être cocasse. Imaginez l'un de vos étudiants devoir dire Docteur à la femme de ménage.

Coeur serré




Gaïa sortit un vieux Multicom' de sa poche, s'excusa et sortit. Geneviève jeta un œil à son bureau, ramassa son sac et sortit. Elle dépassa la terrienne, ses sourcils étaient froncés, elle portait sa main devant sa bouche. Geneviève arrivait à la porte qui donnait sur le patio lorsqu'elle entendit un cri qui lui glaça les sangs. Elle se précipita et trouva Gaïa à genoux, son visage était plus gris que celui d'un martien bon teint.

  • Qu'est-ce qui se passe ? Ça ne va pas ?
  • C'était l'hôpital. Mon frère vient d'avoir un accident. Ils... Ils m'ont dit que c'était très grave.
Geneviève proposa de l'accompagner. Gaïa accepta. Elle appela une amie pour qu'elle la remplace pour ses ménages de la nuit. Puis elle contacta son agence pour lui expliquer la situation. Elle montèrent dans l'autoplane de Geneviève qui demanda au pilote automatique de les conduire à l'hôpital de Kepler Town.
Gaïa, qui pour la première fois était apparu à Geneviève comme une femme douée d'intelligence pleurait maintenant sans retenue. Geneviève aurait voulu avoir l'excuse de piloter son autoplane pour masquer son malaise. Elle mit la radio. Son doigt faisait glisser sur la fenêtre virtuelle les pages des radios. Elle ne savait pas quelle genre de musique convenait à une terrienne... ni à de telles circonstances. Elle opta donc pour le flash info de VL Radio, la voix lactée de Mars. Gaïa prit la main de Geneviève et la serra fort. Geneviève voulut la retirer mais la terrienne la tenait. Ces manières étaient si tactiles... si corporelles, charnelles. Geneviève lui demanda ce qu'avait dit le médecin. Mais il n'avait fait qu'évoquer un accident grave. Le pronostique vital était engagé avait-il expliqué après que Gaïa se soit présentée comme la sœur du blessé. Geneviève et Gaïa survolaient le cratère autour duquel l'humanité avait construit sa première cité extraterrestre. Au-dessus d'elles, une bulle gigantesque recouvrait ce jardin martien d'où les premières herbes devraient dans quelques décennies partit recouvrir de leur vert, le sable rouge de Mars.
Lorsqu'elles arrivèrent à l'hôpital, le médecin qui les reçut expliqua que Jeronimo était en état de mort cérébrale. Il demanda également à Gaïa si son frère lui avait fait part de son opinion sur le don d'organe. Les médecins souhaitaient prélever le cœur de Jero pour sauver la vie d'un autre. Mais Gaïa ne voulait pas comprendre que l'état de son frère ne laissait guère de doutes sur ses chances de récupérer. Elle feignait de ne pas comprendre que la mort cérébrale signifiait la mort de l'individu... ne reste que la chaire, un robot biologique tout juste capable de gérer l'essentiel. Elle sortit avec Geneviève et elles se dirigèrent vers la chambre où était maintenu en vie le jeune terrien. A travers la vitre Gaïa vit Jero couché dans un lit, des tuyaux, des câbles le reliaient à de nombreux appareils. Son crâne était comme celui d'une momie, enroulé dans de larges bandes blanches où perlaient quelques auréoles rouges. Elles entrèrent. Gaïa s'effondra, prit dans les siennes la main de Jeronimo.
  • Il est encore vivant, n'est-ce pas ?
  • Son corps l'est... mais ton frère est mort Je suis vraiment désolée.
  • Mais son cœur bat. Et, regarde-le, ses doigts se crispent je le sens.
Chacun de ses mots mouraient dans les larmes du précédent. Elle se moucha.
  • Gaïa, ton frère est mort, mais il peut encore faire un geste magnifique en offrant à un autre la vie.
  • Vous dites ça parce que c'est un terrien ! Le docteur veut juste sauver un martien avec le cœur de mon frère.
  • Je ne le crois pas... je ne suis pas certain que le médecin qui s'occupe de ton frère sache à qui sera donné le cœur. Mais de toue façon, ça ne change rien à l'état de Jeronimo.
  • Mais si on prend son cœur et qu'on le donne à quelqu'un d'autre, est-ce que mon frère vivra d'une certaine manière en lui ?
  • On peut voir ça comme ça.
  • Cet autre m'aimera-t-il comme mon frère m'a aimé ?
  • Non, ce qui est donné c'est un organe, une pompe. Cet homme, ou cette femme, pourrait te croiser dans la rue sans que rien ne te distingue des autres milliers de personnes qu'elle croise quotidiennement.
  • Mais il aura son cœur... le cœur de mon frère rythmait nos rencontres, nos émotions.
  • Le cœur n'est pas le siège des émotions et il n'a pas de mémoire propre. La décision t'appartient Gaïa. Si tu refuses de donner le cœur de ton frère personne ne pourra t'en vouloir.
Tout d'un coup, l'image d'Arno s'incrusta dans son esprit. Une fenêtre s'ouvrit, Geneviève s'excusa et passa la porte pour sortir répondre. Elle sortit de la zone de soins intensifs et retira la combinaison, les chaussons et les jeta. Dans la salle d'attente des dizaines d'hommes, de femmes attendaient, les yeux rivés sur les écrans qui diffusaient en direct les flash infos de la soirée. « Le gouvernement de Mars a décidé d'organiser un vaste débat auquel chaque citoyen aura le droit, mais aussi le devoir, de prendre part. Ces débats doivent permettre de faire émerger les caractéristiques de l'identité martienne. Mais surtout, ce débat donnera au gouvernement une légitimité nouvelle dans sa politique vis à vis des flux migratoires en provenance de la Terre. Le président a déclaré lors de la conférence de presse que... »

Coeur combattant
L'infirmier ordonna à l'écran de s'éteindre. « Non, qu'est-ce que vous faites ! Laissez-moi suivre les news. Je suis votre client, vous devez m'obéir! » Le médecin qui venait d'entrer répliqua qu'il était un client un peu particulier, comme un daltonien obligé de laisser toute latitude à son tailleurs pour les couleurs. « Ne vous énervez pas, je ne vais pas vous embêter longtemps monsieur Bloodwrite. » conclut le doc en rallumant l'écran dont il coupa le son. La visite ne dura pas plus de 5 minutes.
Le corps réagissait parfaitement. Le cœur battait convenablement. Aucun signe de rejet. Les questions du docteur faisaient au vieil homme l'effet d'un essaim de mouches bourdonnant au-dessus de sa tête. Le doc avait une face de grenouille avec ses lunettes rondes et anachroniques. A chaque réponse de ses patients il s'humectait les lèvres. Ce qui laissait à Mr Bloodwrite l'impression que son médecin venait d'attraper une mouche d'un coup de langue véloce. En sortant le doc lui annonça la venue d'un psy. « Ne vous inquiétez pas, c'est dans l'ordre des choses après une greffe. Vous devez avoir de nombreuses interrogations, essayez de mettre un peu d'ordre et parlez-en avec lui quand il viendra. »
Le vieil homme se retrouva seul. Les images d'une vague géante qui submergeait une région côtière sur terre déferlaient sur l'écran et semblaient tout emporter sous son crâne. Il pleura.
Ce cœur qui battait en lui n'était pas le sien. Il venait d'un mort. Il avait tant espérer un nouveau cœur, qu'il lui semblait avoir parfois souhaité la mort d'un homme. Mais les médecins l'avaient condamné, son vieux cœur pouvait le lâcher à n'importe quel instant. Il était un mort en sursis sauvé par un condamné ferme. Il se sentit vieux mais pensa aussitôt que ce cœur n'avait pas l'âge de ses artères. Il n'avait jusqu'à présent jamais prêté attention à son cœur... maintenant il avait la sensation de le sentir battre en lui, parfois jusqu'à la démangeaison. Cet organe n'était pas le sien, il ne battait pas de la même manière. Il n'avait même pas les mêmes gènes. Ce cœur était-il celui d'un homme ? d'une femme ? Non, pas une femme ! Bloodwrite refusait cette éventualité. Il se rassurait en se disant que si ce cœur avait été celui d'une femme, ou pire encore d'un terrien, son corps l'aurait rejeté. Mais ses démangeaisons n'étaient-elles pas les signes avant-coureur d'un rejet, d'un échec de la greffe... de sa propre mort, inéluctable ? Le doc semblait pourtant satisfait. Pas de rejet, avait-il dit. Une bouffée d'air lui arracha un cri, comme un nouveau-né respirant pour la première fois... ou la seconde ? Car c'était une véritable renaissance, une deuxième vie qu'on lui avait offerte. Ou peut-être une vie à deux ? Était-il possédé par l'autre... celui qui essayait de vivre en lui, de survivre à travers lui. Mr Bloodwrite avait depuis plusieurs jours des réflexions qu'il n'avait jamais eu auparavant. Ce cœur pouvait-il lui souffler d'autres idées, des pensées étrangères ? Et si ce cœur prenait possession de tout son corps ? Si il ne devenait, lui, que la greffe qui donnait chair à ce cœur ? Si le cœur changeait la partition du corps, si son rythme propre s'effaçait sous celui du cœur du mort, faisant de lui l'écho lointain de l'autre ? Qui était le donneur, l'infortuné qui en perdant la vie la lui avait donnée ? Qui était-il ?
« je veux savoir ! Vous ne pouvez pas me cacher son identité ? Docteur, aidez-moi ! Je veux savoir... Peut-être pourrais-je aider sa famille ? »
Le vieil écrivain avait tenté de perdre le médecin dans les recoins de ses pensées, espérant ainsi l'amené à lui accorder son aide dans l'identification du donneur. Bloodwrite se sentait en porte à faux avec lui-même. Durant de longues années, il avait défendu la diversité, pourfendant de sa plume acérée ses ennemis les plus haineux. Puis avec le temps, le succès et son intégration au système médiatique il ne voyait plus que dans l'autre le perturbateur de son bien-être. La cohérence sociale des premières années sur Mars avait rapidement cédé sous la pression guerrière qui empoisonnait l'air sur Terre. Le projet d'une véritable République Martienne se diluait dans les votes fantaisistes des Terriens fraîchement débarqués. Lui, le vieil homme se sentait plus martien que terrien... malgré ses origines. Ils ne supportait plus les manières en vigueur sur la vieille Terre.
Soudain, son regard s'arrêta sur l'écran et les images qui y défilaient harponnèrent sa conscience. Il monta le son. Son fils était entouré d'une myriade d'holographes, de reporters. Devant le palais de Justice des centaines de manifestants insultaient le jeune Bloodwrite. Le commentateur expliquait que la star des neurogames avait perdu ses derniers fans en mettant enceinte – sans aucune assistance médicale ! - une jeune terrienne de 16 ans. On ne plaisantait pas avec la morale sur Mars, Bloodwrite père en était garant. Le vieux se décomposa. Le cœur qui battait dans sa poitrine à peine refermée se serra, semblait vouloir fuir ce corps, celui d'un homme qui avait engendré une telle aberration de la culture martienne, une bête fauve à peine plus évoluée que ses ancêtres terriens. C'est alors que clignota dans une fenêtre virtuelle un numéro en PCV par VidéoCom'. Le vieux hésita puis décrocha, transférant l'image sur le mur d'en face. Il releva le dossier de son lit. Bloodwrite, qui est à l'appareil ?

Planète paire

  • Père ?
  • Oh merde... Hector ?!
  • Père ne raccrochez pas tout de suite, écoutez-moi, je vous en prie. Je ne me permettrais pas de vous déranger si ça n'avait pas un caractère impératif.
  • Aussi impératif que ta future paternité ? Je crains que nous n'ayons rien à nous dire.
  • Pa'... Vous savez déjà ? Père ne me rejetez pas. Je vous en prie.
  • Pourquoi ? Est-ce moi qui ai oublié tes visites pendant mon inconscience post-opératoire ? Aurais-tu été là pour moi quand mon cœur m'a été retiré et qu'on lui a substitué celui d'un inconnu ? Aurais-je oublié le réconfort intellectuel que tu m'as apporté lorsque je suis sorti de la salle de réveil ?
  • Je ne pouvais pas être là. Ces deux derniers mois j'ai constamment été...
  • C'est ce que je te reproche, le manque de volonté.
  • Je voulais vous visiter père mais je n'ai pas eu un moment de liberté depuis l'ouverture du championnat.
  • Père, je n'ai pas... j'ai été piégé !
  • Piégé ? Qu'est-ce que tu vas encore inventé ? Tu ne l'as pas mise enceinte ? Tu n'as pas trempé ton biscuit dans son thé ?
  • Père !
  • ...
  • Si, bien sûre que je l'ai baisé ! J'ai bien retenu vos leçons... « une femme, tu la baises ou elle te baise ! » Et par tous les trous encore... enfin, non justement. Encore une de vos judicieux conseil. Je ne l'ai prise que par derrière, dans la bouche, dans
  • Passe-moi les détails, sale raclure. Tu t'es fait baisé ! Tant pis pour toi, je ne t'ai pas élevé en looser. Va pleurer dans les jupes de ta pute de mère !

La soirée avait bien débuté. La victoire en première phase des éliminatoires s'était avérée plus aisée qu'espéré. A peine l'avatar enfilé il s'était senti à l'aise.
Les mouvements étaient d'une fluidité encore jamais atteinte. Les conditions idéales pour jouer. La prise en main des armes était parfaite. L'information passait du monde virtuel au corps sans à-coups. La combinaison l'immergeait dans un océan de sensations numériques.
Dans toutes les configurations du premier niveau – sniper, corps à corps, vol du drapeau ennemi – il avait explosé les records.
Plus d'ennemis butés ! Plus de morts dans ses rangs ! Plus vite !
Il n'avait jamais réussi à aller si loin dans la carte. Plus loin !

  • Père je ne comprends pas. Hier encore on m'adulait et aujourd'hui même le plus humble terrien me crache à la gueule. Vous savez père quand on est une star comme moi, on ne s'appartient pas vraiment, on n'est trop souvent qu'une image lissée pour se permettre la moindre profondeur, même en privé. Je me suis noyé dans ma propre image et voilà que maintenant on me retire ce miroir aux alouettes. Je ne suis plus rien. J'étais le favori de la Directrice du consortium Mars Extractor mais depuis hier elle refuse même d'ouvrir mes messages.
  • Quelle injustice, mon pauvre fils... de pute ! Mais que vous reproche-t-on déjà ? Ah oui d'avoir engrossé une terrienne, mineur qui plus est. C'est... dégradant ! Tu me fais honte...
  • Père, ne me jugez pas, je vous en prie.
  • Comment pourrais-je ne pas vous juger ? Peut-être est-ce aujourd'hui la seule chose qui peut me donner l'impression d'être moi. Je vous juge depuis votre plus tendre enfance, Hector. Comme me l'a dit mon médecin, mon corps, les cellules qui le compose ont été constamment renouveler et pourtant j'ai gardé la persistance de mon moi. Je suis le gamin qui jouait dans le labo de mes parents fraîchement débarqué sur la planète rouge avec la première vague de colons. Le même qui a fêté ta naissance en allant aux putes avec son meilleur pote ! Tu serais un homme... ma filiation, celui qui allait perpétuer mon nom, ma famille. Le premier Bloodwrite à naître sur Mars.

Après la série d'interview aux médias, Hector était sorti en boîte avec son manager, son équipe de com'. Il avait tout de suite repéré la petite brune qui se déhanchait sur la piste. Un peu plus tard, il l'avait retrouvée, plus légèrement vêtue, ondulant dans une cage flottant au-dessus de la piste. Son visage s'étalait sur les murs écrans. La musique et l'image de cette fille l'entêtait. L'alcool était comme un océan de coton sur lequel sa conscience flottait. Sa tête dodelinait sur ses épaules. Son corps était flasquement enfoncé dans le fauteuil. Il se leva, dégaina l'authentique bouteille de Champ' français sous les regards ouatés de ses amis. Mais la main de la jeune femme se posa sur sa main à lui. Il reposa la bouteille dans son sceau. Elle s'accroupit, lécha le goulot de la bouteille et fit glisser un glaçon entre ses seins en sueur. Hector bandait.

  • Est-ce là ta contribution à la définition de l'identité martienne ? Est-il ma contribution personnelle ? Que retiendra-t-on de ma vie ? Mon œuvre romanesque ? Mes livres primés ? La vie dissolu de ma jeunesse ou celle de mon descendant ?
  • J'avais fini par croire que j'étais celui que mon équipe de com' vendait, celui qui avait su revêtir les valeurs de la société martienne comme autant d'accessoires du look ultime. J'étais la mode !

Hector bandait et la langue de la fille lui titillait l'orgasme. Ses lèvres glissaient de haut en bas, le long de son membre tendu tandis que lui ne faisait plus que monter. Sa tête s'emplissait d'un vide épais. Son cœur battait dans la grosse veine de sa verge. D'un coup, alors qu'Hector sentait son sexe prêt à exploser... plus rien que l'absence.
La salive jusqu'alors vague chaude sur la plage de son plaisir n'était plus que la rosé froide d'une nuit trop tôt dissipée. Dans un sourire provoquant elle lui cracha sur la bite. Puis cracha sur ses doigts. Elle se caressa l'anus en une invite à piétiner sa lune. Cette fois le vide qui était dans sa tête se fissurait, compressé par ce fourreau étroit qu'il pénétrait. Qui le prenait.
Une fois encore alors qu'il fut sur le point de jouir, la terrienne s'était retirée, laissant sa virilité turgescente perdue dans l'immensité du manque.
Il aurait fait n'importe quoi pour sentir encore les brûlures du désir sur son corps caverneux. Alors quand elle entrouvrit d'autres lèvres sur la fleur de sa passion, il ne songea qu'à l'accueillir.
Lorsque la soie suave de son vagin se pelotonna sur son bulbe à fleur de peau, se retira puis revint lui chapeauter le gland dans un lent va et vient, il se liquéfia tout entier en elle.

  • Père, je ne l'ai pas prise par devant ! Je m'en souvient parfaitement. J'ai toujours eu bonne mémoire. Père écoutez ce que vous dit votre cœur.
  • Mon cœur ? Il a perdu ma mémoire.

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