Traduction du Serpent@Plumes du communiqué de l'EZLN, publié le 16 mars sur le site de liaison zapatiste: ici.
COMMUNIQUÉ DU COMITÉ CLANDESTIN RÉVOLUTIONNAIRE INDIGÈNE – COMMANDEMENT GÉNÉRAL DE L’ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE
MEXIQUE.
16 MARS 2020.
AU PEUPLE DU MEXIQUE :
AUX PEUPLES DU MONDE :
AU CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE – CONSEIL INDIGÈNE DE GOUVERNEMENT :
À LA SEXTA NATIONALE ET INTERNATIONALE :
AUX RÉSEAUX DE RÉSISTANCE ET DE RÉBELLION :
SŒURS, FRÈRES ET SRÈRES:
COMPAGNONS, COMPAGNES, COMPAGNONNES*:
NOUS VOUS INFORMONS QUE :
Considérant la menace réelle, prouvée scientifiquement, pour la
vie humaine que représente la propagation du COVID-19, également
connu comme « coronavirus ».
Considérant l’irresponsabilité frivole et le manque de sérieux
des mauvais gouvernements et de la classe politique dans son
ensemble, qui utilisent un problème humanitaire pour s’attaquer
mutuellement, au lieu de prendre les mesures nécessaires pour
affronter ce péril qui menace la vie sans distinction de
nationalité, de sexe, de race, de langue, de croyance religieuse,
militance politique, condition sociale et histoire.
Considérant le manque d’une information vraie et opportune sur
la portée et la gravité de la contagion, ainsi que l’absence d’un
véritable plan pour affronter la menace.
Considérant l’engagement zapatiste dans notre lutte pour la
vie.
Nous avons décidé :
Premièrement. - Décréter l’alerte rouge dans nos villages,
communautés et quartiers, et dans toutes les instances
organisationnelles zapatistes.
Deuxièmement. - Recommander aux Conseils de Bons Gouvernement et
municipalités autonomes rebelles et zapatistes, la fermeture totale
des Caracoles et des Centres de Résistance et de Révolte, de
manière immédiate.
Troisièmement. - Recommander aux bases de soutien et à toute la
structure organisationnelle de suivre une série de recommandations
et de mesures d’hygiène extraordinaires qui leur sera transmise
dans les communautés, villages et quartiers zapatistes.
Quatrièmement. - Face à l’absence des mauvais gouvernements,
exhorter toutes, tous et toustes, au Mexique et dans le monde, à
prendre les mesures sanitaires nécessaires qui, sur des bases
scientifiques, permettent de nous sortir, et en vie, de cette
pandémie.
Cinquièmement. - Nous appelons à ne pas laisser tomber la lutte
contre la violence féminicide, à continuer la lutte en défense du
territoire et de la terre-mère, à maintenir la lutte pour les
disparu.e.s, les assassiné.e.s et emprisonné.e.s, et à lever bien
haut le drapeau de la lutte pour l’humanité.
Sixièmement. - Nous appelons à ne pas perdre le contact humain,
mais à changer temporairement nos manières de nous savoirs
compagnes, compagnons, compagnonnes, sœurs, frères, frœurs.
La parole et l’écoute, avec le cœur, ont de nombreuses voies,
bien des manières, beaucoup de calendriers et beaucoup de
géographies pour se rencontrer. Et cette lutte pour la vie peut-être
l’une d’entre-elles.
C’est tout.
DEPUIS LES MONTAGNES DU SUD-EST MEXICAIN.
Pour le Comité Clandestin Révolutionnaire
Indigène – Commandement Général de l’Armée Zapatiste de
Libération Nationale.
Sous-Commandant Insurgé Moisés.
Mexique, mars 2020.
* compagnonne est un mot vieilli, peu utilisé, auquel on préfère en général le mot "compagne". Compagnonne renvoie également à l'idée d'une femme avec des manières masculines... finalement une personne qui brouille les genres. C'est pourquoi j'ai décidé de l'utiliser en traduction du néologisme zapatiste "compañeroas"
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