Voici la traduction d'un article paru sur le site alt1040.com (en espagnol) qui explore une facette encore peu exploré de la propriété intellectuel dans le monde numérique. L'article s'est intéressé à la question de la transmission des biens que nous acquérons en ligne, après notre mort. Si dans la vie physique, nous pouvons transmettre facilement nos cds ou livres à nos proches, le vide juridique qui perdure concernant nos biens immatériels est une fois encore en défaveur des consommateurs et privilégie les droits des plate-formes de téléchargements.
A notre mort, nos achats en ligne redeviennent la propriété des plate-formes numériques
21 de febrero, 2012, 10:28
Dans le monde physique, quand une personne décède il semble
raisonnable de penser que ses biens reviennent à ses proches, par le
biais d'un testament ou d'un rituel de la vie. A-t-on les mêmes
droits dans le monde numérique ? Qu'advient-il de nos achats ou
téléchargements de matériel digital ? Cette même question a
été soulevée sur la page which ? qui a consulté des avocats
spécialisés en droits d'auteurs. La réponse, contre toute attente,
est que le business est fait de telle manière que nos achats s'apparentent plus à la location d'une licence à vie plutôt qu'à l'achat d'un produit. Céder nos téléchargements et nos archives
achetées, une fois mort, pourrait violer les termes du contrat de
sites comme Amazon ou iTunes.
Dans ce cas-là il devrait y avoir deux postures claires. Il
paraît raisonnable de penser que si un individu a payé pour une
collection de matériel numérique, quelle qu'elle soit, il puisse
transmettre ses achats une fois mort. Pourtant il n'en est rien si on
se fie aux termes des services des plate-formes d'achat en ligne.
L'étude a été réalisée sur deux des géants du marché, Apple
et Amazon, avec comme axiome : peut-on transmettre nos
téléchargements après la mort ?
La réponse n'aurait pas pu être plus ambiguë selon les experts
consultés. Bien que nous vivions une explosion des achats
numériques, les droits de transmission de propriété que nous
avons payé demeurent dans un vide juridique qui ouvre la porte à
la perte de nos achats une fois que nous décédons.
Aussi bien sur Amazon que iTunes, les droits de transmission des
clients n'existent pas. Par exemple, si on achète une piste ou un thème numérique, ce que nous faisons réellement est d'acquérir une
licence pour pouvoir reproduire ce morceau, dit autrement, il nous
est concédé une piste individuelle afin que nous l'utilisions, mais
qui n'est pas transmissible après notre mort.
La raison ne tient à rien d'autre qu'aux termes du contrat. Quand
on dit que légalement nous louons les pistes cela signifie qu'elle
ne nous appartiennent pas, nous ne les possédons pas. Ce que
confirme Matthew Strain du cabinet d'avocats spécialisés
Strain-Keville :
"Lorsque nous achetons quelque chose sur iTunes, ça ne nous
appartient pas, nous n'avons que le droit de l'utiliser. Le droit sur
le produit est très limité et le transmettre a quelqu'un d'autre ne
sera probablement pas accepté par Apple ou Amazon."
Cela ne vaut pas seulement pour la musique, mais également pour
les livres électroniques. La licence du fameux Kindle d'Amazon dit
très explicitement interdire la transmission de ses livres
électroniques téléchargés. Strain explique à ce sujet :
"Puisque le contraire n'est pas indiqué, il est impossible de
sous-licencier ou céder les droits sur tout ou partie d'un contenu
numérique à un tiers."
Que peuvent faire légalement les utilisateurs ? La réponse
pourrait être de céder directement le dispositif physique qui
contient le contenu numérique. Dans ce cas, le "nouvel"
utilisateur serait confronté à un nouveau problème. Si on souhaite
ouvrir un nouveau compte avec le dispositif dont nous avons hérité,
on perdrait le contenu stocké antérieurement.
Le plus logique serait alors de fournir les mots de passe des
comptes aux parents les plus proches afin qu'ils puissent accéder à
iTunes ou Amazon. Ce serait le plus simple, mais, bien que cela
puisse paraître ridicule, nous nous retrouverions une nouvel fois
face aux termes d'utilisation des services, lesquels définissent
cette activité comme une violation en matière de sécurité. Strain
l'explique de la manière suivante :
"Permettre qu'un tiers accède aux détails de nos comptes
représente une violation de la sécurité selon le contrat. Bien
qu'il ne s'agisse par directement d'une violation des termes du
contrat, Apple ou Amazon peuvent considérer que ça l'est et mettre
fin à l'accès au compte."
Cette terminologie, que pourrait utiliser les entreprises en leur
faveur s'appliquerait également aux services de stockage dans le
nuage numérique. Si les données sont stockées de façon distante
et accessible uniquement grâce à nos comptes, de la manière
définie par les termes d'accès, la transmission de nos
téléchargements achetés à des proches est rendu tout aussi compliqué par l'encadrement légal.
Pour résumer, il est, à ce jour,
extrêmement compliqué de céder nos achats en ligne après notre
mort (de manière légale). Dans la majorité des cas parce que
l'encadrement juridique semble nous indiquer clairement que lorsque
nous achetons du matériel numérique, dans les faits, nous le louons
individuellement jusqu'à la fin de notre vie, moment où il semble
qu'il redevienne la propriété des plate-forme de vente. Si nous
faisions une comparaison avec le monde physique, c'est comme si une
fois mort, les magasins physique nous demandaient de rendre les
achats que nous avons fait durant notre vie. Il existe de nombreuses
manières "alternatives" pour transmettre nos
téléchargements à ceux que nous aimons, mais légalement, il
semble que le droit soit défavorable aux utilisateurs.
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