Histoires d’eaux amères
La fève de cacao serait née au Mexique. Pour les Mayas et les Aztèques le chocolat était une boisson divine. J’avais lors de mon passage à San Cristobal de Las Casas visité l’école de cacao et m’étais essayé à la confection de dulces mayas (lire la chronique parue dans Poly). À Aguascalientes aussi le chocolat tente de regagner le palais des Mexicains. À deux pas de la place principale de la ville, a ouvert depuis un peu plus d’un an une chocolaterie. Parmi les chocolatiers nous avons rencontré Olivier, un Français converti à la culture millénaire du chocolat, loin de l’industrie où de petites mains emballent des tablettes par dizaines de milliers.
Avant de passer les portes de la chocolaterie de la rue Nieto et de découvrir les étapes de la confection de ce chocolat, nous allons suivre Olivier sur les pas des premiers peuples d’Amérique Centrale, sur les traces du xocolatl…
Au temps où le temps n’existait pas encore était déjà Quetzalcoatl, le Serpent à plumes.
La fève de cacao serait née au Mexique. Pour les Mayas et les Aztèques le chocolat était une boisson divine. J’avais lors de mon passage à San Cristobal de Las Casas visité l’école de cacao et m’étais essayé à la confection de dulces mayas (lire la chronique parue dans Poly). À Aguascalientes aussi le chocolat tente de regagner le palais des Mexicains. À deux pas de la place principale de la ville, a ouvert depuis un peu plus d’un an une chocolaterie. Parmi les chocolatiers nous avons rencontré Olivier, un Français converti à la culture millénaire du chocolat, loin de l’industrie où de petites mains emballent des tablettes par dizaines de milliers.
Avant de passer les portes de la chocolaterie de la rue Nieto et de découvrir les étapes de la confection de ce chocolat, nous allons suivre Olivier sur les pas des premiers peuples d’Amérique Centrale, sur les traces du xocolatl…
Au temps où le temps n’existait pas encore était déjà Quetzalcoatl, le Serpent à plumes.
Au temps des Toltèques, pour lesquels Quetzalcoatl avait beaucoup d’affection, les dieux buvaient l’eau (Atl) amère (Xocolli), le xocolatl (1). Le chocolat.
Un jour, le Serpent à plumes descendit sur la terre pour rendre visite aux Toltèques.
Un jour, le Serpent à plumes descendit sur la terre pour rendre visite aux Toltèques.
Il avait pour eux un cadeau, une fève de cacao. Il leur apprit à semer, récolter, torréfier et préparer le cacao. Mais les dieux s’irritèrent de voir leur boisson parmi les humains. Ils se réunirent. « Le chocolat est une boisson divine », dirent-ils courroucés. Les dieux décidèrent d’exclure Quetzalcoatl. Le Serpent à plumes prit alors toutes les fèves qu’il trouva et son envol. Il les dispersa autour de lui, Veracruz, Tabasco, puis se jeta à la mer.
Les légendes, dit-on, révèlent toujours une part de vérité. Celle du cacao démontre l’importance du chocolat dans la culture toltèque, élevée au rang de breuvage divin, comme le vin sous d’autres latitudes. Quetzalcoalt aurait appris aux Toltèques à préparer le cacao, mais selon Olivier, il est plus vraisemblable qu’à la manière des Bêtises de Cambrai, une sucrerie née de l’étourderie d’un apprenti, le chocolat ait été le fruit d’erreurs. « La culture du maïs est bien plus ancienne que celle du cacao, or le maïs se torréfiait, enfin on le chauffait sur un comal (2) pour pouvoir le moudre après. Ils ont dû torréfier des fèves par erreur et ont trouvé ça super bon. Après ils utilisaient beaucoup le metate (3) pour faire des tamales (4) et d’autres choses à base de maïs et ils se sont dit tiens on va essayer. C’est certainement un apprentissage qui a duré très longtemps. Mais savoir vraiment… Qui a eu l’idée de faire fermenter du raisin pour obtenir du vin ? »
La légende nous conte aussi l’apparition du cacaotier au Chiapas et sa dissémination dans d’autres régions. Olivier explique qu’il existe beaucoup de théories sur l’origine de l’arbre. « L’une d’elles est que le cacao existait dans une partie de l’Amérique Latine, du Tabasco et du Chiapas jusqu’au nord de l’Amazonie, au Brésil. L’autre théorie est qu’il existait dans un tout petit endroit, le Chiapas, et qu’il a suivi les peuples qui ont bougé et ont planté le cacao là où ils s’installaient. » Le chemin du cacao.
Les premiers peuples sont arrivés sur les côtes du Chiapas et du Tabasco. « La première civilisation sédentaire d’Amérique latine à utiliser le cacao s’appelait les Mocayas, un peuple méconnu qui n’a laissé que très peu de traces. Principalement sédentarisés au Chiapas, ils se sont plus tard dispersés. De cet éclatement sont nés les Olmèques, qui n’ont guère laissé plus de traces, mais qui vivaient près du golfe du Mexique, dans les États actuels du Veracruz et du Tabasco. »
Les légendes, dit-on, révèlent toujours une part de vérité. Celle du cacao démontre l’importance du chocolat dans la culture toltèque, élevée au rang de breuvage divin, comme le vin sous d’autres latitudes. Quetzalcoalt aurait appris aux Toltèques à préparer le cacao, mais selon Olivier, il est plus vraisemblable qu’à la manière des Bêtises de Cambrai, une sucrerie née de l’étourderie d’un apprenti, le chocolat ait été le fruit d’erreurs. « La culture du maïs est bien plus ancienne que celle du cacao, or le maïs se torréfiait, enfin on le chauffait sur un comal (2) pour pouvoir le moudre après. Ils ont dû torréfier des fèves par erreur et ont trouvé ça super bon. Après ils utilisaient beaucoup le metate (3) pour faire des tamales (4) et d’autres choses à base de maïs et ils se sont dit tiens on va essayer. C’est certainement un apprentissage qui a duré très longtemps. Mais savoir vraiment… Qui a eu l’idée de faire fermenter du raisin pour obtenir du vin ? »
La légende nous conte aussi l’apparition du cacaotier au Chiapas et sa dissémination dans d’autres régions. Olivier explique qu’il existe beaucoup de théories sur l’origine de l’arbre. « L’une d’elles est que le cacao existait dans une partie de l’Amérique Latine, du Tabasco et du Chiapas jusqu’au nord de l’Amazonie, au Brésil. L’autre théorie est qu’il existait dans un tout petit endroit, le Chiapas, et qu’il a suivi les peuples qui ont bougé et ont planté le cacao là où ils s’installaient. » Le chemin du cacao.
Les premiers peuples sont arrivés sur les côtes du Chiapas et du Tabasco. « La première civilisation sédentaire d’Amérique latine à utiliser le cacao s’appelait les Mocayas, un peuple méconnu qui n’a laissé que très peu de traces. Principalement sédentarisés au Chiapas, ils se sont plus tard dispersés. De cet éclatement sont nés les Olmèques, qui n’ont guère laissé plus de traces, mais qui vivaient près du golfe du Mexique, dans les États actuels du Veracruz et du Tabasco. »
Les Toltèques, eux, ont été le premier peuple des hauts plateaux, « c’est-à-dire vers les États de l’Hidalgo, au niveau de Puebla, toute cette partie qui est un peu surélevée ». La trajectoire du cacao serait similaire.
Il y a un peu plus d’un an, des chercheurs ont mis à jour un bol de chocolat au Honduras, « des traces de cacao datant de 1100 avant JC. Il y a plus de 3000 ans ! Quelques mois plus tard, c’est dans l’État mexicain de Veracruz qu’ils ont trouvé un bol de 1750 avant JC. Puis un autre de 1900 ans avant JC au Chiapas », s’enthousiasme Olivier. « Une culture vieille de 4000 ans ! » Des siècles plus tard, avant la colonisation, les Mayas, les Aztèques perpétuaient la tradition et le cacao avait gagné d’autres régions d’Amérique du Sud.
Et pourtant aujourd’hui pour les Mexicains le chocolat est suisse et à croquer !
Et pourtant aujourd’hui pour les Mexicains le chocolat est suisse et à croquer !
Article paru sur le site culturel strasbourgeois Plan-Neuf
(1) Les peuples d’Amérique centrale ne connaissaient pas le lait et c’est donc avec de l’eau que le chocolat d’origine était confectionné.
(2) Plaque en argile et le plus souvent en métal servant traditionnellement à faire cuire les tortillas.
(3) Le metate est une meule dormante de pierre, d’usage domestique, qui sert à moudre le maïs. Utilisée depuis plusieurs milliers d’années (environ 3000 av. J.-C) dans l’aire culturelle de la Mésoamérique, son nom provient du nahuatl « metatl »
(4) Le tamal est une papillote amérindiennne préhispanique préparée à partir de farine de maïs.
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