"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

20/06/2010

InMundo

Sissoko había contestado el anuncio de la embajada de Francia que circulaba en todas las redes sociales del e-World. El anuncio prometía un empleo bien pagado en el territorio francés. Como en uno de sus video-juegos, Sissoko quería lograr el próximo nivel, dejar la miseria pegada en su piel tan negra y ganarse un lugar en el primer mundo. Lo habían convocado para una entrevista. Sus pasitos lentos lo llevaban hasta el edificio blanco colonial de la representación francesa en Bamako. Dio una mirada al sol y se puso a soñar con una vida mejor… un nivel de vida más alto, como lo había resumido en su carta de presentación.

El sol permanecía blanco y Sissoko transpiraba mucho en el traje prestado por uno de sus primos. Pasó su dedo entre su cuello negro y el azul de la camisa, tomó un respiro y tendió su pasaporte. El centinela parado en la entrada lo escaneó antes de encañonar su pluma-óptica hasta la frente de Sissoko. El chip emitió una serie de números y el soldado checó los datos del pasaporte y los del implante del hombre que sonreía ante él.

Un mes después había un ritual bien establecido y Sissoko no sonreía más. Llegó al subsuelo del territorio francés. Su chip le abrió las puertas de la cámara de descontaminación. Se quitó la ropa, la dobló y la guardó en su locker. Se inmovilizó, la espalda frente a la pared, y el fluido de la regadera lo purificó. Luego se puso un traje de inmersión en medio virtual y una máscara integral. Entró en un salón equipado como los de juegos en red.

Sissoko formaba parte de un experimento. El Estado francés desempeñaba el papel de la vanguardia de los empresarios. Dentro de unos meses contratarán una mano de obra tan barata que no tendrán que importarla más a Francia. Una empresa de alta tecnología que oculta mal las intenciones fétidas de un Régimen bastante Antiguo.

Sissoko avanzó hasta su cubículo. Conectó uno por uno los cables a los puertos USB de su traje y al del chip. Sus colegas también estaban conectados cuando se dio el grito estridente de la sirena que les sumergió en el mundo virtual. El avatar de Sissoko se materializó en la obra del Palacio de los Derechos Humanos, en Estrasburgo. El amo del juego le proporcionó una pala y lo mandó ocuparse de la mezcla. A unos 4000 km de distancia, el androide que alentaba Sissoko hacía funcionar la revolvedora y la economía francesa.



Traduction de e-Monde, nouvelle écrite pour No Pasaran et parue dans le numéro 10 de Caja de arena, le 20 juin 2010.

12/06/2010

CONTE DU PÊCHEUR



Au Mexique, au bord de l’eau dans un petit village côtier, un bateau rentre au port, ramenant plusieurs thons. Un américain complimente le pêcheur mexicain sur la qualité de ses poissons.

L’américain : Combien de temps vous a-t-il fallu pour les capturer ?
Le pêcheur mexicain : pas très longtemps.
L’américain : Mais alors pourquoi n’êtes- vous pas resté en mer plus longtemps pour en attraper plus ?
Le pêcheur : Ces quelques poissons suffiront à subvenir aux besoins de ma famille
L’américain : Mais que faites-vous le reste du temps ?
Le pêcheur : Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir je vais au village voir mes amis. Nous buvons du vin et jouons de la guitare. J’ai une vie bien remplie.
L’américain : J’ai un diplôme de l’université de Harvard et je peux vous aider. Vous devriez commencer par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés, vous pourriez acheter un plus gros bateau. Avec l’argent que vous rapporterait ce bateau, vous pourriez en acheter un deuxième et ainsi de suite jusqu’à ce que vous possédiez un flotte de chalutiers. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire, vous pourriez négocier directement avec l’usine, et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico City, Los Angeles, puis peut-être New York, d’où vous dirigeriez toutes vos affaires.
Le pêcheur : Combien de temps cela prendrait-il ?
L’américain : 15 à 20 ans.
Le pêcheur : Et après ?
L’américain : Après, c’est la que ça devient intéressant : quand le moment sera venu, vous pourrez introduire votre société en bourse et vous gagnerez des millions.
Le pêcheur : Des millions ? Mais après ?
L’américain : Après, vous pourrez prendre votre retraite, habiter dans un petit village côtier, faire le grasse matinée, jouer avec vos enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme, et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis...



Ce joli conte circule sur internet telle la rumeur de bouche à l'oreille... Malheureusement aujourd'hui le petit pêcheur de l'histoire rentre bredouille car certains ont écouté les conseils du "gringo" et les flottes de bâteaux raflent tous les poissons.

photos: Hélène Michoux, Basse-Californie mexicaine, début 2006

01/06/2010

Touché - coulé israélien!!!

Voici le témoignage de Thomas Sommer-Houdeville, coordinateur des missions civiles, écrit avant-hier soir depuis le cargo grec faisant partie de la flotille de la liberté.
Thomas a participé depuis 3 mois en Grèce à la préparation de la flotille et était venu en France pour élargir la participation. Des neuf personnes (cbsp, cvpr et ccippp) composant la petite délégation française, un a été expulsé d'Israël (à sa demande afin de témoigner a-t-il affirmé) et les autres sont toujours retenus prisonniers par l'Etat hébreu.


29 mai 2010 - de Thomas Sommer-Houdeville*, depuis l'un des bateaux de la flottille de Gaza

Un jour ou l'autre peut-être, quelqu'un écrira l'histoire complète de cette aventure. Il y aura beaucoup de rires, de véritables cris et quelques larmes. Mais ce que je peux dire maintenant, c'est que nous n'avions jamais imaginé que nous ferions flipper Israël comme ça. Enfin, peut-être dans certains de nos plus beaux rêves.... Tout d'abord, ils ont créé une équipe spéciale d'urgence réunissant le ministère israélien des Affaires étrangères, le commando de marine israélien et les autorités pénitentiaires pour contrer la menace existentielle que nous et nos quelques bateaux remplis d'aide humanitaire représentent. Puis, Ehud Barak lui-même a pris le temps, malgré son agenda chargé, de nous mettre en garde à travers les médias israéliens. Ils nous annoncent maintenant qu'ils nous enverront dans la pire des prisons israéliens, dans le désert près de Beersheva.
Ce sont des annonces pour nous faire peur. Et d'une certaine façon nous avons peur. Nous avons peur de leurs navires de guerre, peur de leurs Apaches et de leur commando tout noir. Qui n'en aurait pas peur ?
Nous avons peur qu'ils saisissent notre cargaison et toute l'aide médicale, les matériaux de construction, les maisons préfabriquées, les kits scolaires, et qu'ils les détruisent. Toute cette solidarité patiemment rassemblée dans de si nombreux pays pendant plus d'un an. Tous ces efforts et cette vague d'amour et d'espoir envoyés par des gens normaux, d'humbles citoyens de Grèce, Suède, Turquie, Irlande, France, Italie, Algérie, Malaisie. Tout ceci pris comme un trophée par un État agissant comme un vulgaire pirate des îles. Qui ne sentirait pas un certain sentiment de responsabilité et de peur de ne pas être capable d'accomplir notre mission et livrer nos marchandises à la population emprisonnée de Gaza ?
Mais nous savons que la peur est aussi de l'autre côté. Parce que depuis le début de notre coalition, l'Etat d'Israël fait tout ce qu'il peut pour éviter la confrontation avec nous. Depuis le début ils ont essayé de nous empêcher de partir, de regrouper nos forces et de prendre le large tous ensemble vers Gaza. Ils ont essayé de nous briser. Leur scénario idéal était de nous diviser, les Irlandais d'un côté, les Grecs et Suédois d'un autre, les Américains d'un autre encore et les Turcs tout seuls. Bien sûr, ils savaient qu'ils ne pourraient pas mettre la pression sur la Turquie, ni agir directement là-bas. Alors ils ont concentré leurs attaques sur les parties irlandaises et grecques de notre coalition.

Le premier set a commencé il y a deux semaines quand ils ont saboté le cargo irlandais, l'obligeant à retarder son départ pour près d'une semaine. Mais, les Irlandais ont réparé aussi vite qu'ils le pouvaient et maintenant ils sont à un ou deux jours derrière nous. Puis ils ont mis une pression énorme sur le gouvernement grec, affaibli par la crise économique, pour l'obliger à ne pas laisser partir le cargo grec et le bateau de passagers greco-suédois. A cause de ces pressions, nous avons dû retarder notre voyage deux fois et demander aux Turcs, à leurs 500 passagers et aux amis américains qui étaient prêts à partir de nous attendre. C'est ce qu'ils ont fait heureusement !
Jusqu'à la dernière minute avant leur départ de Grèce, nous ne savions pas si les deux bateaux auraient l'autorisation du gouvernement grec, mais finalement le gouvernement grec a décidé de prendre ses responsabilités en agissant comme un Etat souverain et a laissé le cargo et le bateau de passagers quitter le port du Pirée à Athènes.
Le deuxième set a eu lieu hier, dans la partie grecque de Chypre, là où nous avions négocié avec le gouvernement d'embarquer une délégation VIP de parlementaires européens et nationaux de Suède, d'Angleterre, de Grèce et de Chypre. Alors que les deux bateaux de Grèce, le bateau américain venant e Crète et les 4 bateaux turcs étaient déjà au point de rendez-vous attendant que la délégation VIP arrive et embarque à notre bord, nous avons reçu la nouvelle que notre délégation était encerclée par la police chypriote dans le port de Larnaka et interdite de bouger où que ce soit. Chypre, un pays européen, était en train d'interdire a des parlementaires européens de se déplacer librement sur son sol, en rupture complète de toute législation et réglementations européennes ! Alors que nous commencions à négocier avec le gouvernement chypriote, nous avons clairement compris que ce changement soudain d'attitude envers nous était dicté directement par Israël. De sept heures du matin jusqu'au soir, le gouvernement de Chypre nous mentait, disant que c'était un malentendu que les VIP aient été autorisés à embarquer pour n'importe quelle direction qu'ils souhaitaient, que c'était juste une question bureaucratique à résoudre. Mais rien ne s'est passé et nos parlementaires ont été pris au piège. Le gouvernement chypriote agissait comme un auxiliaire d'Israël et nous a fait perdre un temps crucial. Ce matin, la délégation VIP a décidé que le seul choix qui restait était d'aller au port de Formogossa dans le Nord de Chypre sous contrôle turc, et de là prendre un bateau rapide pour nous rejoindre au point de rendez-vous. Bien sûr, parce que notre coalition est formée de Turcs et de Grecs et de Chypriotes, la Chypre du Nord qui est sous occupation turque, est une question politique très importante. Et envoyer notre délégation prendre un bateau dans le port de Formogossa, encore sous embargo des Nations Unies, est une question politique encore plus importante. Cela aurait pu briser le dos de nos amis grecs et chypriotes de la coalition. Ce fut presque pas le cas. Mais c'est le contraire qui s'est révélé. Notre coalition tient toujours. C'est le parti chypriote au pouvoir qui est sur le point de se briser, et les 7 parlementaires grecs et chypriotes qui faisaient partie de la délégation et ne pouvaient pas aller au nord de Chypre sont furieux contre le gouvernement chypriote. Un immense débat a toujours lieu en ce moment en Grèce et à Chypre sur ce qui s'est passé et sur notre flottille pour Gaza. Dans une heure ou deux, 80% de notre délégation VIP embarquera sur nos bateaux et nous partirons pour Gaza comme prévu. Donc nous pouvons dire qu'Israël a perdu les deux sets qu'il a joués.

Dans quelques heures, le dernier set, crucial, commencera quand nous entrerons dans les eaux de Gaza. Bien sûr, matériellement, il serait très facile pour Israël de nous stopper et nous arrêter, mais le coût politique qu'ils auront à payer sera énorme. Vraiment énorme, à tel point que toutes les ruses et les pièges qu'ils ont tenté de mettre sur notre route ont réussi à faire une seule chose : sensibiliser de plus en plus de gens partout dans le monde sur notre flottille et sur la situation de Gaza. Et de tout ça, nous apprenons quelque chose : la peur n'est pas de notre côté, mais du côté d'Israël. Ils ont peur de nous parce que nous représentons la colère des gens tout autour du monde. Les gens qui sont mécontents de ce que l'Etat criminel d'Israël fait aux Palestiniens et à chaque amoureux de la paix qui ose prendre le parti des opprimés. Ils ont peur de nous parce qu'ils savent que, dans un proche avenir il y aura encore plus de bateaux à venir à Gaza comme il y a de plus en plus de personnes à décider de boycotter Israël chaque jour.
Thomas Sommer-Houdeville, depuis l'un des bateaux de la flottille de Gaza

* coordinateur de la Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (ccippp)

Vous connaissez surement le dernier set...

Photo: le ferry turc Mavi Marmara. REUTERS/STRINGER/TURKEY