Naissance et mort étaient donc aux yeux de ces naturels des célébrations allant de pair, des événements également dignes d’honneur et d’allégresse. Je me souviendrais toujours de la première cérémonie funéraire à laquelle nous assistâmes : nous y vîmes une célébration du commencement et de la continuité de toutes choses, pareille à celle de la naissance. La mort, proclamaient les visages, les gestes, les rythmes de la musique, est l’origine de la vie, la mort est la première naissance. Nous venons de la mort. Nous ne pouvons naître si quelqu’un avant nous n’est pas mort par nous, pour nous. (1)
Carlos Fuentes
Deux novembre, les Mexicains fêtent les morts. Au cimetière de La Cruz une famille a planté un parasol bleu. Dans les allées fleuries, des gamins courent grimés en petits monstres, en fantômes ou en vampires. Sur les tombes sont disposés les goûts du défunt : un paquet de cigarettes, une bière ou son plat préféré. Des mariachis vendent leur musique. Un jeune homme, veste en jean, a posé son lecteur de CD et la chanson réunit les séparés. Un ado, portable à la main, immortalise la famille autour de la tombe. Ils sourient. Ils sont venus partager un moment avec un disparu, lui rendre chair un instant.
De l’autre côté des murs du cimetière s’étendent les étales du marché des morts. Des squelettes se balancent, entament avec une Catrina de Posada, une danse frénétique. Des calaveras (2), maître d’école, musicien ou simple buveur miment les vivants sur les tables des marchands. Des crânes en sucre semblent fleurir en couleurs. D’autre crânes, de petits verres à tequila, regardent de leurs yeux mobiles la vie qui se bouscule dans les allées du marché. Il y a aussi les stands de bouffe, de jouets en bois et en plastique, de masques des terreurs du cinéma… et Mister Jack.
Dans une école, les salles de classe sont transformées en autel. Des cempasúchil, fleur aux pétales oranges, guident les morts jusqu’aux offrandes. Des bougies éclairent la scène et la photo de celui qu’on célèbre. Plus loin c’est une élève maquillée en Catrina qui accueille les visiteurs à l’entrée des salons des horreurs. Les jeunes y jouent des scènes à donner des sueurs froides aux plus petits et quelques frayeurs aux plus grands.
Un mois plus tôt, le 2 octobre, ce sont d’autres morts qui sont honorés… ceux du "mai 68" mexicain. Les premiers jeux olympiques organisés dans un pays du « tiers-monde » s’ouvrirent par le massacre de plusieurs centaines de manifestants, dont de nombreux étudiants. Ils ne sont qu’un peu plus de 300 à s’être retrouvés sur la place principale d’Aguascalientes cette année. Mais comme les 2 novembre, ils ne pleurent pas leurs morts, mais leur redonnent vie… en leur offrant la parole. Dans la cour de l’école, un panneau illustré de textes, de photos et d’articles d’époque clame ce cri contre l’impunité : el 2 de octubre no se olvida ! (3)
De l’autre côté des murs du cimetière s’étendent les étales du marché des morts. Des squelettes se balancent, entament avec une Catrina de Posada, une danse frénétique. Des calaveras (2), maître d’école, musicien ou simple buveur miment les vivants sur les tables des marchands. Des crânes en sucre semblent fleurir en couleurs. D’autre crânes, de petits verres à tequila, regardent de leurs yeux mobiles la vie qui se bouscule dans les allées du marché. Il y a aussi les stands de bouffe, de jouets en bois et en plastique, de masques des terreurs du cinéma… et Mister Jack.
Dans une école, les salles de classe sont transformées en autel. Des cempasúchil, fleur aux pétales oranges, guident les morts jusqu’aux offrandes. Des bougies éclairent la scène et la photo de celui qu’on célèbre. Plus loin c’est une élève maquillée en Catrina qui accueille les visiteurs à l’entrée des salons des horreurs. Les jeunes y jouent des scènes à donner des sueurs froides aux plus petits et quelques frayeurs aux plus grands.
Un mois plus tôt, le 2 octobre, ce sont d’autres morts qui sont honorés… ceux du "mai 68" mexicain. Les premiers jeux olympiques organisés dans un pays du « tiers-monde » s’ouvrirent par le massacre de plusieurs centaines de manifestants, dont de nombreux étudiants. Ils ne sont qu’un peu plus de 300 à s’être retrouvés sur la place principale d’Aguascalientes cette année. Mais comme les 2 novembre, ils ne pleurent pas leurs morts, mais leur redonnent vie… en leur offrant la parole. Dans la cour de l’école, un panneau illustré de textes, de photos et d’articles d’époque clame ce cri contre l’impunité : el 2 de octubre no se olvida ! (3)
1 : Les deux rives de Carlos Fuentes, folio bilingue, Editions gallimard
2 : squelettes
3 : le 2 octobre ne s’oublie pas !
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