"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

31/10/2011

Amenazan los Anonymous a los Zetas !




Lu sur le site des Inrocks....

Il me semble que ces menaces des hacktivistes contre un cartel de la drogue, et l'un des plus féroces, est une première.
Une première certainement dans le sens où très peu de mouvements militants s'en prennent aux cartels. Les cartels ne disposent certainement pas du même genre de pouvoir que les ennemis habituels des Anonymous tels les sectes, états, entreprises, institutions... ils ont la puissance financière des entreprises et le pouvoir militaire des états, mais en plus ils n'hésitent pas à recourir à la terreur, la torture et les exécutions sommaires... Au Mexique, même l'EZLN n'a jamais menacé les cartels. Seuls le mouvement No+ Sangre, initié par Javier Sicilia, a haussé le ton contre le crime organisé mais en s'en prenant à la politique sécuritaire de l'actuel gouvernement.


Un article (en espagnol) du site vanguardia qui analyse cette menace lancée par les Anonymous contre les cartels de la drogue et les Zetas en particulier.

Bonne chance aux Anonymou!
Hasta la victoria siempre



Les Anonymous menacent un cartel mexicain


Le gang des Zetas, un cartel mexicain très actif impliqué dans de nombreux meurtres, a kidnappé un membre des Anonymous. Ces derniers viennent de diffuser un ultimatum : si le cartel ne relâche pas l'homme kidnappé avant le 5 novembre, alors ils rendront public un certain nombre d'informations secrètes sur le cartel ainsi que l'identité des "journalistes, des policiers et des chauffeurs de taxis qui coopèrent avec les Zetas". "Vous avez fait une erreur en enlevant l'un des nôtres. Libérez-le. S'il lui arrive quelque chose, vous n'oublierez jamais cette date du 5 novembre", entend-on dans la vidéo. 


27/10/2011

Identité in(dé)finie


Voici 4 nouvelles écrites avant "Identité fantôme". Au départ, ce devait être une série d'histoires croisées autour de la notion d'identité et de ses limites. Finalement seule Identité fantôme a abouti et a été publiée dans le premier numéro du fanzine à bloc!
Bonne lecture.

Terre-Mère
Une lumière bleue diffuse douchait le laboratoire. Sur la longue table carrelée trônaient méthodiquement éprouvettes, pipettes, bec bunsen, microscope et leurs pendants virtuels. Sur les moniteurs, des confettis colorés et des courbes ondulantes disaient le génome humain. D'une voix douce, Geneviève commanda l'extinction des feux et se dirigea vers son bureau. Il était tard et elle ne rêvait que de rentrer chez elle. Elle s'affala dans son fauteuil et bascula vers l'arrière. Son ventre la tirait. La lumière était ici bien plus chaude que dans le labo. Elle commença a caresser son abdomen. Elle se sentait las. « Là, petit bourgeon. Je suis là. Ça y est, on est en week-end, on va pouvoir se détendre. Qu'est-ce que tu en penses ? » Sa main décrivait de vastes cercles sur son ventre proéminent et dans un mouvement similaire, son esprit tentait d'englober ce qu'elle était. « Je suis là, avec toi. Tu es avec moi, en moi, même. Tu n'es pour l'instant qu'un petit amas cellulaire qui grandit, une extension de mon corps. Mais ensuite tu auras ta propre existence. Et moi... qui suis-je ? J'ai parfois l'impression que mon corps ne m'appartient plus. Plus encore que lorsqu'il commande à ma volonté. Je me perds, mais heureusement tu es le sens vers lequel tendent mes pensés. »
Soudain affleura à sa conscience l'image d'Arno, elle ouvrit les yeux et une fenêtre sur le virtuel s'incrusta sur la réalité. Elle bascula l'appel sur le mur en face de son bureau. Arno apparut. « Salut ! Oui, ça y est... Si tu veux... ce soir ? Ok, mais laisse-moi deux petites heures, je suis épuisée et j'ai besoin de me détendre un peu. Hum, d'ac, 10h chez moi. A tout' .»
« Ça me fait toujours bizarre, Madame, de vous voir parler avec Monsieur, de le voir mais de ne pas l'entendre, lui. »
La femme de ménage était entrée sans que Geneviève ne la voit. « Bonjour Gaïa. Comment vas-tu ?
  • Bien, merci Madame. Et vous, comment allez-vous ? Comment va le petit ? Il grandit bien ?
  • Oui, nous allons très bien, je te remercie.
  • J'en suis heureuse. Et Monsieur ?
  • Gaïa, combien de fois je t'ai dit de ne pas l'appeler comme ça. Nous ne sommes pas marié.
  • Mais il est le père de votre enfant.
  • Non Gaïa, j'ai été inséminée artificiellement. Ici, on ne fait plus les enfants comme sur Terre.
  • Mais vous allez l'élevé avec lui.
  • Non, sur Mars les femmes ne vendent pas leur corps à leurs maris. C'est nous qui choisissons les hommes avec lesquels on veut coucher ou vivre. Nous vivons séparément et nous nous côtoyons par affinités électives. En aucun cas cet homme n'influera sur l'éducation de mon enfant.
  • C'est très différent chez moi, Madame. Sur Terre, on aime...
  • Et on se déteste ! On se déchire.
  • Bien sûr. Mais on forme une famille, une chaîne. C'est un lien qui existe malgré nous. On choisit ses amis, on fait avec sa famille, on compose et on apprend à cohabiter avec la différence. Comme pour les gènes que vous étudiez de si près Madame, chaque partie du couple apporte son héritage, son influence. Comme un brassage culturel, en quelque sorte. C'est bon pour l'ouverture sur le monde.
  • Non, ça ne fait que perturber l'enfant. Il se retrouve à gérer des contradictions alors que nous tous, aspirons au consensus. Je crois que c'est une avancée considérable pour les enfants de n'être élevés que par la mère. Après tout, au niveau cellulaire, l'ovule apporte bien plus que le spermatozoïde. Toute la mécanique de la cellule provient de la mère. Le père n'apporte qu'un complément génétique.
  • Il apporte aussi, si on caricature, le mouvement, Madame, il serait le nomade quand nous sommes, nous femmes, le sédentaire.
  • Tu me surprends Gaïa.
  • Pourquoi ? Je suis sans-papiers, pas sans instructions.
  • Bien sûr, mais...
  • Vous pensiez que je faisais des ménages par vocation ?
  • Non, bien sûre.
  • J'étais titulaire d'un doctorat en littérature espagnole sur Terre. Madame ! La guerre m'a poussé à l'exil et l'exil a fait de moi une « technicienne de surfaces », comme on dit ici. Les lettres ne sont sur votre planète que mortes, balayées par les vents, comme le sable rouge.
Gaïa était native de la Terre, une terrienne comme on disait avec dédain quand on avait eu le privilège de naître sur Mars. Geneviève regarda cette femme dont la peau avait la couleur de la Terre. Son visage était une fenêtre ouverte aux autres. Ses yeux pétillaient de malice. Pourtant Gaïa était une ombre dans la vie du labo... La plus part des collègues de Geneviève ne la voyait même pas. Elle arrivait le soir, quand les chercheurs, les savantes regagnaient leur foyer. Gaïa côtoyait une réalité que la plus part des martiens avait délaissé, lui préférant les rives d'un monde virtuel. Elle s'était redressée, les mains jointes sur le manche de la serpillière.
  • Excusez-moi Madame. Je vais vous laisser.
  • C'est moi qui te demande pardon, je ne voulais pas te... je ne voulais pas vous blesser.
  • Vous pouvez continuer à me tutoyer.
  • Si tu en fais autant.
  • Très bien, madame. Au Mexique, quand on se salue, on se donne du Licenciado, Maestro... J'avais toujours trouvé cette manie un peu pédante. Vous venez, tu viens de me démontrer que dans certaines circonstances elle peut se révéler utile... Madame. - Son sourire se fit franc – La situation pourrait parfois être cocasse. Imaginez l'un de vos étudiants devoir dire Docteur à la femme de ménage.

Coeur serré




Gaïa sortit un vieux Multicom' de sa poche, s'excusa et sortit. Geneviève jeta un œil à son bureau, ramassa son sac et sortit. Elle dépassa la terrienne, ses sourcils étaient froncés, elle portait sa main devant sa bouche. Geneviève arrivait à la porte qui donnait sur le patio lorsqu'elle entendit un cri qui lui glaça les sangs. Elle se précipita et trouva Gaïa à genoux, son visage était plus gris que celui d'un martien bon teint.

  • Qu'est-ce qui se passe ? Ça ne va pas ?
  • C'était l'hôpital. Mon frère vient d'avoir un accident. Ils... Ils m'ont dit que c'était très grave.
Geneviève proposa de l'accompagner. Gaïa accepta. Elle appela une amie pour qu'elle la remplace pour ses ménages de la nuit. Puis elle contacta son agence pour lui expliquer la situation. Elle montèrent dans l'autoplane de Geneviève qui demanda au pilote automatique de les conduire à l'hôpital de Kepler Town.
Gaïa, qui pour la première fois était apparu à Geneviève comme une femme douée d'intelligence pleurait maintenant sans retenue. Geneviève aurait voulu avoir l'excuse de piloter son autoplane pour masquer son malaise. Elle mit la radio. Son doigt faisait glisser sur la fenêtre virtuelle les pages des radios. Elle ne savait pas quelle genre de musique convenait à une terrienne... ni à de telles circonstances. Elle opta donc pour le flash info de VL Radio, la voix lactée de Mars. Gaïa prit la main de Geneviève et la serra fort. Geneviève voulut la retirer mais la terrienne la tenait. Ces manières étaient si tactiles... si corporelles, charnelles. Geneviève lui demanda ce qu'avait dit le médecin. Mais il n'avait fait qu'évoquer un accident grave. Le pronostique vital était engagé avait-il expliqué après que Gaïa se soit présentée comme la sœur du blessé. Geneviève et Gaïa survolaient le cratère autour duquel l'humanité avait construit sa première cité extraterrestre. Au-dessus d'elles, une bulle gigantesque recouvrait ce jardin martien d'où les premières herbes devraient dans quelques décennies partit recouvrir de leur vert, le sable rouge de Mars.
Lorsqu'elles arrivèrent à l'hôpital, le médecin qui les reçut expliqua que Jeronimo était en état de mort cérébrale. Il demanda également à Gaïa si son frère lui avait fait part de son opinion sur le don d'organe. Les médecins souhaitaient prélever le cœur de Jero pour sauver la vie d'un autre. Mais Gaïa ne voulait pas comprendre que l'état de son frère ne laissait guère de doutes sur ses chances de récupérer. Elle feignait de ne pas comprendre que la mort cérébrale signifiait la mort de l'individu... ne reste que la chaire, un robot biologique tout juste capable de gérer l'essentiel. Elle sortit avec Geneviève et elles se dirigèrent vers la chambre où était maintenu en vie le jeune terrien. A travers la vitre Gaïa vit Jero couché dans un lit, des tuyaux, des câbles le reliaient à de nombreux appareils. Son crâne était comme celui d'une momie, enroulé dans de larges bandes blanches où perlaient quelques auréoles rouges. Elles entrèrent. Gaïa s'effondra, prit dans les siennes la main de Jeronimo.
  • Il est encore vivant, n'est-ce pas ?
  • Son corps l'est... mais ton frère est mort Je suis vraiment désolée.
  • Mais son cœur bat. Et, regarde-le, ses doigts se crispent je le sens.
Chacun de ses mots mouraient dans les larmes du précédent. Elle se moucha.
  • Gaïa, ton frère est mort, mais il peut encore faire un geste magnifique en offrant à un autre la vie.
  • Vous dites ça parce que c'est un terrien ! Le docteur veut juste sauver un martien avec le cœur de mon frère.
  • Je ne le crois pas... je ne suis pas certain que le médecin qui s'occupe de ton frère sache à qui sera donné le cœur. Mais de toue façon, ça ne change rien à l'état de Jeronimo.
  • Mais si on prend son cœur et qu'on le donne à quelqu'un d'autre, est-ce que mon frère vivra d'une certaine manière en lui ?
  • On peut voir ça comme ça.
  • Cet autre m'aimera-t-il comme mon frère m'a aimé ?
  • Non, ce qui est donné c'est un organe, une pompe. Cet homme, ou cette femme, pourrait te croiser dans la rue sans que rien ne te distingue des autres milliers de personnes qu'elle croise quotidiennement.
  • Mais il aura son cœur... le cœur de mon frère rythmait nos rencontres, nos émotions.
  • Le cœur n'est pas le siège des émotions et il n'a pas de mémoire propre. La décision t'appartient Gaïa. Si tu refuses de donner le cœur de ton frère personne ne pourra t'en vouloir.
Tout d'un coup, l'image d'Arno s'incrusta dans son esprit. Une fenêtre s'ouvrit, Geneviève s'excusa et passa la porte pour sortir répondre. Elle sortit de la zone de soins intensifs et retira la combinaison, les chaussons et les jeta. Dans la salle d'attente des dizaines d'hommes, de femmes attendaient, les yeux rivés sur les écrans qui diffusaient en direct les flash infos de la soirée. « Le gouvernement de Mars a décidé d'organiser un vaste débat auquel chaque citoyen aura le droit, mais aussi le devoir, de prendre part. Ces débats doivent permettre de faire émerger les caractéristiques de l'identité martienne. Mais surtout, ce débat donnera au gouvernement une légitimité nouvelle dans sa politique vis à vis des flux migratoires en provenance de la Terre. Le président a déclaré lors de la conférence de presse que... »

Coeur combattant
L'infirmier ordonna à l'écran de s'éteindre. « Non, qu'est-ce que vous faites ! Laissez-moi suivre les news. Je suis votre client, vous devez m'obéir! » Le médecin qui venait d'entrer répliqua qu'il était un client un peu particulier, comme un daltonien obligé de laisser toute latitude à son tailleurs pour les couleurs. « Ne vous énervez pas, je ne vais pas vous embêter longtemps monsieur Bloodwrite. » conclut le doc en rallumant l'écran dont il coupa le son. La visite ne dura pas plus de 5 minutes.
Le corps réagissait parfaitement. Le cœur battait convenablement. Aucun signe de rejet. Les questions du docteur faisaient au vieil homme l'effet d'un essaim de mouches bourdonnant au-dessus de sa tête. Le doc avait une face de grenouille avec ses lunettes rondes et anachroniques. A chaque réponse de ses patients il s'humectait les lèvres. Ce qui laissait à Mr Bloodwrite l'impression que son médecin venait d'attraper une mouche d'un coup de langue véloce. En sortant le doc lui annonça la venue d'un psy. « Ne vous inquiétez pas, c'est dans l'ordre des choses après une greffe. Vous devez avoir de nombreuses interrogations, essayez de mettre un peu d'ordre et parlez-en avec lui quand il viendra. »
Le vieil homme se retrouva seul. Les images d'une vague géante qui submergeait une région côtière sur terre déferlaient sur l'écran et semblaient tout emporter sous son crâne. Il pleura.
Ce cœur qui battait en lui n'était pas le sien. Il venait d'un mort. Il avait tant espérer un nouveau cœur, qu'il lui semblait avoir parfois souhaité la mort d'un homme. Mais les médecins l'avaient condamné, son vieux cœur pouvait le lâcher à n'importe quel instant. Il était un mort en sursis sauvé par un condamné ferme. Il se sentit vieux mais pensa aussitôt que ce cœur n'avait pas l'âge de ses artères. Il n'avait jusqu'à présent jamais prêté attention à son cœur... maintenant il avait la sensation de le sentir battre en lui, parfois jusqu'à la démangeaison. Cet organe n'était pas le sien, il ne battait pas de la même manière. Il n'avait même pas les mêmes gènes. Ce cœur était-il celui d'un homme ? d'une femme ? Non, pas une femme ! Bloodwrite refusait cette éventualité. Il se rassurait en se disant que si ce cœur avait été celui d'une femme, ou pire encore d'un terrien, son corps l'aurait rejeté. Mais ses démangeaisons n'étaient-elles pas les signes avant-coureur d'un rejet, d'un échec de la greffe... de sa propre mort, inéluctable ? Le doc semblait pourtant satisfait. Pas de rejet, avait-il dit. Une bouffée d'air lui arracha un cri, comme un nouveau-né respirant pour la première fois... ou la seconde ? Car c'était une véritable renaissance, une deuxième vie qu'on lui avait offerte. Ou peut-être une vie à deux ? Était-il possédé par l'autre... celui qui essayait de vivre en lui, de survivre à travers lui. Mr Bloodwrite avait depuis plusieurs jours des réflexions qu'il n'avait jamais eu auparavant. Ce cœur pouvait-il lui souffler d'autres idées, des pensées étrangères ? Et si ce cœur prenait possession de tout son corps ? Si il ne devenait, lui, que la greffe qui donnait chair à ce cœur ? Si le cœur changeait la partition du corps, si son rythme propre s'effaçait sous celui du cœur du mort, faisant de lui l'écho lointain de l'autre ? Qui était le donneur, l'infortuné qui en perdant la vie la lui avait donnée ? Qui était-il ?
« je veux savoir ! Vous ne pouvez pas me cacher son identité ? Docteur, aidez-moi ! Je veux savoir... Peut-être pourrais-je aider sa famille ? »
Le vieil écrivain avait tenté de perdre le médecin dans les recoins de ses pensées, espérant ainsi l'amené à lui accorder son aide dans l'identification du donneur. Bloodwrite se sentait en porte à faux avec lui-même. Durant de longues années, il avait défendu la diversité, pourfendant de sa plume acérée ses ennemis les plus haineux. Puis avec le temps, le succès et son intégration au système médiatique il ne voyait plus que dans l'autre le perturbateur de son bien-être. La cohérence sociale des premières années sur Mars avait rapidement cédé sous la pression guerrière qui empoisonnait l'air sur Terre. Le projet d'une véritable République Martienne se diluait dans les votes fantaisistes des Terriens fraîchement débarqués. Lui, le vieil homme se sentait plus martien que terrien... malgré ses origines. Ils ne supportait plus les manières en vigueur sur la vieille Terre.
Soudain, son regard s'arrêta sur l'écran et les images qui y défilaient harponnèrent sa conscience. Il monta le son. Son fils était entouré d'une myriade d'holographes, de reporters. Devant le palais de Justice des centaines de manifestants insultaient le jeune Bloodwrite. Le commentateur expliquait que la star des neurogames avait perdu ses derniers fans en mettant enceinte – sans aucune assistance médicale ! - une jeune terrienne de 16 ans. On ne plaisantait pas avec la morale sur Mars, Bloodwrite père en était garant. Le vieux se décomposa. Le cœur qui battait dans sa poitrine à peine refermée se serra, semblait vouloir fuir ce corps, celui d'un homme qui avait engendré une telle aberration de la culture martienne, une bête fauve à peine plus évoluée que ses ancêtres terriens. C'est alors que clignota dans une fenêtre virtuelle un numéro en PCV par VidéoCom'. Le vieux hésita puis décrocha, transférant l'image sur le mur d'en face. Il releva le dossier de son lit. Bloodwrite, qui est à l'appareil ?

Planète paire

  • Père ?
  • Oh merde... Hector ?!
  • Père ne raccrochez pas tout de suite, écoutez-moi, je vous en prie. Je ne me permettrais pas de vous déranger si ça n'avait pas un caractère impératif.
  • Aussi impératif que ta future paternité ? Je crains que nous n'ayons rien à nous dire.
  • Pa'... Vous savez déjà ? Père ne me rejetez pas. Je vous en prie.
  • Pourquoi ? Est-ce moi qui ai oublié tes visites pendant mon inconscience post-opératoire ? Aurais-tu été là pour moi quand mon cœur m'a été retiré et qu'on lui a substitué celui d'un inconnu ? Aurais-je oublié le réconfort intellectuel que tu m'as apporté lorsque je suis sorti de la salle de réveil ?
  • Je ne pouvais pas être là. Ces deux derniers mois j'ai constamment été...
  • C'est ce que je te reproche, le manque de volonté.
  • Je voulais vous visiter père mais je n'ai pas eu un moment de liberté depuis l'ouverture du championnat.
  • Père, je n'ai pas... j'ai été piégé !
  • Piégé ? Qu'est-ce que tu vas encore inventé ? Tu ne l'as pas mise enceinte ? Tu n'as pas trempé ton biscuit dans son thé ?
  • Père !
  • ...
  • Si, bien sûre que je l'ai baisé ! J'ai bien retenu vos leçons... « une femme, tu la baises ou elle te baise ! » Et par tous les trous encore... enfin, non justement. Encore une de vos judicieux conseil. Je ne l'ai prise que par derrière, dans la bouche, dans
  • Passe-moi les détails, sale raclure. Tu t'es fait baisé ! Tant pis pour toi, je ne t'ai pas élevé en looser. Va pleurer dans les jupes de ta pute de mère !

La soirée avait bien débuté. La victoire en première phase des éliminatoires s'était avérée plus aisée qu'espéré. A peine l'avatar enfilé il s'était senti à l'aise.
Les mouvements étaient d'une fluidité encore jamais atteinte. Les conditions idéales pour jouer. La prise en main des armes était parfaite. L'information passait du monde virtuel au corps sans à-coups. La combinaison l'immergeait dans un océan de sensations numériques.
Dans toutes les configurations du premier niveau – sniper, corps à corps, vol du drapeau ennemi – il avait explosé les records.
Plus d'ennemis butés ! Plus de morts dans ses rangs ! Plus vite !
Il n'avait jamais réussi à aller si loin dans la carte. Plus loin !

  • Père je ne comprends pas. Hier encore on m'adulait et aujourd'hui même le plus humble terrien me crache à la gueule. Vous savez père quand on est une star comme moi, on ne s'appartient pas vraiment, on n'est trop souvent qu'une image lissée pour se permettre la moindre profondeur, même en privé. Je me suis noyé dans ma propre image et voilà que maintenant on me retire ce miroir aux alouettes. Je ne suis plus rien. J'étais le favori de la Directrice du consortium Mars Extractor mais depuis hier elle refuse même d'ouvrir mes messages.
  • Quelle injustice, mon pauvre fils... de pute ! Mais que vous reproche-t-on déjà ? Ah oui d'avoir engrossé une terrienne, mineur qui plus est. C'est... dégradant ! Tu me fais honte...
  • Père, ne me jugez pas, je vous en prie.
  • Comment pourrais-je ne pas vous juger ? Peut-être est-ce aujourd'hui la seule chose qui peut me donner l'impression d'être moi. Je vous juge depuis votre plus tendre enfance, Hector. Comme me l'a dit mon médecin, mon corps, les cellules qui le compose ont été constamment renouveler et pourtant j'ai gardé la persistance de mon moi. Je suis le gamin qui jouait dans le labo de mes parents fraîchement débarqué sur la planète rouge avec la première vague de colons. Le même qui a fêté ta naissance en allant aux putes avec son meilleur pote ! Tu serais un homme... ma filiation, celui qui allait perpétuer mon nom, ma famille. Le premier Bloodwrite à naître sur Mars.

Après la série d'interview aux médias, Hector était sorti en boîte avec son manager, son équipe de com'. Il avait tout de suite repéré la petite brune qui se déhanchait sur la piste. Un peu plus tard, il l'avait retrouvée, plus légèrement vêtue, ondulant dans une cage flottant au-dessus de la piste. Son visage s'étalait sur les murs écrans. La musique et l'image de cette fille l'entêtait. L'alcool était comme un océan de coton sur lequel sa conscience flottait. Sa tête dodelinait sur ses épaules. Son corps était flasquement enfoncé dans le fauteuil. Il se leva, dégaina l'authentique bouteille de Champ' français sous les regards ouatés de ses amis. Mais la main de la jeune femme se posa sur sa main à lui. Il reposa la bouteille dans son sceau. Elle s'accroupit, lécha le goulot de la bouteille et fit glisser un glaçon entre ses seins en sueur. Hector bandait.

  • Est-ce là ta contribution à la définition de l'identité martienne ? Est-il ma contribution personnelle ? Que retiendra-t-on de ma vie ? Mon œuvre romanesque ? Mes livres primés ? La vie dissolu de ma jeunesse ou celle de mon descendant ?
  • J'avais fini par croire que j'étais celui que mon équipe de com' vendait, celui qui avait su revêtir les valeurs de la société martienne comme autant d'accessoires du look ultime. J'étais la mode !

Hector bandait et la langue de la fille lui titillait l'orgasme. Ses lèvres glissaient de haut en bas, le long de son membre tendu tandis que lui ne faisait plus que monter. Sa tête s'emplissait d'un vide épais. Son cœur battait dans la grosse veine de sa verge. D'un coup, alors qu'Hector sentait son sexe prêt à exploser... plus rien que l'absence.
La salive jusqu'alors vague chaude sur la plage de son plaisir n'était plus que la rosé froide d'une nuit trop tôt dissipée. Dans un sourire provoquant elle lui cracha sur la bite. Puis cracha sur ses doigts. Elle se caressa l'anus en une invite à piétiner sa lune. Cette fois le vide qui était dans sa tête se fissurait, compressé par ce fourreau étroit qu'il pénétrait. Qui le prenait.
Une fois encore alors qu'il fut sur le point de jouir, la terrienne s'était retirée, laissant sa virilité turgescente perdue dans l'immensité du manque.
Il aurait fait n'importe quoi pour sentir encore les brûlures du désir sur son corps caverneux. Alors quand elle entrouvrit d'autres lèvres sur la fleur de sa passion, il ne songea qu'à l'accueillir.
Lorsque la soie suave de son vagin se pelotonna sur son bulbe à fleur de peau, se retira puis revint lui chapeauter le gland dans un lent va et vient, il se liquéfia tout entier en elle.

  • Père, je ne l'ai pas prise par devant ! Je m'en souvient parfaitement. J'ai toujours eu bonne mémoire. Père écoutez ce que vous dit votre cœur.
  • Mon cœur ? Il a perdu ma mémoire.

20/10/2011

Debout les morts!




AmiEs du fond de la fosse !

Camarades en putréfaction !
Cadavres frais ou décomposés !

Cette année encore, montrons leur que bien que Mort nous sommes toujours aussi envahissant !

Les pavés des rues de Paris seront couverts de sang !
Les bruits de la ville s'arrêteront et feront place à nos râles !
Nos odeurs nauséabondes se répandront dans les rues, pendant que de nouveau camarades rejoindront nos rangs !


La Mare Aux Diables et ses partenaires, vous invitent à la Zombie Walk parisienne 2011 !

10/10/2011

Mieux connaître l'extrême droite pour mieux la combattre

Un petit schéma sur les diverses mouvances de l'extrême droite française telle qu'elle se présente actuellement. Un travail de qualité que l'on doit au Scalp/Reflex Paris et qui permet de se faire une idée des liens et dissensions qui tiraillent la famille nationaliste. Utile pour celles et ceux qui souhaite encore et toujours combattre le fascisme et ses multiples résurgences.
Sur le blog du Scalp, vous trouverez également une définition plus précise de l'antifascisme qu'entendent développer les militants et militantes du Scalp.
N'hésitez pas à jeter un oeil sur le site de Reflex!

No Pasaran!




Présentation des principaux groupes nationalistes français


À quoi ressemble l’extrême droite aujourd’hui ? Quelle est la place du Front national ? Combien de groupes y a-t-il à sa marge, et que représentent-ils vraiment ? Pas facile aujourd’hui de répondre. Face à une extrême droite en perpétuelle évolution, cherchant de plus en plus souvent à brouiller les cartes pour mieux se refaire une virginité et apparaître plus forte qu’elle ne l’est, il vaut mieux connaître les histoires, les alliances et les positionnements de ces différents mouvements pour mieux anticiper leurs actions et leurs politiques. Le schéma, ainsi que les repères historiques ci-dessous, permettent d’y voir plus clair.
L’extrême droite à l’automne 2011 apparaît comme extrêmement morcelée, avec un nombre de groupuscules et des alliances parfois contre-nature entre certains courants ou groupes politiques. Cela s’explique par une grande confusion idéologique qui règne dans le milieu nationaliste. À travers cet organigramme, qui ne peut qu’être éphémère, nous avons tenté de dresser le bilan de cette extrême droite, en terme d’alliance et de positionnement, afin de permettre à chacun(e) de s’y retrouver. Avec les présidentielles de 2012, il y a pourtant fort à parier que la situation exposée ici aura évolué d’ici quelques mois, probablement avec des rapprochement inédits. Nous avons essayé d’être les plus exhaustifs possible, mais en ne nous intéressant qu’aux partis et groupuscules ayant une activité, même réduite, dans le monde réel et pas seulement sur internet, et de ce fait pouvant représenter un danger physique ou politique pour les militants. Ainsi, nous avons volontairement mis de côté les sites internet comme François de Souche, à l’audience proche de certains grands sites d’info, mais dont l’activité se limite finalement au relais d’informations sur des faits divers glanés ici et là et à la libre expression d’un racisme qui trouve là son exutoire.
Mais pour bien comprendre la situation actuelle, il est nécessaire de replacer cette distribution des rôles dans une perspective historique : car si la très grande majorité des groupes nationalistes ici présentés sont nés dans les années 2000, ils sont tous, de par l’histoire de leur formation ou celle de leurs dirigeants, ancrés dans l’histoire contemporaine de l’extrême droite telle qu’elle s’est construite à partir des années 1980, avec l’émergence du FN.





Les années 1980-1990
Si aujourd’hui une chatte n’y retrouverait pas ses petits, du début des années 1980 au début des années 2000, l’extrême droite française était organisée de façon assez simple. Le Front National (FN), qui regroupait plusieurs familles de la mouvance nationaliste (catholiques, anciens de l’Algérie française, nostalgiques du fascisme et du nazisme, anticommunistes, ultra-libéraux…) occupait la plus grande partie de l’espace politique et public de ce courant de pensée, laissant à sa périphérie divers groupuscules dont la marge de manœuvre était très limitée : l’Œuvre française, le GUD, le Parti Nationaliste Français et Européen (PNFE), Troisième Voie, Unité Radicale (UR)… Si certains finissaient par rallier le FN, d’autres choisissent la surenchère idéologique et la violence comme moyen d’expression, voir le terrorisme (cf. les attentats du PNFE contre des foyers Sonacotra). La mainmise de Le Pen sur le FN et sa réussite médiatique ne laissent alors que peu de place à une autre personnalité ou mouvement venu le concurrencer, obligeant les autres formations à se soumettre ou à engager une longue traversée du désert.
Le FN connaît ses meilleures années au milieu des années 1990, que ce soit sur le plan électoral ou au niveau de son appareil militant. C’est alors une machine de guerre, avec un service d’ordre composé en grande partie d’anciens professionnels de la sécurité, mais surtout avec de nombreux militants capables de se mobiliser pour n’importe quel évènement.
Les années 1990 sont également marquées par une recrudescence de la violence d’extrême droite, avec plusieurs morts, les victimes étant toutes des Français d’origine étrangère. Plusieurs militants du FN sont impliqués dans des meurtres à caractère raciste. La fin des années 1990 marque la fin de l’hégémonie du FN sur l’extrême droite française, avec en 1998 la scission provoquée par Bruno Mégret, alors n°2 du FN, qui quitte le parti avec de très nombreux cadres et militants pour créer une nouvelle structure, le Mouvement National Républicain (MNR). Cette brèche, ouverte dans la suprématie frontiste, permet à certains mouvements nationalistes de récupérer des cadres et militants du parti lepéniste, déçus par les tensions existant entre le FN et le MNR.

Les années 2000
Le 11 septembre 2001, le conflit israélo-palestinien et l’émergence de certains communautarismes radicaux bouleversent profondément le champ politique à l’extrême droite, avec d’un côté une extrême droite traditionnelle, restant sur ses bases, et de l’autre des mouvements prêt à passer ponctuellement des alliances inédites : on voit alors des groupes nationalistes s’allier avec militants en perdition venus de la gauche (Dieudonné, Riposte laïque) ou se prétendant venir de la gauche (Alain Soral).
Parallèlement, l’émergence de Marine Le Pen à la tête du FN et ses orientations stratégiques ont entraîné un important désintérêt des jeunes d’extrême droite et des militants nationalistes radicaux pour le FN, même si le parti, surtout lors des périodes d’élections, attise toujours les ambitions et les intérêts de nombreux nationalistes. Alors que le parti n’est plus capable de recouvrir les murs des villes de France d’affiches ou de mettre dans la rue des milliers de gens comme par le passé, faute de militants de terrain, le FN enregistre de nombreuses adhésions de sympathisants, qui ne sont cependant pas prêts à se salir les mains. La nouvelle stratégie du FN version Marine est basée essentiellement sur lesmédias. Bête médiatique comme son père, Marine est présente quotidiennement à la télé ou la radio. Elle a réussi à rallier à elle des personnalités médiatiques comme Gilbert Collard, ce que son père n’avait jamais réussi à faire. En interne, elle organise la chasse aux sorcières de tous ceux et celles qui pourraient s’opposer à elle ou dont les positions trop radicales pourraient la gêner dans sa quête médiatique et politique de normalisation du FN.

06/10/2011

Une histoire populaire toujours en marche... sur Wall Street



A l'heure où le mouvement des révoltes arabes et des indignés européens traverse l'Atlantique... à l'heure où Wall-Street et les 1% qui contrôlent l'économie des USA deviennent les cibles des protestataires... à l'heure où ces protestations font tâche d'huile dans les grandes villes gringas, il est bon de se rappeler que les USA ne se résument pas à Obama ou Bush, à Tom Cruise ou Bob Dylan... Il est temps de (re)lire Une Histoire populaire des Etats-Unis de l'historien radical Howard Zinn.

Voici quelques liens vers des articles sur ce qui se passe en ce moment dans les rues américaines: sur Le MondeLibéL'Humanité, Rue89Les Inrocks ou Le Figaro.

Mermet, Là-bas si j'y suis et Les Mutins de Pangée propose de financer la sortie d'un film sur l'historien qui donne envie aux plus anti-américains d'embrasser le premier gringo qui passe... sauf si celui-ci est Bush!




Howard Zinn - Une histoire populaire américaine
Le nouveau film d’Olivier Azam et Daniel Mermet, sur la vie de Howard Zinn, 1922-2010, auteur du livre "Une histoire populaire des Etats-Unis".




Avec l’énorme succès de son livre "Une histoire populaire des Etats-Unis", Howard Zinn a changé le regard des Américains sur eux-mêmes. Zinn parle de ceux qui ne parlent pas dans l’histoire officielle, les esclaves, les Indiens, les déserteurs, les ouvrières du textile, les syndicalistes et tous les inaperçus en lutte pour briser leurs chaînes.

A Paris et à Boston Daniel Mermet et Olivier Azam ont eu la chance de rencontrer Howard Zinn et de le filmer, toujours stimulant et fraternel. À la fin Zinn disait « Je veux qu’on se souvienne de moi comme quelqu’un qui a donné aux gens des sentiments d’espoir et de pouvoir qu’ils n’avaient pas avant ».

Voilà exactement ce qui nous a donné envie de réaliser ce film. 
Après le succès du film Chomsky & Cie, La coopérative les Mutins de Pangée lance une nouvelle souscription.

Commandez dès maintenant le coffret DOUBLE DVD à 20€ (au lieu de 25€) et participez ainsi à une production entièrement indépendante... tout en gagnant 5 euros !

Plus d’infos sur le site des Mutins de Pangée.

03/10/2011

Paramilitaires: de la Colombie au Mexique



Un article sur les groupes paramilitaires au Mexique, lu sur le site de Proceso... et une vidéo sur le phénomène qui toucha la Colombie dans les deux dernières décennies du XXe siècle.
Le Mexique s'enfonce dans un véritable trou noir dont bientôt plus aucune lumière ne pourra plus s'échapper. Pourtant les contextes sont différents entre la situation actuelle du Mexique et la Colombie d'il y a 10 ans. En Colombie, les groupes paramilitaires se plaçaient sur un terrain politique, répondant à la guérilla des FARC. Au Mexique, le terrain est celui de la drogue et les groupes qui s'affrontent ne le font pas au nom d'une quelconque idéologie mais pour le contrôle du marché de la drogue. Pourtant, des similitudes existent: des groupes armés utilisés au profit d'intérêts privés, une guerre civile où la terreur fait office de loi, une guerre où les civiles paient un lourd tribut et où la trame sociale d'un peuple se délite face à la violence.
Le documentaire présente le processus qui a suivi le désarmement des groupes paramilitaires colombiens et le désarroi dans lequel il a plongé les victimes confrontés à une impunité de fait.



Voici une traduction de l'article de Proceso:

Les paramilitaires, une réalité


1ER OCTOBRE 2011

L'incapacité de l'appareil sécuritaire de l’État continue à donner ses fruits : dans le pays, maintenant, non seulement dominent les narcos et la délinquance organisée en général, mais aussi des groupes armés de type paramilitaire.
L'apparition du groupe qui se fait lui-même appeler les « Matazetas » (les tueurs de zetas, ndt), qui se sont attribué le massacre de 35 personnes à Boca del Rio, dans l'état du Veracruz, le 20 septembre, a ravivé dans le pays la crainte des paramilitaires, à tel point que le gouvernement de Felipe Calderon s'est empressé de nier l'existence dans le pays de ce type de groupes. Interrogé par Proceso, l'expert Edgardo Buscaglia souligne que des organisations telles que les Zetas, les Pelones, le Comando Negro et la Policia del Calendario opèrent dans le pays depuis plus d'une décennie.
La vacance du pouvoir dont jouit le Mexique, le simulacre électoral, le financement des campagnes politiques par le narcotrafic et l'accélération de la perte de contrôle de l’État sur des parties du territoire représentent « le bouillon de culture le plus efficace pour la prolifération de groupes paramilitaires dans le pays », explique Edgardo Buscaglia, conseiller des Nations Unies, directeur du Centre de Développement Économique et de Droit International de l'université de Virginia et professeur de droit international à l'Institut Technologique Autonome de Mexico (ITAM).
En se basant sur l'expérience d'autres pays, il remarque que pendant que le président Felipe Calderon continue à combattre le crime organisé « de manière biaisée », sans s'en prendre « au nerf financier de la mafia », des pouvoirs comme les paramilitaires et les groupes armés des cartels de la drogue continueront à arracher « des bouts de l’État » jusqu'à ce que le Mexique sombre dans l'abîme, comme cela s'est produit en Afghanistan, au Kosovo et, dans les années 80-90, en Colombie.
L'émergence du groupe paramilitaire auto-baptisé les Matazetas, apparu sur la scène nationale après le massacre de 35 membres supposés des Zetas dans le port de Veracruz, ne surprend pas Buscaglia qui affirme que malgré les dénégations du gouvernement fédéral quant à la présence de groupes paramilitaires au Mexique, ce phénomène existe depuis longtemps déjà.
Selon l'expert, opèrent au Mexique 167 groupes paramilitaires financés par des entrepreneurs afin de protéger « la vie et la propriété », que l’État mexicain ne peut plus garantir, et dans d'autres cas – assure-t-il – ils sont payés par les gouverneurs eux-mêmes, qui face à l'impossibilité de garantir la sécurité aux gens, paient ces groupes armés afin de nettoyer les territoires et sauver le marché de la drogue aujourd'hui menacé selon le Cartel de Sinaloa, cette organisation criminelle que le même gouvernement fédéral prétend consolider sur le territoire mexicain...
(Extrait du reportage publié cette semaine, dans le numéro 1822 de la revue Proceso, en vente en ce moment)