"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

28/09/2011

ShakaKantaPonk!




Nouvelle apparition de Bertrand Cantat avec Shaka Ponk... une incursion dans un univers musical encore différent après celle dans l'univers d'un slammeur bordelais, du théâtre.
Cette fois l'ambiance est plus rock, quoique teintée d'électro. Goz, singe virtuel et mascotte du groupe, est ici démultiplié pour assister en spectateur à la performance de SHK PNK et de Cantat. Y'a du style, de l'énergie et... une petite mélodie qui trotte dans la tête en secouant les neurones. Ça donne envie de découvrir cette bande de singes, si ça n'était pas déjà fait.

23/09/2011

Des neutrinos se font le mur de la lumière...


Vous n'avez pas pu passer à côté de cette info: des particules, les neutrinos, auraient dépassé la vitesse de la lumière. Or, depuis Einstein, la vitesse de la lumière (299 792 458 m/s*) était devenu une constante physique fondamentale. Et voilà qu'une équipe du CNRS (lire le communiqué) remet en cause la relativité restreinte qui suppose l'impossibilité de vitesse supraluminique. Alors bien sûre, il ne s'agit que de neutrinos, des particules infimes, et il est encore bien trop tôt pour mettre à plat l'apport d'Einstein et toute la physique contemporaine. Mais cette nouvelle nous replonge dans un passé où les voyages dans le temps semblaient "théoriquement" possible... grâce à des vitesses supérieur à celle de la lumière. Un brèche s'est ouverte dans l'espace-temps et les vieux récits de SF retrouvent une seconde jeunesse!

Pour aller plus loin:
- Le Monde a le premier publié l'info sur ces particules supraluminiques
- France Info consacre une page à ces neutrinos
- Le Figaro aussi
- Vous pouvez également voir ce petit reportage du CNRS
- Ce vendredi à 16h (23 septembre), Dario Auterio devrait présenter ces résultats surprenants lors d'une conférence au CERN de Genève. 

Je vous propose cet article du Figaro, qui au-delà de l'information, tente d'en définir les conséquences.

*La constante lumineuse restera désormais là, dans votre cervelle

Petit truc mnémotechnique pour se souvenir de la vitesse de la lumière, en remplaçant chaque mot de la phrase par le nombre de lettres. Si la virgule est conservée, l'unité est le kilomètre par seconde.

Toute la physique moderne pourrait être à revoir


Suite à la découverte des chercheurs du CNRS qui pourrait remettre en cause la théorie de la relativité, la communauté scientifique s'interroge.

E = mc2. L'énergie est égale à la masse multipliée par la vitesse de la lumière au carré. C'est de loin l'équation la plus connue de toute la physique, celle qui illustre pour le grand public la théorie de la relativité d'Einstein. Difficile d'imaginer qu'elle puisse être fausse.
Et pourtant, si les mesures de Dario Autiero et de ses collègues du CNRS à Lyon se confirment, «cela remet en question toute la relativité restreinte d'Einstein, découverte en 1905, et qui a pourtant été depuis vérifiée par de très nombreux tests», résume Thibault Damour, physicien spécialiste de la relativité à l'Ihes. Le Français attend de voir la suite et rappelle qu'il a vu dans sa carrière «un certain nombre d'annonces qui se sont révélées fausses».
John Ellis, l'un des plus réputés théoriciens au Cern, à Genève, estime lui aussi que la découverte est tellement fracassante qu'il faut attendre qu'elle soit confirmée par un groupe concurrent avant de chercher à modifier les équations d'Einstein et de remettre toute la physique moderne à plat.
Les meilleurs candidats pour vérifier le résultat sont les chercheurs américains de l'expérience Minos, qui détecte elle aussi des neutrinos émis à quelques centaines de kilomètres de distance par l'accélérateur du Fermilab. En 2007, ces Américains avaient d'ailleurs mesuré que les neutrinos arrivaient avec 120 nanosecondes d'avance sur la lumière, mais leur marge d'erreur était si importante qu'ils n'avaient rien pu affirmer sur la vitesse des neutrinos. D'ici à deux ans, leurs prochaines mesures devraient permettre de confirmer ou d'infirmer le travail de l'équipe du CNRS de Lyon fait avec l'expérience Opera en Italie.
«J'essaie depuis quelques jours de réfléchir à des effets ou à des biais qui pourraient expliquer autrement les résultats d'Opera, sans avoir à revoir la règle de base de la relativité, qui veut que l'information ne peut pas se propager à la vitesse de la lumière», avoue, très intrigué, Pierre Binetruy, directeur du laboratoire AstroParticules et Cosmologie à l'université Denis-Diderot à Paris. Mais je reconnais que ça a l'air extrêmement difficile à expliquer autrement qu'en modifiant la relativité.»

Des conséquences cruciales  

L'enjeu est considérable pour l'ensemble de la physique moderne, car le fait que la vitesse de la lumière soit une limite infranchissable est un paramètre qui a des conséquences cruciales pour expliquer des domaines qui vont de la formation de l'Univers lors du big bang jusqu'au comportement de la matière à des échelles infiniment petites.
John Ellis estime que, même si les neutrinos peuvent dépasser la vitesse de la lumière, «cela ne veut pas forcément dire qu'Einstein a eu tort, prévient-il. Je prends l'exemple de la théorie de la gravitation de Newton, qui marche très bien dans de très nombreux cas, mais qui doit être modifiée par la théorie d'Einstein dans des circonstances exotiques. Il faudra peut-être aussi modifier les prédictions d'Einstein dans des conditions extrêmes.»
Le physicien britannique explique également qu'un travail important va devoir aussi être fait pour vérifier si la théorie d'Einstein exclut aussi fermement que ce que l'on pensait les vitesses superluminiques. Certaines théories physiques dites «exotiques» font d'ailleurs appel à des particules plus rapides que la lumière, des tachyons, qui contournent l'«interdit» d'Einstein en ayant une masse non nulle, mais dite «imaginaire».

17/09/2011

Devenons Anonymes!





Une petite vidéo pour apprendre à échapper à la surveillance numérique. Je l'ai trouvée sur Rue89 qui donne 4 trucs pour effacer ses traces sur le web. Ouvrez vos oreilles pour que les murs cessent de vous écouter...
Vous pouvez également lire l'article consacré au projet commotion, celui sur l'informatique libre ou celui sur le Guide d'Autodéfense Numérique.
Et si vous voulez une approche moins "science" et plus "fiction", allez jeter un œil à mes trois nouvelles: e-MondeUtopies pirates et Comme un chien dans un jeu de puces.

Le monde virtuel, comme le réel, ne sera que ce que nous en ferons....
Un autre monde numérique est possible!

Bonne lecture



16/09/2011

Anonymous en Mexico

Anonymous s'en prend au gouvernants mexicains. Alors que le pays s'apprête à fêter ce 16 septembre le 201e anniversaire de son indépendance, les hacktivistes ont lancé l'opération #opindependencia. Durant la journée du 15 septembre, les sites de la défense nationale, de la sécurité publique... et même celuide la présidence de la République ont été indisponibles, très certainement victimes d'attaques de dénis de services. Anonymous avait publié il y a un  mois une vidéo où ils annonçaient #opindependencia... Vous pouvez également visiter la page Youtube des Anonymous mexicains.



Voici l'article de La Jornada au sujet de l'attaque d'Anonymous contre le gouvenrment mexicain:


Bloquea Anonymous los sitios web de Presidencia, Sedena y SSP

Autodenomina la operación como 'Op. Independencia/15S'. Hackea página del Congreso de Nayarit.
De la Redacción
Publicado: 15/09/2011 14:27

México, DF. El grupo de hackers Anonymous inhabilitó la página web de diversas instancias gubernamentales, entre ellas las de las secretarías de la Defensa Nacional (Sedena) y Seguridad Pública (SSP), el congreso de Nayarit y la Coordinación Estatal para el Fortalecimiento Institucional de los Municipios de San Luis Potosí (Cefimslp).
En cuanto al sitio de Internet de la Presidencia de la República, el grupo escribió en Twitter: "La página de Presidencia es muy dura, necesitamos toda la fuerza posible. Cañones en máxima potencia!! #OpIndependencia". Hasta las cuatro de la tarde, no era posible tener acceso a ese portal.
Como parte de la operación llamada “Op. Independencia/15 S”, los activistas cibernéticos anunciaron sus movimientos a través de la cuenta de Twitter @anonopshispano, en donde también colocaron un mensaje que decía “Sedena.gob.mx TANGO DOWN! por asesinos #OpIndependencia #FelizCumpleDonPorfis #VIVAMEXICOCABRONES #LeyPeñaNieto”.
El ataque a las páginas oficiales, que comenzó alrededor de las 11 de la mañana del jueves, es una manifestación de protesta contra la violencia, la corrupción y la desigualdad en México, explicaron los hackers en un video titulado “Anonymous Op 15 de septiembre”, que subieron a la página www.youtube.com y a varias redes sociales.
En dicho mensaje, el grupo explica que “en los 201 años de la supuesta independencia mexicana, nadie debería celebrar una fiesta llena de engaños e hipocresía por parte del gobierno, ya que en México seguimos viendo la misma desigualdad social”.
Añade que “el narcotráfico ya gobierna en el poder, los sicarios se han vuelto terroristas, diario ejecutan personas sin importarles si son culpables o no, todo para demostrar su poderío”, y llama a hacer valer que “nosotros somos el motor de este país”.
Previamente, Anonymous había lanzado otro video en el que lamentan que el pueblo mexicano cada vez está más asustado por la violencia y la inseguridad.
“Hemos visto cómo el pueblo está atemorizado por culpa de un gobierno que no ha querido escuchar a su gente, que ya está harta de la sangre y la violencia en este país, y por hechos que se viven todos los días en Ciudad Juárez, Nuevo León, Jalisco, y demás estados, aunado a los disturbios recientes en el Estadio de Santos Torreón en el Casino Royale y otros tantos más, nos han llenado de coraje, valor para protestar y levantar la voz”, señalaron los activistas.
El mensaje del grupo de hackers concluyó con un llamado a tomar conciencia y a no festejar el Grito de Independencia:
“Vamos a hacerles saber a este podrido sistema que los mexicanos podemos más, somos más, que no perdonamos y no olvidamos a nuestros hermanos que han muerto. Vamos a demostrar al gobierno y al narcotráfico que ya no vamos a permitir más violencia e inseguridad. Este 15 de septiembre no vayas al Grito, es tiempo del pueblo. Somos Anonymous, somos legión, no perdonamos, no olvidamos”.

Desde la mañana del jueves, las páginas de la Sedena y la SSP permanecen inhabilitadas, y en la portada de la del congreso de Nayarit aparece el protagonista de la película V de Venganza. De acuerdo con información retomada en diversos blogs, otros sitios web que podrían ser hackeados son los del congreso de Oaxaca y del PAN.
Fuentes de la SSP admitieron que el ataque contra su página se realizó a través de millones de usuarios falsos que bloquearon el sistema, al tiempo que la Sedena indicó que su sitio está fuera de servicio de manera temporal debido a una saturación en el ancho de banda, pero aseguró que el problema se resolverá a lo largo del día.
(Con información de Dpa)

15/09/2011

L'internet libre contre le silence imposé aux syriens

Un article trouvé sur le site reflets.info, de Fabrice Epelboin. Il donne la parole à l'un des hackers qui a participé à l'action #opsyria qui a consisté à expliquer aux Syriens que leurs communications étaient écoutées et à leur fournir les outils et les conseils pour naviguer sur le net de manière anonyme et sûre. Ces hacktivistes ont, entre autre redirigé tout le trafique syrien vers une page de conseils aux internautes du pays!
Pour en savoir plus, vous pouvez également lire l'article du Figaro sur le sujet ou celui de owni.fr. Pour les plus intéressé, vous pouvez lire la série d'articles sur #opsyria du site reflets.info
Bonne lecture


OpSyria : retour d’expérience
Tous ceux qui nous lisent régulièrement savent qui est KheOps et ont même probablement déjà lu un de ses articles. Aujourd’hui, parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi même, nous l’interviewons…

Tu as piloté l’une des opérations les plus spectaculaire de Telecomix, le détournement du web Syrien afin de faire de la contre propagande et d’apporter une aide technologique à la population pour lui permettre de se défendre contre la surveillance et la censure. Par rapport à de précédentes opérations de Telecomix, comme le rétablissement de la liaison internet avec l’Egypte, ou l’exfiltration de vidéo durant la révolution Tunisienne, quelles leçons pour l’avenir peut on tirer de OpSyria ?
Si elle est perçue comme spectaculaire, c’est sans doute parce que les conditions initiales étaient pires qu’en Égypte ou en Tunisie. Le but était pourtant exactement le même : permettre aux gens de communiquer. Nous avons évidemment d’abord étudié les pistes standards, comme la mise en place d’accès RTC, la diffusion des informations en provenance du terrain par Twitter (très utilisé en Égypte lors de l’occupation de la place Tahrir), etc. Le problème, c’est que les lignes téléphoniques sont sur écoute et les connexions ADSL sont surveillées et certains sites sont censurés. De plus, les représailles pour s’être exprimé un peu trop librement sur Internet atteignent des sommets délirants (voir les exemples d’Ali Farzat et Ibrahim Qashoosh). En somme, on a à la fois une censure forte des communications et des représailles hors du commun pour quiconque outrepasse cette censure. On imagine sans mal que ça ne donne pas envie de poster des vidéos de manifestations sur Youtube ou de faire des appels sur Twitter. Enfin, la « culture Internet » est moins installée en Syrie qu’en Égypte ou en Tunisie: une proportion bien moindre de la population est connectée à domicile, la plupart des gens semblant – d’après ce qui nous a été rapporté – obligés de se connecter depuis les cybercafés, eux-mêmes étant les endroits les plus surveillés.
La conséquence : il y a peu d’informations à relayer sur Twitter. Il n’existe pas de diffusion vidéo en direct comme c’était le cas place Tahrir avec Al Jazeera. Et peu de monde a l’envie ou les moyens d’utiliser une connexion RTC. En bref, le silence quasi-total. C’est ce qui a justifié une action plus pénétrante de notre part, pour dire aux gens : « coucou, si, on vous jure que c’est possible, mais il va falloir faire très attention ! ».
Pour ce qui est des « leçons » à retenir, je ne vais citer que celle qui me paraît la plus importante. Combattre pour la liberté d’expression, c’est bien, mais il faut éviter de faire n’importe quoi de façon dogmatique, et s’adapter à la situation. Si on avait bêtement balancé des messages sur des pages Facebook, on aurait pu mettre la vie de certaines personnes en danger. Avant de pousser les gens à communiquer, il fallait être conscient des dangers et adopter une stratégie visant à leur faire prendre le moins de risques possible. Une personne morte s’exprime beaucoup moins bien qu’une personne vivante.
Ah, oui, j’oubliais. Je n’ai rien « piloté ». Je n’ai pas mon brevet de pilote.
En Syrie, nous avons découvert, sans vraiment de surprise, une société occidentale au coeur des technologies de censure, Bluecoat, en Libye, Bull/Amesys et un système de surveillance particulièrement sophistiqué, qui selon le Figaro serait utilisé également en France, un pays qui avance a grand pas vers une censure de l’internet et qui est déjà sur la liste des pays sous surveillance de RSF. Peut-on imaginer un avenir proche où des entités comme Telecomix s’attaquent à des ‘démocraties’ comme la France ?
J’ai le sentiment que quelques pays européens prennent effectivement une direction assez inquiétante. Je ne suis pas complètement calé sur le sujet, mais avec Hadopi d’une part et les lois Loppsi d’autre part, certaines portes sont ouvertes pour faciliter la censure et le contrôle d’Internet par les autorités gouvernementales. On a vu également des propos très inquiétants de David Cameron après les émeutes de Londres. Comme si couper les communications allait régler les problèmes de société qui conduisent aux émeutes. C’est ridicule, qui leur a foutu un premier ministre pareil ?
Je ne sais pas si le terme « attaquer » est approprié en parlant de Telecomix. Mais, Internet n’ayant par définition pas de frontières, il y a de fortes chances pour que Telecomix et d’autres essaient de mettre en place des moyens de contournement de la censure, pour qu’Internet reste Internet. Nous continuerons également de promouvoir les moyens de sécurisation de la vie privée afin de réduire les chances que toute entité, qu’elle soit publique ou privée, puisse espionner les communications. Je considère que les États n’ont pas plus de légitimité que n’importe quel autre acteur pour écouter ou censurer. Internet est un réseau où l’information circule de façon totalement horizontale, simplement. Si une route est bloquée, on en emprunte une autre, quelle que soit la raison du blocage. Donc nous continuerons à construire des routes et creuser des tunnels. Mais cela demande des efforts dont chaque citoyen doit avoir conscience, et auquel chacun peut participer. Installer un relai Tor, par exemple, ne demande que quelques minutes.
L’intelligence collective – et donc la qualité de nos « démocraties » – ne peut progresser qu’en favorisant le libre échange des informations. C’est le seul moyen de permettre à chaque personne d’avoir une vision du monde la plus complète possible et d’obtenir le maximum d’éléments pour se faire une opinion sur un sujet donné. C’est également comme cela qu’une personne peut accroître la conscience de sa place dans la société. Plus généralement, c’est aussi par ce biais que des peuples différents peuvent améliorer leur compréhension mutuelle. J’ai appris un nombre fantastique de choses en l’espace de quelques semaines sur la Syrie, et certains d’entre nous sont déjà invités dans plusieurs villes ! Pas besoin d’acheter le Routard et de réserver un hotel !
La censure me paraît donc nuisible à la société dans sa globalité… Mais si certains sont tentés de l’utiliser, c’est parce qu’elle entretient l’ignorance, qui est elle-même un instrument de pouvoir puissant. Jouer sur la peur des gens en brandissant la menace des pédophiles, des nazis ou des islamistes (ou d’autres clichés débilitants) est un moyen très facile de justifier la censure. Et puis c’est un cercle vicieux, car c’est en se basant sur l’ignorance qu’on parvient à provoquer la peur. Les gens les plus peureux sont souvent ceux à qui on a trop raconté de choses et qui ne sont pas aller essayer par eux-mêmes. Ces peurs deviennent ensuite de l’ordre des croyances, et non du savoir… Mais on s’écarte du sujet.

En Tunisie, qui a été le théatre de la première opération que l’on peut qualifier d’offensive de Telecomix, en janvier dernier, la censure revient par le biais du porno. En dehors de la rapide escalade dans la censure qu’on connu tous les pays commencent à censure leur internet, cela pose-t-il des problèmes de sécurité particulier pour les infrastructures Tunisienne ?
Je n’étais pas dans le giron de Telecomix lors des soulèvements tunisiens. Tout ce que je peux dire c’est que le porno, c’est chouette et que je connais un paquet de syriens qui ont dû être frustrés pendant une soirée. S’il y en a qui n’aiment pas le porno, ils n’ont qu’à pas regarder ! Mais effectivement, une fois qu’on rentre dans une logique de censure, que ce soit le porno ou autre chose, l’expérience montre qu’il y a de fortes chances pour que cela dérive et prenne de l’ampleur. On parle couramment de « dérive autoritariste » pour désigner cela, me semble-t-il.
Concernant les failles que cela peut ajouter sur les infrastructures, je ne peux pas prévoir le futur à coup sûr. En tous cas, en Syrie, le système mis en place par le Syrian Telecommunications Establishment autour des BlueCoat était une sacrée passoire et permettait clairement d’obtenir des informations sur la topologie de leur réseau. Je serais donc tenté de dire que cela va probablement augmenter le nombre de trous de sécurité. Mais je suis très loin d’être un expert en réseaux, et l’exemple syrien n’est sans doute pas représentatif.

Si on part du principe qu’une bonne partie de l’armée de hackers qui travaillait sous les ordres de Ben Ali n’est plus au service du gouvernement, et sachant que certains ont été repéré travaillant pour des partis politiques extremiste, est-on sur le point d’assiter à la généralisation de véritables armées privées de blackhats au service d’intentions politique peu louables ?
Les compétences en informatique ont tendances à s’accroître, il y a donc dans le monde un nombre croissant de personnes capables de réaliser de petites ou grosses attaques, d’autant plus qu’il existe des logiciels permettant de participer à un DDoS ou de réaliser une injection SQL sans aucune connaissance technique. Dans cette masse de personnes, il va de soi qu’une partie est politiquement affiliée à des groupes ou partis qualifiés d’« extrêmes ». Donc, effectivement, le terrain de lutte est aussi sur Internet. Mais « de véritables armées », non : pas la peine d’effrayer les gens avec ce genre de terminologie. Il n’y a pas de « véritables armées » d’extrémistes, les extrémistes étant par définition marginaux.

On a vu ces derniers temps en Tunisie des pages Facebook très populaires proposer une forte récompense pour le hacking de certains comptes Facebook, le genre de compétences couramment utilisées sous Ben Ali, penses-tu qu’on soit sur le point d’assister à une explosion de tels agissements, fait de façon ouvertes, d’acte qui sont parfaitement criminels ?
On voit de plus en plus de pratiques rigolotes dans ce genre. Une autre consiste à révéler l’identité réelle de certaines personnes anonymes sur Internet. De mémoire, il me semble que TheJester s’est amusé à cela. Cela fait partie du lot. J’espère que cela poussera simplement les gens à renforcer leur anonymat sur Internet ! Facebook est une base de données gigantesque à laquelle la plupart des utilisateurs confient toute leur vie privée. On peut comprendre que cela entraine certaines tentations…
Ici aussi, je ne pense pas qu’il y ait d’« explosion » de ces pratiques, tout simplement parce que je ne vois pas une majorité d’individus perdre leur temps à essayer de pirater des comptes Facebook d’autres inconnus pour le plaisir. Une recrudescence ou encore un effet de mode, oui, sans doute. Mais cela fera peut-être évoluer la façon dont l’outil est utilisé, puis le phénomène se tassera. En fait, il n’y a que les kamikazes et les rats qui mangent de l’aspirine qui explosent.

Telecomix n’est pas à proprement parler une organisation, il n’y existe aucune hiérarchie, pas vraiment de gestion de projets, mais une opération comme OpSyria est tout de même en soit, outre le coté hacking, d’une dimension comparable à un projet de communication comme on en trouve couramment dans les agences web : on a une cible, auquel il faut faire passer un message, que l’on teste et que l’on retravaille, suivi de retombées sous forme de contact (pas ‘clients’bien sûr), d’un service d’assistance online… Une question me travaille depuis le début de cette opération il y a de nombreuses semaines : qu’est ce que l’on peut en tirer comme leçon pour la com’ qui vend des yaourts ? Pour la gestion de projets en général ?
Je crois que la gestion de projet est un truc qui a été inventé pour forcer les gens à travailler sur des choses qui ne les intéressent pas et avec des gens avec qui ils ne s’entendent pas. C’est très adapté dans un univers de hiérarchies strictes, où le travail est justifié principalement par la nécessité du salaire touché à la fin du mois.
Telecomix ne compte pas en jours-hommes. Nous nous sommes juste dit « bon, on fait un truc ? ». Chacun fait ensuite ses choses de son côté tout en collaborant avec les autres, en exploitant les résutats de l’un pour les approfondir et fournir davantage, etc. Certains se sont arrêtés en cours car ils en ont eu marre, d’autres ont simplement fait « un break » puis sont revenus. Personne ne s’est vu fixé quelque objectif que ce soit. Celui qui a envie de faire quelque chose le fait, simplement. En fait, je suis en train de raconter l’histoire du logiciel libre, là : personne n’est payé, chacun fait comme il veut, mais ça avance vite et bien.
On ne définit pas de structure. La structure se définit d’elle même par la façon dont chacun y trouve sa place en apportant sa compétence.
Au final, comme l’envie est commune et que personne n’est contraint, le plaisir, le sentiment d’accomplissement et d’autres émotions sont complets et fortement partagés.
Je peux mentionner les outils qui nous ont aidés à nous organiser. Les « pad » ont été utilisés abondamment afin d’avoir des documents collaboratifs de travail: soit des listes d’adresses IP scannées, soit des textes à destination des syriens. À part ça, beaucoup d’IRC avec du jonglage entre canaux publics et canaux privés pour ne discuter qu’avec les personnes de confiance. Aussi un peu de mail, un peu de pastebin, et pas mal de « tiens je t’ai mis ce truc à cette url ».
En ce qui concerne la communication, je crois que je peux dire plein de banalités. Essayer de se mettre à la place de ceux qui recevront le message. S’appliquer, soigner les détails de présentation comme la technique sur laquelle elle repose. Éviter les messages pleins d’idéologie incompréhensibles par un pauvre internaute syrien qui n’a rien demandé.

De nombreuses ONG se mettent avec plus ou moins de succès à internet. Telecomix vient de là, et a plutôt fait le chemin inverse. Comment cette expérience accumulée pourrait profiter à d’autres ONG qui soutiennent d’autres causes ?
Si on parle d’expérience en termes de télécommunications, il n’ont qu’à suivre les recommandations et outils classiques destinés à protéger la vie privée et l’anonymat ! ONG ou pas, beaucoup de personnes et d’entités y gagneraient à sécuriser un peu leurs communications et profiter d’outils autres que Gmail et Facebook.
Ces deux (un peu plus avec Microsoft, Twitter et autres) grosses entreprises ont réussi le coup de force de faire assimiler Internet à Facebook+Google à un grand nombre de personnes. Il serait temps que chacun se réapproprie l’outil Internet et arrête d’être captif des habitudes lobotomisantes que ces entreprises nous ont gravé dans le crâne. Ce n’est pas compliqué quand même, et pourtant il faut voir le mal de chien qu’on a à tenter d’expliquer aux syriens qu’il se feraient moins massacrer s’ils utilisaient moins Facebook !


05/09/2011

Lancement du Prix Lucas Dolega



Le 17 janvier 2011 à Tunis, le photographe Lucas Dolega nous quittait, alors qu’il couvrait la « Révolution du Jasmin». Pour rendre hommage à Lucas, et, à travers lui, à tous les photojournalistes qui risquent leur vie pour la liberté d’informer, sa famille, ses proches, ses amis, décident de créer une association Lucas Dolega et de lancer un prix photographique.
Destiné à soutenir les photographes qui exercent leur activité dans des conditions souvent difficiles et sur des zones pouvant comporter des risques pour assurer la diffusion d’une information libre et indépendante, ce prix a pour essence de récompenser un photographe qui par son engagement personnel, son implication sur le terrain, ses prises de position et la qualité de son travail, aura su témoigner de son attachement à la liberté de l’information.
Les participants devront présenter un reportage ayant pour sujet un conflit (guerres civiles ou militaires, émeutes, attentats ou manifestations publiques), une révolution, une catastrophe naturelle, ou de leurs conséquences pour les populations civiles.
Organisé en partenariat avec la Mairie De Paris et avec le soutien de Reporters sans frontières, le prix Lucas Dolega récompensera chaque année un photographe d’un prix de 10.000 euros, d’une exposition à Paris et d’une parution dans l’album de RSF.

Modalités et informations :
Le règlement complet du Prix et la fiche de participation seront consultables et téléchargeables sur le site du Prix Lucas Dolega début septembre.

Contact association Lucas Dolega
Ludivine Gaudry
Tél : +33 616664319
E-mail : ludivinegaudry@lucasdolega.com

03/09/2011

Semaine noire au Mexique


Voici la traduction du texte de José Gil Olmos publié par Proceso le 31 août dernier. L'auteur y analyse l'impact sur l'Etat d'esprit de la société mexicaine des deux attentats survenus la semaine dernière au Mexique. Il décrit également la tentation autoritaire du gouvernement Calderon en réponse à l'escalade de la violence criminelle. Il défend aussi l'idée que seule une mobilisation citoyenne peut influer positivement sur la situation mexicaine.
Bonne lecture


Semaine noire
La 34e semaine de l'année en cours restera comme l'une des plus tragiques pour le pays, non seulement pour les plus de 80 morts comptabilisé, mais pour les deux événements ayant profondément marqué la société : la terreur au stade de foot de Torreon et l'attentat au casino Royale de Monterrey.
Les experts de l'attention aux victimes et en sécurité publique ont remarqué que ces deux événements, ajoutés à la tragédie des milliers de morts et de disparus de ces cinq dernières années, ont laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective car il s'agit d'attentats dans des lieux publics de divertissement.
A quelques jours d'intervalles, la violence du crime organisé s'est manifestée au stade et au casino, provoquant une expression de terreur et de peur de masse, comme jamais encore ces dernières années dans tout le pays. Avec ces deux événements, la violence a atteint un niveau de danger pour la société, démontrant une nouvelle fois l'échec de la guerre contre le crime organisé déclarée par Felipe Calderon et le pouvoir croissant des groupes criminels, qui ont surpassé les forces armées et de police.
Mais le danger pour la société n'est pas de confirmer les hauts indices d'insécurité, mais la fragilité et la vulnérabilité dans laquelle elle se trouve et les effets à court et long termes qu'elles auront sur l'humeur collective.
La peur, l'insécurité, la terreur et la sensation d'abandon qui grandissent chez les gens ont d'autres effets plus dangereux, comme l'immobilisme et la désespérance sociale.
Cette paralysie et cette passivité pourraient être utilisées par ces mêmes bandes criminels pour renforcer leur empire de terreur, déjà prégnant dans certaines régions du pays, mais aussi par les groupes du pouvoir politique désireux d'instaurer un régime autoritaire, de type militaire ou policier, afin d'imposer l'ordre sur le territoire national.
Preuve en est faite par Calderon, qui immédiatement après l'attentat au Casino Royale de Monterrey a demandé au Congrès de la République d'approuver la Loi de Sécurité Nationale, qui prétend faciliter l'intervention des forces armées dans des tâches de sécurité publique.
La tentation de l'autoritarisme, de la main dure, de la force, avant l'intelligence, voilà ce qui se trouve derrière cette proposition de loi, qui donnerait plus de latitudes au président de la République pour envoyer des troupes militaires lorsqu'il juge qu'il s'agit d'une situation d'urgence nationale, non plus en matière de catastrophes naturelles, mais pour des raisons éminemment sociales ou de sécurité publique.
Ce qui favorise ces groupes du pouvoir politique ou criminel c'est une société impavide, engourdie, effrayée ou terrorisée.
Une société dans cet état d'esprit est une proie facile pour n'importe quel groupe violent ou autoritaire qui n'argumente pas, mais qui exerce la violence pour obtenir ce qu'il veut : plus de contrôle social et territorial.
Ce sont peut-être les effets les plus dangereux des deux attentats perpétrés la semaine passée, c'est pourquoi il est important de mettre en lumière les mobilisations qui ont eu lieux à Monterrey, où la société n'est pas encline aux protestations publiques.
Les mobilisations et la présence des organisations sociales sont importantes dans ces moments où la peur et le désespoir gagnent du terrain. Ce sont les seules moyens d'expression de la société pour essayer d'influer sur la baisse de la violence, qui à la manière de l'humidité s'est infiltrée dans les foyers.
S'il n'y a pas d'expression et de mobilisation sociale, si le conformisme et l'apathie gagne l'esprit social, nous verrons ces prochains mois augmenter la terreur et la violence, et les élections présidentielles de 2012 ne serviront à rien, peu importe qui arrive au pouvoir, car dans les faits ce sont les groupes du crime organisé qui gouverneront.

02/09/2011

Entre le marteau et l'enclume

Suite à la lecture de l'article publié sur Rue89 par Nicolas Quirion, "Mexique: au pays des narcos, un tweet "alarmant" vaut la prison", j'ai été lire les articles que Proceso consacre au sujet. Je publie l'un d'eux ci-dessous accompagné du visuel de la communauté virtuelle mexicaine soutenant les inculpés. Alors que le Mexique vient de subir deux attaques importantes du crime organisé, une fusillade dans un stade de foot de Torreon et un casino incendié à Monterrey (plus de 50 morts), le pouvoir du président Calderon inculpe de terrorisme la journaliste María de Jesús Bravo Pagola et Gilberto Martínez Vera pour avoir tweeté l'annonce de prétendues attaques contre des écoles de Veracruz... Ils risquent jusqu'à 30 ans de prison!
Dans une tribune de José Gil Olmos publié par Proceso, l'auteur revient sur la double terreur qui tenaille les mexicains après ces deux attaques: le renforcement du pouvoir des narcos et l'instauration d'un Etat militaro-policier. Calderon ayant demandé au Congrès de valider la controversée Loi de Sécurité Nationale. Pris entre le marteau et l'enclume le Mexique compte ses morts.





Exige Reporteros sin Frontera la liberación de “tuiteros” veracruzanos

JALAPA, Ver. (apro).- Reporteros sin Fronteras se sumó a la condena de usuarios de las redes sociales contra el gobierno veracruzano por el proceso penal iniciado en contra de María de Jesús Bravo Pagola y Gilberto Martínez Vera, por los presuntos delitos de terrorismo y sabotaje al haber difundido mensajes sobre potenciales atentados del crimen organizado en la entidad.
“Esta inculpación es delirante, pese a la imprudencia de algunos mensajes difundidos por los acusados”, señaló la organización internacional y exigió la liberación inmediata de Bravo Pagola y Martínez Vera, a quienes el 31 de agosto una juez les dictó el auto de formal prisión y, de resultar responsables de los delitos imputados, podrían ser condenados de tres a 30 años de prisión.
La agrupación internacional refirió que desde el 25 de agosto los dos cibernautas veracruzanos se encuentran detenidos por los delitos de terrorismo y sabotaje por haber difundido mensajes, vía Twitter y Facebook, sobre posibles ataques del crimen organizado en el estado de Veracruz.
Según el Código Penal del estado, dijo, la prisión preventiva es una medida excepcional, factible sólo en caso de que exista información sobre la presunta responsabilidad de los inculpados en tales actos y, ante la ausencia de pruebas, “sobre la intención de perturbar la paz pública, menoscabar la autoridad del Estado o transformar gravemente la vida económica o cultural, los dos ‘twitteros’ no tienen nada que hacer en prisión”.
Este caso, para Reporteros sin Fronteras implica que “la censura va acompañada de un abuso de autoridad”, ya que, incluso, si la información difundida por estas dos personas pudiera parecer dudosa o exagerada, “procesar a los usuarios de las redes sociales por actos de terrorismo constituye un exceso procesal”.
Por otra parte, subrayó, el estado de la libertad de informar en Veracruz “es cada vez más alarmante”, ya que a los numerosos casos de intimidación y amenazas se suma el hecho de que desde el inicio del año han sido asesinados tres periodistas en el territorio: Yolanda Ordaz de la Cruz, Miguel Ángel López Velasco y Noel López Olguín.
El 25 de agosto pasado estas personas difundieron alertas sobre posibles ataques contra centros escolares y ese mismo día fueron arrestados, después de que la policía identificara sus cuentas. El día 27, refirió, “el Ministerio Público señaló en un comunicado oficial que los detenidos tenían la intención de provocar perturbaciones en la vida social, económica y educativa del estado, así como reacciones de angustia y temor entre los padres”.
Con la detención de estas personas, que sufrieron presión psicológica para obligarlos a declararse culpables, acotó, “se ilustra un poco más la fisura del Estado de Derecho a medida que se infla el balance humano de la ofensiva federal contra el narcotráfico, que ha dejado más de 45 mil muertes desde diciembre de 2006”.
En tanto, Amnistía Internacional (AI) determinó lanzar una “acción urgente”, donde convoca a las asociaciones humanitarias de todo el mundo, “para que hagan un llamado al gobierno del estado de Veracruz a reconsiderar el caso” de Bravo Pagola y Martínez Vera, acusados de cometer terrorismo y sabotaje mediante las redes sociales.
De acuerdo al mensaje emitido por Rupert Knox, representante de AI al titular del Despacho Ordóñez, Ordóñez y Téllez, Abogados Asociados, Fidel Ordóñez Solana, a través de esta campaña, “se esperan cientos de llamados emitidos desde todos los países del orbe que serán dirigidos al gobierno de Veracruz”.
Ordóñez explicó que AI ha recomendado que los mensajes sean dirigidos al gobernador Javier Duarte, mediante servicio postal, vía telefónica o mediante correo electrónico, sugiriendo emplear el tratamiento diplomático de “Estimado gobernador…”. También, recomienda dirigirse al procurador general de Justicia, Reynaldo Escobar Pérez.
Según el comunicado de Knox, refirió el abogado, al organismo no gubernamental con sede en Londres, Inglaterra, que en 1977 se hiciera acreedor al Premio Nobel de la Paz, dijo, “le preocupa que estos dos mexicanos estén en riesgo de ser condenados a 30 años de prisión por hacer publicaciones en Twitter Facebook”.
Ante las particularidades que han rodeado la detención de Bravo Pagola y Martínez Vera, Rupert Knox procedió a circular el exhorto a los diversos países para que las instituciones y personas interesadas en los derechos humanos escriban inmediatamente, antes del 12 de octubre, “expresando su preocupación por la detención de estas personas por cargos de terrorismo y sabotaje”, señaló Ordóñez.

01/09/2011

Pour un internet libre et gratuit



Un article intéressant du Monde sur le projet "Commotion" dont le but est de créer un réseau informatique d'accès libre, gratuit et anonyme. Le projet permettrait de réduire de manière drastique la fracture numérique, permettant de connecter quartiers pauvres, sans infrastructures ni budgets prohibitifs, au net. Les opérateurs, les gestionnaires de droits d'auteurs et généralement tous ceux qui tirent les bénéfices d'un Internet contrôlé, payant et se fichant éperdument du respect de la vie privée risquent de voir rouge. Pourtant le projet intéresse jusqu'au gouvernement US, puisque le projet est financé - entre autre - par le département d'Etat qui lui, voit l'utilité d'un tel réseau facile à mettre en place en zone de guerre ou lors de catastrophes... sans parler de pays soumis à la censure d'un régime autoritaire. Bien évidemment cet anonymat risque aussi de donner des allergies aux tenants du tout sécuritaire qui y verront évidemment un danger terroriste.
Avec l'utilisation croissante des logiciels libre, avec TOR ou Commotion, avec Wikipedia, Wikileaks mais aussi les IndyMedia, les Anonymous et bien d'autres projets, la communauté (du) libre si elle n'est pas en passe de gagner la guerre est en tous cas en train de mener l'une de ses plus belles batailles contre l'Internet marchand. Les multinationales de la musique, du ciné, des télécoms ont du soucis à se faire... souhaitons-leur une belle commotion cérébrale, en attendant que leur vieux monde ne s'écroule.



Commotion, le projet d'un Internet hors de tout contrôle




Un immeuble confortable et anonyme, au cœur de Washington, à quelques rues de la Maison Blanche. Dans une enfilade de bureaux au fond du 5e étage, une vingtaine de jeunes gens, surtout des garçons, travaillent discrètement, dans une ambiance à la fois studieuse et décontractée. Cette petite équipe, composée d'informaticiens, de juristes et de sociologues, est en train de réaliser l'utopie suprême des hackers et des militants libertaires du monde entier : un logiciel permettant la création de réseaux sans fil à haut débit 100 % autonomes, qui fonctionneront sur les fréquences Wi-Fi, sans s'appuyer sur aucune infrastructure existante – ni relais téléphonique, ni câble, ni satellite. Ils seront mouvants, horizontaux, entièrement décentralisés et échapperont à toute surveillance, car le trafic sera anonyme et crypté.


Ce projet ambitieux – nom de code Commotion– est dirigé par Sascha Meinrath, 37 ans, militant de longue date de l'Internet libre et précurseur des réseaux citoyens – au sein du collectif de journalistes en ligne Indymedia, puis à l'université d'Urbana-Champaign (Illinois), un des berceaux du logiciel libre, et dans diverses start-up et ONG d'action sociale : "J'ai bricolé mon premier réseau autonome il y a dix ans. Les antennes étaient faites avec des boîtes de conserves." Depuis ces temps héroïques, Sascha Meinrath a fait du chemin. Dans sa version actuelle, Commotion est un projet très officiel. Il est hébergé et financé par l'Open Technology Initiative (OTI), département high-tech de la New America Foundation, organisme prestigieux consacré à l'étude des grands problèmes de la société américaine, et présidé par Eric Schmidt, l'un des patrons de Google.


Grâce à cette tutelle, Sascha Meinrath dispose d'un budget annuel de 2,3 millions de dollars (1,6 million d'euros), auxquels est venue s'ajouter une subvention exceptionnelle de 2 millions, octroyée par le département d'Etat. En effet, les diplomates américains s'intéressent de près à la technologie des réseaux sans fil autonomes, légers et faciles à installer. Ils espèrent les déployer bientôt sur le terrain dans diverses situations d'urgence : dans des zones dévastées par une guerre ou une catastrophe naturelle ; dans les régions les plus déshéritées de la planète, où les populations sont privées de moyens de communication modernes ; et, enfin, comme "outil de contournement" dans des pays dictatoriaux, pour aider les dissidents politiques à communiquer entre eux et avec le reste du monde, en déjouant la surveillance policière et la censure. "Fin 2010, se souvient Sascha Meinrath, j'ai appris un peu par hasard que le département d'Etat avait décidé d'aider ce type de recherches. Nous avons déposé un dossier, en concurrence avec d'autres organisations, et nous avons été choisis. Les autres projets s'appuyaient en partie sur les infrastructures existantes, alors que Commotion les court-circuite entièrement."
"LE SEUL OUTIL À APPORTER SUR LE TERRAIN, C'EST UNE CLÉ USB"
La subvention fédérale n'a pas suffi à transformer l'équipe de Commotion en fonctionnaires. Josh King, 28 ans, le responsable technique, a gardé son look très rebelle – vêtu de noir de la tête aux pieds, avec chaîne, piercing et cheveux en bataille... Son bureau est encombré d'appareils de toutes sortes, sur lesquels il fait des tests approfondis, car Commotion doit pouvoir fonctionner avec un assemblage hétéroclite. Ses logiciels transforment un routeur Wi-Fi ordinaire, un simple PC ou un smartphone en relais intelligents, capables de connaître en temps réel la configuration du réseau, et de trier les données pour les envoyer vers leurs destinataires, ou vers un autre relais, plus proche du but. Par ailleurs, Commotion peut être facilement raccordé au reste du monde : il suffit qu'un seul des appareils soit connecté à Internet pour que tous les autres profitent de l'accès. "En fait,résume Josh King, le seul outil indispensable à apporter sur le terrain, c'est une clé USB contenant les logiciels, qui doivent être installés sur chacun des appareils appelés à faire partie du réseau." Depuis le printemps 2011, OTI propose des éléments de Commotion en téléchargement libre sur Internet. Une version de travail complète sera disponible en septembre, afin que des experts de tous les pays puissent l'étudier et faire des suggestions. Sascha Meinrath ne sait pas exactement qui télécharge quoi, car il ne garde aucune trace des internautes venant sur le site : "Si nous conservions une liste de nos visiteurs, nos serveurs pourraient être piratés par différents gouvernements – y compris le nôtre."
Récemment, OTI a reçu des messages de militants du "printemps arabe", vivant en Egypte, en Syrie, en Libye, à Bahreïn et au Yémen : "Ils veulent se procurerCommotion, mais nous essayons de les dissuader. C'est trop tôt, il n'est pas sécurisé, ce serait risqué de s'en servir contre un régime répressif. Cela dit, si ça se trouve, des groupes clandestins utilisent déjà des versions provisoires, sans nous le dire. Certains interlocuteurs sont peut-être des agents au service des dictatures, mais peu importe, nous montrons la même chose à tout le monde."
Sascha Meinrath se donne jusqu'à fin 2012 pour produire une version utilisable par le grand public. Pour aller plus vite, OTI s'approprie des systèmes mis au point par d'autres équipes. Pour la sécurisation, Commotion va intégrer les programmes du projet TOR (The Onion Router), inventé par une bande d'hackers allemands et américains pour circuler sur Internet en évitant d'être repéré. TOR a notamment été utilisé pour protéger les communications du site WikiLeaks –qui a divulgué en 2010 des masses de documents secrets appartenant au gouvernement des Etats-Unis. L'un des créateurs de TOR, l'Américain Jacob Appelbaum, fut un temps très proche de l'équipe de WikiLeaks. A deux reprises, en 2010, il a été arrêté par la police américaine, qui l'a interrogé sur ses activités au sein de WikiLeaks et a saisi ses téléphones et ses ordinateurs. Or, Jacob Appelbaum est aussi un ami personnel de Sascha Meinrath, qui fait appel à lui comme conseiller pour la mise au point de Commotion.
Pour expliquer cette situation paradoxale, Sascha Meinrath évoque la"schizophrénie" du gouvernement fédéral : "Parmi les responsables de Washington, il y a encore des gens formés pendant la guerre froide, qui rêvent de tout bloquer et de tout surveiller, mais il y a aussi des jeunes arrivés avec Obama, qui sont partisans de la transparence et de la liberté d'expression. En privé, de nombreux fonctionnaires du département d'Etat étaient en colère de voir leur hiérarchie critiquer WikiLeaks aussi violemment. Selon eux, l'affaire aurait pu être l'occasion de montrer au monde que les Etats-Unis savent défendre la liberté d'expression et la transparence, en toutes circonstances."
A présent, Jacob Appelbaum participe à un vaste projet baptisé Freedom Box – un ordinateur basique et bon marché transformé en serveur crypté et sécurisé pour le grand public. Sascha Meinrath envisage d'intégrer Freedom Box au réseau Commotion, notamment pour bénéficier d'une fonction dite de "connexion différée" :"Par exemple, lors d'une manifestation réprimée par la police, un manifestant prend une photo avec un smartphone connecté à Commotion. Internet a été coupé ce jour-là dans le quartier par les autorités, la photo ne peut pas sortir du pays, mais grâce à Commotion, elle est stockée à l'abri, sur une freedoom box locale. Puis, dès qu'Internet est rétabli, la box envoie automatiquement la photo dans le monde entier."
LES ENTREPRISES DE TÉLÉCOMS, ENNEMIS POTENTIELS
OTI songe à intégrer d'autres appareils expérimentaux, qui permettront aux utilisateurs de partager des masses de fichiers lourds, de faire transiter sur Commotion des appels téléphoniques passés avec des mobiles ordinaires, detransmettre des données dans toutes les gammes de fréquences, et même d'interconnecter plusieurs réseaux voisins : "En juillet, raconte Sascha Meinrath, une équipe d'hackers en camionnette a monté un réseau éphémère, couvrant une zone de 60 km sur 30, à cheval sur l'Autriche, la Croatie et la Slovénie. C'est la preuve qu'on peut fournir une connexion Internet à toute une zone frontalière, sansêtre physiquement présent dans le pays." Commotion n'est pas prêt pour un déploiement dans les zones à risque, mais il peut déjà être testé aux Etats-Unis – par exemple, dans les quartiers pauvres des grandes villes, dont les habitants ne peuvent pas se payer d'abonnement Internet classique. A Washington, à Detroit, et dans une réserve indienne californienne, l'OTI est entré en contact avec des associations de quartiers et des groupes militants qui avaient entrepris de créerdes réseaux sans fil sauvages, pour offrir aux habitants des accès Internet gratuits. Grâce à son expertise et à son carnet d'adresses, l'équipe d'OTI a fourni à ces amateurs une aide technique et financière décisive.
Cette fois, les ennemis potentiels sont les entreprises de télécoms, qui pourraientfaire pression sur les autorités, pour qu'elles tuent ces initiatives citoyennes à coups de lois et de restrictions bureaucratiques. Sascha Meinrath est conscient de la menace : "Notre technologie va bousculer pas mal de choses, y compris aux Etats-Unis. Si les gens se mettent à construire leurs propres réseaux, le business model des groupes de télécoms va s'effondrer. Il faut s'attendre à ce qu'ils contre-attaquent brutalement." Commotion devra aussi affronter l'hostilité des majors d'Hollywood, car il peut faciliter le piratage des œuvres sous copyright. Sascha Meinrath est à la fois fataliste et optimiste : "Que ce soit aux Etats-Unis, au Moyen-Orient ou ailleurs, qui va mettre en place ces réseaux alternatifs ? Pas des vieux, on le sait. Ce sont les ados qui vont s'en emparer. Ils s'en serviront pour contesterl'ordre établi et aussi pour partager leur musique et leurs films. Ce sera peut-être négatif pour les détenteurs de droits, mais le bilan global sera très positif."
Yves EudesUn article "d"info du net" revient lui aussi sur le projet Commotion. Ayant trouvé leur visuel plus parlant que celui du Monde je le leur ai emprunté ;)