"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

07/10/2020

Une montagne en haute mer


Traduction par le Serpent@Plumes du communiqué de l'EZLN, publié le 5 ocotbre sur le site de liaison zapatiste: ici

 


Sixième partie : UNE MONTAGNE EN HAUTE MER


COMMUNIQUÉ DU COMITÉ CLANDESTIN RÉVOLUTIONNAIRE INDIGÈNE – COMMANDEMENT GÉNÉRAL DE L’ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE.

 


 

MEXIQUE.

5 octobre 2020

Au Congrès National Indigène – Conseil Indigène de Gouvernement :

À la Sexta Nationale et Internationale :

Aux Réseaux de Résistance et Rébellion :

Aux personnes honnêtes qui résistent dans tous les coins de la planète :

Sœurs, frères, frœurs :

Compañeras, compañeros et compañeroas:

Les peuples originaires de racine maya et les zapatistes nous vous saluons et vous disons ce qui advient dans notre pensée commune, en accord avec ce que nous voyons, entendons et ressentons.

Premièrement.- Nous regardons et écoutons un monde malade dans sa vie sociale, fragmenté en millions de personnes éloignées les unes des autres, accrochées à leur survie individuelle, mais unies sous l’oppression d’un système prêt à tout pour étancher sa soif de profits, même lorsqu’il est clair que sa voie va à l’encontre de l’existence de la planète Terre.

L’aberration du système et sa stupide défense du « progrès » et de la « modernité » se fracasse sur une réalité criminelle : les féminicides. Le meurtre de femmes n’a ni couleur ni nationalité, il est mondial. S’il est absurde et insensé que l’on persécute, fasse disparaître, assassine quelqu’un pour la couleur de sa peau, sa race, sa culture, ses croyances ; on ne peut croire que le fait d’être une femme équivaille à une sentence de marginalisation et de mort.

Dans cette escalade prévisible (harcèlement, violence physique, mutilation et assassinat), avec l’aval d’une impunité structurelle (« elle l’a bien mérité », « elle avait des tatouages », « qu’est-ce qu’elle faisait à cet endroit à cette heure-là ? », « habillée comme ça, il fallait s’y attendre »), les meurtres de femmes n’ont aucune logique criminelle qui ne soit celle du système. Différentes strates sociales, différentes races, différents âges qui vont de la petite enfance jusqu’à la vieillesse et dans des géographies distantes les unes des autres, la seule constante est le genre. Et le système est incapable d’expliquer pourquoi tout ceci avance main dans la main avec son « développement » et son « progrès ». Dans la révoltante statistique des mortes, plus une société est « développée » plus est important le nombre de victimes dans cette authentique guerre de genre.

Et la « civilisation » semble nous dire, à nous peuples originaires : « la preuve de votre sous-développement réside dans votre faible taux de féminicides. Ayez vos méga-projets, vos trains, vos centrales thermoélectriques, vos mines, vos barrages, vos centres commerciaux, vos magasins d’électroménager – avec chaîne de télévision incluse -, et apprenez à consommer. Soyez comme nous. Pour solder la dette de cette aide progressiste, ni vos terres, ni vos eaux, ni vos cultures, ni vos dignités ne suffisent. Vous devez compléter cela avec la vie des femmes ».

Deuxièmement.- Nous regardons et écoutons la nature blessée à mort, et qui, dans son agonie, avertit l’humanité que le pire est encore à venir. Chaque catastrophe « naturelle » annonce la suivante et oublie, comme par hasard, que c’est l’action d’un système humain qui l’a provoquée.

La mort et la destruction ne sont maintenant plus des choses éloignées, arrêtées aux frontières, respectant les douanes et les conventions internationales. La destruction, dans n’importe quel recoin du monde, se répercute sur toute la planète.

Troisièmement.- Nous regardons et écoutons les puissants se replier et se cacher dans les dénommés États Nation et derrière leurs murs. Et, dans cet impossible saut en arrière, ils revivent les nationalismes fascistes, les chauvinismes ridicules et les discours assourdissants. En cela nous remarquons les guerres à venir, celles qui se nourrissent d’histoires fausses, creuses, mensongères et qui traduisent nationalités et races en suprématies qui s’imposent par la voie de la mort et de la destruction. Dans les différents pays on vit la querelle entre contremaître et ceux qui aspirent à leur succéder, qui cache que le patron, le maître, le petit chef, est le même et qu’il n’a pas d’autre nationalité que celle de l’argent. Et pendant ce temps, les organismes internationaux dépérissent et se convertissent en simples noms, telles des pièces de musée… ou même pas.

Au milieu de l’obscurité et de la confusion qui précèdent ces guerres, nous entendons et voyons l’attaque, le siège et la persécution de la moindre étincelle de créativité, d’intelligence et de rationalité. Face à la pensée critique, les puissants réclament, exigent et imposent leurs fanatismes. La mort qu’il plantent, cultivent et récoltent n’est pas seulement physique ; elle inclue aussi l’extinction de l’universalité-même de l’humanité – l’intelligence -, ses avancées et succès. Ressuscitent ou sont crées de nouveaux courants ésotériques, laïcs ou non, grimés à la mode intellectuelle ou pseudo-science ; et les arts et les sciences prétendent être soumises aux militantismes politiques.

Quatrièmement.- La pandémie de COVID19 n’a pas seulement révélé les vulnérabilités de l’être humain, mais aussi la voracité et la stupidité des différents gouvernements nationaux et leurs supposées oppositions. Les mesures du plus élémentaire bon sens ont été méprisées, pariant toujours que la pandémie serait de courte durée. Lorsque l’avancée de la maladie devint à chaque fois plus grande, les chiffres ont commencé à remplacer les tragédies. La mort devint ainsi un chiffre se perdant quotidiennement entre scandales et déclarations. Un comparatif morbide entre nationalismes ridicules. C’est la moyenne au bâton et de courses propres qui détermine quelle équipe, ou Nation, est la meilleure ou la pire.

Comme détaillé dans l’un des textes précédents, chez les zapatistes, nous avons opté pour la prévention et l’application de mesures sanitaires qui, en leur temps, furent soumises aux scientifiques qui nous ont orienté et offert, sans hésiter, leur aide. Nous, les peuples zapatistes, les remercions et ainsi le leur exprimons. Six mois après la mise en place de ces mesures (masque ou équivalent, distance entre les personnes, arrêt des contacts personnels directs avec les zones urbaines, quarantaine de 15 jours pour qui aurait pu être en contact avec des personnes contagieuses, lavage fréquent à l’eau et au savon), nous pleurons la mort de 3 compagnons présentant deux ou plus symptômes associé à la Covid19 et qui avaient été en contact direct avec des personnes contagieuses.

Huit autres compagnons et une compagnonne, qui sont morts à cette période, présentaient l’un des symptômes. Puisque nous manquons de preuves, nous assumons que la totalité des 12 compagon.ne.s sont mort.e.s à cause du dénommé Corona virus (les scientifiques nous ont recommandé d’assumer que n’importe quelle difficulté respiratoire soit la Covid19). Ces 12 absences sont de notre responsabilité. Ce n’est la faute ni de la 4T (quatrième transformation, projet de développement du président AMLO comprenant des méga-projets, ndt) ni de l’opposition, des néolibéraux ou des néoconservateurs, des pro et des anti, des conspirations ou des complots. Nous pensons que nous aurions du prendre encore plus de précautions.

Actuellement, avec sur les épaules l’absence de ces 12 compagnon.ne.s, nous améliorons dans toutes les communautés les mesures de prévention, dorénavant avec l’appui d’Organisations Non Gouvernementales et de scientifiques qui, à titre individuel ou en collectif, nous guident sur la manière d’affronter avec le plus de force une possible nouvelle vague. Des dizaines de milliers de masques (conçus spécialement pour éviter qu’un porteur possible ne contamine d’autres personnes, bon marché, réutilisables et adaptés aux circonstances) ont été distribués dans toutes les communautés. D’autres dizaines de milliers de plus sont en train d’être produits dans les ateliers de broderie et de couture d’insurgé.e.s et dans les villages. L’utilisation massive de masques, les quarantaines de deux semaines pour qui pourrait être infecté, la distanciation et le lavage continu des mains et des visages à l’eau et au savon, et éviter le plus possible d’aller dans les villes, sont des mesures recommandées même pour les frères et sœurs des partis, afin de contenir l’expansion de la contagion et permettre la continuité de la vie communautaire.

Le détail de ce que fut et ce qu’est notre stratégie pourra être consulté le moment venu. Pour l’instant nous disons, la vie battante dans notre corps, que, selon notre valorisation (en quoi nous pouvons probablement nous tromper), affronter la menace en tant que communauté, et non comme une question individuelle, et diriger notre effort principal sur la prévention, nous permet de dire, en tant que peuples zapatistes : nous sommes là, nous résistons, nous vivons, nous luttons.

Et maintenant, dans le monde entier, le grand capital compte que nous retournions dans les rues, pour que les personnes rendossent leur condition de consommateurs. Car ce sont les problèmes du Marché qui le préoccupent : la léthargie dans la consommation de marchandises.

Oui, il faut retourner dans les rues, mais pour lutter. Car, comme nous l’avons dit avant, la vie, la lutte pour la vie, ce n’est pas une affaire personnelle, mais collective. Maintenant on voit bien que ce n’est pas non plus une question de nationalités, c’est mondial.

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Nous voyons et entendons beaucoup de ces choses. Et nous y pensons beaucoup. Mais pas seul…

Cinquièmement.- Nous écoutons et regardons aussi les résistances et révoltes qui, parce que tues ou oubliées, cessent d’être les clefs, les pistes d’une humanité qui se refuse à suivre le système dans sa marche forcée vers l’effondrement : le train mortel du progrès qui avance, superbe et impeccable, vers le précipice. Pendant ce temps le machiniste oublie qu’il n’est qu’un employé de plus et croit, ingénu, qu’il décide du chemin, alors qu’il ne fait que suivre la prison des rails jusqu’à l’abîme.

Des résistances et des révoltes qui, sans oublier les larmes pour les absent.e.s, s’obstinent à lutter pour – qui le dira -, la chose la plus subversive qu’il y ait en ces mondes divisés entre néolibéraux et néoconservateurs : la vie.

Des révoltes et des résistances qui comprennent, chacune à leur manière, en leur temps et leur géographie, que les solutions ne résident pas dans la foi dans les gouvernements nationaux, qu’elles ne se conçoivent pas protégées par des frontières ni ne se parent de drapeaux et de langues différentes.

Des résistances et des révoltes qui nous enseignent à nous, tous, toutes et toustes, zapatistes, que les solutions pourraient être en bas, dans les caves et recoins du monde. Pas dans les palais gouvernementaux. Pas dans les bureaux des grandes entreprises.

Des révoltes et des résistances qui nous montrent que, si ceux d’en-haut coupent les ponts et ferment les frontières, nous pouvons toujours naviguer sur les fleuves et les mers pour nous rencontrer. Que le remède, si il y en a un, est mondial, et qu’il a la couleur de la terre, du travail qui vit et meurt dans les rues et les quartiers, les mers et les cieux, dans les montagnes et leurs entrailles. Que, tout comme le maïs originaire, nombreuses sont ses couleurs, ses teintes et ses sons.

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Tout cela, et bien plus encore, nous le regardons et l’écoutons. Et nous nous regardons et nous écoutons tel que nous sommes : un nombre qui ne compte pas. Parce que la vie n’a pas d’importance, n’est pas vendeuse, n’est pas une info, n’entre pas dans les statistiques, ne concourt pas dans les enquêtes, n’est pas valorisée sur les réseaux sociaux, ne provoque rien, ne représente pas un capital politique, un étendard partisan, elle ne fait pas le buzz. Qui en a quoi que ce soit à faire qu’un petit, qu’un minuscule groupe d’autochtones, d’indigènes, vive, c’est à dire, lutte ?

Parce qu’il se trouve que nous vivons. Malgré les paramilitaires, les pandémies, les méga-projets, les mensonges, les calomnies et l’oubli, nous vivons. C’est à dire que nous luttons.

Et en cela nous pensons : en quoi nous continuons à lutter. C’est à dire, que nous continuons à vivre. Et nous pensons que durant toutes ces années nous avons reçu l’étreinte fraternelle de personnes de notre pays et du monde. Et nous pensons que, si ici la vie résiste et, non sans difficultés, fleurit, c’est grâce à ces personnes qui défièrent les distances, la paperasse, les frontières et les différences culturelles et de langue. Grâce à elles, eux, elleux – mais surtout elles -, qui ont défié et défait les calendriers et les géographies.

Dans les montagnes du Sud-est mexicain, tous les mondes du monde ont trouvé, et trouvent, une écoute dans nos cœurs. Leur parole et action ont alimenté la résistance et la révolte, qui ne sont que la continuation de celles de nos prédécesseurs.

Les gens qui cheminent avec les sciences et les arts, ont trouvé le moyen de nous étreindre et nous encourager, même si ce fut à distance. Les journalistes, anti ou non, qui ont documenté la misère et la mort avant, la dignité et la vie toujours. Des personnes de toute profession et métier qui, beaucoup pour nous, peut-être peu pour elleux, étaient et sont là.

Et nous pensons à tout cela dans notre cœur collectif, et s’insinue dans notre pensée qu’il est temps que nous, zapatistes, répondions à l’écoute, la parole et la présence des ces mondes. Les proches et les lointains géographiquement.

Sixièmement.- Nous avons donc décidé ceci :

Qu’il est à nouveau temps que les cœurs dansent, et que ce ne soit ni sur la musique ni dans les pas de la complainte et de la résignation.

Qu’en diverses délégations zapatistes, hommes, femmes et autres de la couleur de notre terre, nous sortirons pour parcourir le monde, nous cheminerons ou naviguerons jusqu’à des terres, des mers et des ciels lointains, cherchant non pas la différence, ni la supériorité, ni l’humiliation, et moins encore le pardon et la peine. Nous irons chercher ce qui nous rend égaux.

Non seulement l’humanité qui anime nos peaux différentes, nos manières différentes, nos langues et couleurs diverses. Mais aussi, et surtout, le rêve commun que nous partageons, en tant qu’espèce, depuis que, dans cette Afrique qui semble si lointaine, nous avons commencé à marcher depuis les genoux la première femme : la recherche de la liberté qui anima ce premier pas… et qui continue à avancer.

Que la première destination de ce voyage planétaire sera le continent européen.

Que nous naviguerons jusqu’aux terres européennes. Que nous partirons et lèverons l’ancre, depuis les terres mexicaines, au mois d’avril de l’année 2021.

Que, après avoir parcouru divers recoins de l’Europe d’en-bas et à gauche, nous arriverons à Madrid, la capitale espagnole, le 13 août 2021 – 500 ans après la supposée conquête de ce qui est aujourd’hui le Mexique. Et que, immédiatement après, nous continuerons notre chemin.

Que nous parlerons au peuple espagnol. Non pour menacer, reprocher, insulter ou exiger. Non pour lui réclamer qu’il nous demande pardon. Ni pour les servir ni pour nous servir.

Nous irons dire au peuple d’Espagne deux choses simples :

Un : Qu’ils ne nous ont pas conquis. Que nous sommes toujours en résistance et en rébellion.

Deux : Qu’ils n’ont pas de raison de demander que nous leur pardonnions quoi que ce soit. On a assez joué avec le passé lointain pour justifier, avec démagogie et hypocrisie, les crimes actuels et en cours : l’assassinat de militants sociaux, comme notre frère Samir Flores Soberanes ; les génocides cachés derrière les méga-projets, conçus et réalisés pour le contentement du puissant – le même qui flagelle tous les recoins de la planète - ; le soutien monétaire et d’impunité pour les paramilitaires ; l’achat des consciences et dignités avec 30 piécettes.

Nous, hommes, femmes, autres, zapatistes NE voulons PAS revenir à ce passé, ni de nous-mêmes, et moins encore de la main de qui cherche à semer la rancœur raciale et prétend alimenter son nationalisme obsolète avec la supposée splendeur d’un empire, l’aztèque, qui grandit sur le sang de ses semblables, et qui voudrait nous convaincre que, avec la chute de cet empire, les peuples originaires de ces terres furent vaincus.

Ni l’État Espagnol, ni l’Église Catholique n’ont à nous demander pardon en rien. Nous ne nous ferons pas l’écho des charlatans qui s’érigent sur notre sang et cachent ainsi qu’ils en ont les mains souillées.

Pourquoi l’Espagne nous demanderait pardon ? Pour avoir donné naissance à Cervantes ? À José Espronceda ? À Léon Felipe ? À Federico Garcia Lorca ? À Manuel Vázquez Montalbán ? À Miguel Hernández ? À Pedro Salinas ? À Antonio Machado ? À Lope de Vega ? À Bécquer ? À Almudena Grandes ? À Panchito Varona, Ana Belén, Sabina, Serrat, Ibáñez, Llach, Amparanoia, Miguel Ríos, Paco de Lucía, Víctor Manuel, Aute toujours ? À Buñuel, Almodóvar et Agrado, Saura, Fernán Gómez, Fernando León, Bardem ? À Dalí, Miró, Goya, Picasso, el Greco et Velázquez? À une partie du meilleur de la pensée critique mondiale, avec le sceau du « A » libertaire ? À la république ? À l’exile ? Au frère maya Gonzalo Guerrero?

Pourquoi l’Église Catholique nous demanderait pardon ? Pour le passage de Bartolomé de las Casas ? De Don Samuel Ruiz García ? De Arturo Lona ? De Sergio Méndez Arceo ? De la sœur Chapis ? Du passage de sacerdotes, sœurs religieuses et laïques qui ont cheminé aux côtés des autochtones sans les diriger ni les évincer ? De qui risqua sa liberté et sa vie pour défendre les droits humains ?

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L’année 2021 marquera le 20e anniversaire de la Marche de la Couleur de la Terre, que nous avons organisé, ensemble avec les peuples frères du Congrès National Indigène, pour demander une place dans cette Nation qui aujourd’hui s’effondre.

20 ans après, nous naviguerons et cheminerons pour dire à la planète que, dans le monde que nous ressentons dans notre cœur collectif, il y a une place pour toutes, tous, toustes. Tout simplement parce que ce monde n’est possible que si toutes, tous, toustes, nous luttons pour l’ériger.

Les délégations zapatistes seront majoritairement formées de femmes. Pas seulement parce qu’ainsi elles souhaitent rendre l’étreinte qu’elles ont reçu lors des rencontres internationales précédentes. Mais aussi, et surtout, pour qu’il soit clair que nous, les mâles zapatistes, nous sommes ce que nous sommes, et que nous ne sommes pas ce que nous ne sommes pas, grâce à elles, pour elles et avec elles.

Nous invitons le CNI-CIG a formé une délégation pour qu’elle nous accompagne et que notre parole, ainsi, soit plus riche pour l’autre qui loin de nous lutte. Nous invitons tout spécialement une délégation des peuples qui portent haut le nom, l’image et le sang du frère Samir Flores Soberanes, pour que leur douleur, leur rage, leur lutte et résistance aille plus loin.

Nous invitons qui a pour vocation, volonté et horizon, les arts et les sciences à accompagner, à distance, nos traversées en bateaux et à pieds. Et qu’ainsi, ils et elles nous aident à défendre qu’en elles, sciences et arts, réside la possibilité non seulement de la survie de l’humanité, mais aussi d’un monde nouveau.

En résumé : nous partons pour l’Europe au mois d’avril de l’année 2021. La date et l’heure ? Nous ne savons pas… encore.

 

 

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Compañeras, compañeros, compañeroas:

Soeurs, frères et frœurs :

Ceci est notre volonté :

Face aux puissants trains, nos canoës.

Face aux centrales thermoélectriques, les petites lueurs dont les femmes zapatistes ont donné la garde aux femmes qui luttent dans le monde entier.

Face aux mus et aux frontières, notre navigation collective.

Face au grand capital, un champ en commun.

Face à la destruction de la planète, une montagne naviguant au petit matin.

Nous sommes zapatistes, porteurs et porteuses du virus de la résistance et de la révolte. Comme tels, nous irons sur les cinq continents.

C’est tout… pour l’instant.

 

Depuis les montagnes du Sud-est Mexicain.

Au nom des femmes, des hommes et des autres zapatistes.

Sous-commandant Insurgé Moisés.

Mexique, octobre 2020.

 

 

P.S.- Oui, il s'agit de la sixième partie et, tout comme le voyage, ça continuera en sens inverse. C’est à dire que suivra la cinquième partie, après, la quatrième, puis la troisième, ça se poursuivra avec la deuxième et finira avec la première.




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