"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

17/05/2011

Désir express






Noir Désir : dernière prise

Souvenirs avec leur batteur Denis Barthe de l’enregistrement d’Aucun express sur l’album Tels Alain Bashung.

“Le jour où Bashung est mort, nous étions en studio, au Manoir, à Léon(dans les Landes – ndlr). Nous répétions en acoustique, en essayant de nouvelles choses. Lorsqu’il a fallu se décider sur notre présence ou non à l’enterrement, Bertrand savait qu’il allait faire là sa première apparition en public depuis longtemps. Il a mis quelques heures pour se décider mais dire un dernier au revoir à Bashung était plus important. Le lien très fort avec l’artiste et avec l’homme a dépassé tout le reste. Quand on nous a proposé de participer à cet album-hommage, ça a été pareil : nous répétions déjà depuis de longs mois, de façon très soutenue, nous étions apaisés, dans une phase créative, mais peut-être pas encore prêts à enregistrer quoi que ce soit. Pourtant, nous avons accepté presque tout de suite. Nous avons même été les premiers à rendre notre copie. Bashung a cet effet sur nous : nous obliger à sortir de nos habitudes, de nos travers. C’était l’opportunité rêvée de passer à l’acte, d’oser à nouveau figer une chanson sur bande. Cela faisait dix ans que nous n’avions pas connu cet instant en tant que Noir Désir. Aucun express est une vieille obsession. A l’époque de Climax, quand nous avons revisité Volontaire avec Bashung et Bertrand au chant, à deux voix, Aucun express était déjà en balance avec aussi Imbécile. Il était resté à quai. C’était l’occasion ou jamais de le “noir-désiriser”. Le contexte dans lequel nous avons enregistré a aussi contribué à nous libérer un peu plus. La Frête n’est pas un studio comme les autres : c’est une immense maison entièrement dédiée à la musique où le propriétaire, Olivier Bloch-Lainé, a amoncelé une collection d’objets mythiques (comme la console de son du tout premier studio Barclay, la sono de Brel…). C’est un peu une maison d’hôtes à thème musical, où tu dors, tu manges, tu vis… Nous avons fait les prises de son dans la salle à manger, avec deux ou trois paravents comme seule isolation sonore. Nous avons tout capturé live, dans l’humeur et l’orchestration acoustique du moment. Sergio (Teyssot-Gay, guitare – ndlr) a très vite trouvé ses interventions. Le minimalisme du morceau donne pas mal de liberté pour s’y immiscer et le malaxer de l’intérieur. Le plus gros travail a été sans doute pour Bertrand. Il a fallu qu’il prenne ses marques au chant : la métrique de Bashung est unique et l’on n’en trouve pas le rythme instantanément. Je ne veux pas parler à sa place mais il a dû aussi mettre un peu de temps pour porter le texte. Dès le premier jour, nous savions que nous étions sur la bonne voie. Nous n’avions jamais travaillé aussi vite. Deux prises plus tard, la chanson était gravée.”
Propos recueilli par Marc Besse

Interview trouvée sur le site des Inrocks, qui suit l'article "Bashung - Noir Désir: l'entretien", dont voici l'intro:

C’était le 9 mai 2000. Au début du siècle. Bashung sortait Climax, compilation riche d’une série de duos avec Rachid Taha, Rodolphe Burger, M, Marc Ribot ou Noir Désir. Il lançait aussi son site personnel et, pour créer l’événement, avait invité Noir Désir au grand complet à un entretien croisé, en direct et en streaming. La retransmission, à l’image d’un web balbutiant, n’avait été vue que par une poignée de personnes. En voici une retranscription, ainsi qu'un entretien avec Denis Barthe autour de l'album hommage Tels Alain Bashung.
Entretien par Thierry Danet, adapté par Marc Besse

Retrouvez également le dossier Noir Désir, avec toutes les archives des Inrocks sur le groupe.

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