"La plume est la langue de la pensée"
Miguel de Cervantes Saavedra

03/10/2011

Paramilitaires: de la Colombie au Mexique



Un article sur les groupes paramilitaires au Mexique, lu sur le site de Proceso... et une vidéo sur le phénomène qui toucha la Colombie dans les deux dernières décennies du XXe siècle.
Le Mexique s'enfonce dans un véritable trou noir dont bientôt plus aucune lumière ne pourra plus s'échapper. Pourtant les contextes sont différents entre la situation actuelle du Mexique et la Colombie d'il y a 10 ans. En Colombie, les groupes paramilitaires se plaçaient sur un terrain politique, répondant à la guérilla des FARC. Au Mexique, le terrain est celui de la drogue et les groupes qui s'affrontent ne le font pas au nom d'une quelconque idéologie mais pour le contrôle du marché de la drogue. Pourtant, des similitudes existent: des groupes armés utilisés au profit d'intérêts privés, une guerre civile où la terreur fait office de loi, une guerre où les civiles paient un lourd tribut et où la trame sociale d'un peuple se délite face à la violence.
Le documentaire présente le processus qui a suivi le désarmement des groupes paramilitaires colombiens et le désarroi dans lequel il a plongé les victimes confrontés à une impunité de fait.



Voici une traduction de l'article de Proceso:

Les paramilitaires, une réalité


1ER OCTOBRE 2011

L'incapacité de l'appareil sécuritaire de l’État continue à donner ses fruits : dans le pays, maintenant, non seulement dominent les narcos et la délinquance organisée en général, mais aussi des groupes armés de type paramilitaire.
L'apparition du groupe qui se fait lui-même appeler les « Matazetas » (les tueurs de zetas, ndt), qui se sont attribué le massacre de 35 personnes à Boca del Rio, dans l'état du Veracruz, le 20 septembre, a ravivé dans le pays la crainte des paramilitaires, à tel point que le gouvernement de Felipe Calderon s'est empressé de nier l'existence dans le pays de ce type de groupes. Interrogé par Proceso, l'expert Edgardo Buscaglia souligne que des organisations telles que les Zetas, les Pelones, le Comando Negro et la Policia del Calendario opèrent dans le pays depuis plus d'une décennie.
La vacance du pouvoir dont jouit le Mexique, le simulacre électoral, le financement des campagnes politiques par le narcotrafic et l'accélération de la perte de contrôle de l’État sur des parties du territoire représentent « le bouillon de culture le plus efficace pour la prolifération de groupes paramilitaires dans le pays », explique Edgardo Buscaglia, conseiller des Nations Unies, directeur du Centre de Développement Économique et de Droit International de l'université de Virginia et professeur de droit international à l'Institut Technologique Autonome de Mexico (ITAM).
En se basant sur l'expérience d'autres pays, il remarque que pendant que le président Felipe Calderon continue à combattre le crime organisé « de manière biaisée », sans s'en prendre « au nerf financier de la mafia », des pouvoirs comme les paramilitaires et les groupes armés des cartels de la drogue continueront à arracher « des bouts de l’État » jusqu'à ce que le Mexique sombre dans l'abîme, comme cela s'est produit en Afghanistan, au Kosovo et, dans les années 80-90, en Colombie.
L'émergence du groupe paramilitaire auto-baptisé les Matazetas, apparu sur la scène nationale après le massacre de 35 membres supposés des Zetas dans le port de Veracruz, ne surprend pas Buscaglia qui affirme que malgré les dénégations du gouvernement fédéral quant à la présence de groupes paramilitaires au Mexique, ce phénomène existe depuis longtemps déjà.
Selon l'expert, opèrent au Mexique 167 groupes paramilitaires financés par des entrepreneurs afin de protéger « la vie et la propriété », que l’État mexicain ne peut plus garantir, et dans d'autres cas – assure-t-il – ils sont payés par les gouverneurs eux-mêmes, qui face à l'impossibilité de garantir la sécurité aux gens, paient ces groupes armés afin de nettoyer les territoires et sauver le marché de la drogue aujourd'hui menacé selon le Cartel de Sinaloa, cette organisation criminelle que le même gouvernement fédéral prétend consolider sur le territoire mexicain...
(Extrait du reportage publié cette semaine, dans le numéro 1822 de la revue Proceso, en vente en ce moment)





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